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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire et sciences sociales en révolution : un paradigme tunisien ?

  • Jocelyne Dakhlia, directrice d'études de l'EHESS ( CRH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 13 h à 15 h (salle 3, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2018 au 28 mai 2019

La Révolution tunisienne a fait voler en éclats le présupposé tenace de sociétés islamiques vouées au pouvoir autoritaire et sans aspiration démocratique. Ce faisant, elle fut une révolution sans modèle et sans leadership, suscitant par là un espoir universel. Elle ouvrait aussi la voie à toutes les projections analytiques,  et à toutes les récupérations ou confiscations possibles. Qu’est-il advenu de cet universalisme révolutionnaire ? Faut-il en faire le deuil ? L’effet d’exemplarité et d’« entraînement » du soulèvement tunisien, tant dans les autres pays arabes que, de manière bien plus limitée, en d’autres parties du monde, demeure, à bien des égards, mal élucidé.

Ce séminaire tentera d’éclairer ce phénomène d’une « Tunisie au monde » mais aussi la pertinence d’un « paradigme tunisien », sur divers plans et dans une approche résolument transdisciplinaire (histoire, sociologie, sciences politiques, économie, anthropologie…).

On y conduira une réflexion sur l’articulation problématique et difficile des sciences sociales à une dynamique de type révolutionnaire, ou référée au trouble révolutionnaire. Le séminaire présentera et discutera des enquêtes en cours, enquêtes de fond et de terrain, sur la société et la situation tunisiennes. On y interrogera donc la pertinence d’une « exception » tunisienne, si fortement mise en exergue dans nombre d’analyses (premier pays arabe à abolir l’esclavage, première Constitution du monde arabe, premier pays islamique en matière de droits des femmes…)… Par la comparaison, par la déspécification méthodologique on tentera aussi de comprendre ce que la Tunisie, par son histoire et son présent, dit aujourd’hui au monde.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie historique

Intitulés généraux :

  • Jocelyne Dakhlia- Modèles politiques dans l’Islam méditerranéen, frontières culturelles
  • Renseignements :

    contacter l'enseignante par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    les mardis et mercredis après-midis, les vendredis après-midi (sur rendez-vous). Il est possible de valider un semestre d'enseignement ou deux semestres.

    Réception :

    sur rendez-vous après lecture d'un projet de recherche et d'une bibliographie. Contacter Nadja Vuckovic par courriel, ou tél. : 01 49 54 25 74.

    Niveau requis :

    tous niveaux. Il est nécessaire de rédiger un projet écrit pour envisager une inscription mais non pour assister au séminaire.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : dakhlia(at)ehess.fr, Vuckovic(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Pour cette dernière année du séminaire spécifiquement centré sur la Tunisie, un ensemble de séances ont été consacrées à des ouvrages récents postulant l’exception tunisienne dans le monde arabe (celui de Safwan Masri) ou déconstruisant au contraire une telle exception (ouvrages de Michel Camau, Pierre-Robert Baduel, ouvrage coordonné par A. Allal et V. Geisser…). La normalisation politique tunisienne sous le signe de la transition organise par ailleurs le débat public autour des signes tangibles de la démocratie et elle oriente les attentes internationales sous le signe de ce progrès. Une telle structuration du débat a pour effet de masquer et d’invisibiliser des mouvements sociaux et revendications sociales toujours très actives mais de moins en moins prises en compte dans les débats publics et parlementaires.

    Le séminaire de l’année s’est spécialement consacré à une réflexion sur ces effets d’assourdissement mais aussi sur les mécanismes sélectifs de promotion et publicisation des thématiques du débat politique. Nombre de questions au cœur des recherches sociales entreprises depuis 2011 s’avèrent aujourd’hui marginalisées dans l’arène politique (migration, écologie, politiques de santé publique…), si bien que la science sociale florissante de l’après Révolution, qui commence à produire un ensemble d’enquêtes inédites sur plusieurs années, se trouve en fort décalage avec les attentes des acteurs publics et des bailleurs de fonds internationaux. Un grand nombre des séances du séminaire a donné lieu à une réflexion et discussion collective sur ces phénomènes de dissociation, et sur la place et la responsabilité des chercheur·e·s dans ce processus de priorisation de la transition démocratique.

    Publications

    • « Harems and Cathedrals : The Question of Gender and Sexuality in the Work of Marshall Hodgson », dans Marshall Hodgson : Islam and Global History, sous la dir. d’E. Burke et R. Mankin, University of Chicago Press, p. 117-144.
    • « L’eunuque, intègre homme d’État. L’historiographie fonctionnelle face à la précarité sociale et politique », dans Savants, amants, poètes et fous, sous la coordination de C. Pinon, Presse de l’Ifpo, 2019, p 293-316.
    • Al-Islâm wa’l Gharb. Min idilujiyyat al-sadâm ilâ jadaliyyat al-nizâ `, Fondation Ibn Saud, Casablanca, Maroc, 2019.
    • « Circulations féminines et appartenances croisées en Méditerranée », dans Vingt-cinq ans après : les femmes au rendez-vous de l’histoire, sous la dir. d’E. Asquer et al., École française de Rome, 2019, p 157-171.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 26 juillet 2018.

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