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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie comparative de la comparaison anthropologique

  • Philippe Descola, directeur d'études de l'EHESS, professeur du Collège de France ( LAS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 10 h à 12 h (Collège de France, amphithéâtre Guillaume Budé, 11 place Marcelin-Berthelot 75005 Paris), du 7 février 2019 au 28 mars 2019

Depuis sa préhistoire, chez Montaigne et Lafitau par exemple, l’anthropologie est un exercice comparatif.Le séminaire abordera ce thème dans ses deux moments : implicite, lorsque l’ethnographe expérimente en lui-même et sur lui-même les réponses que la population qu’il étudie apporte à des questions que sa propre culture aborde d’une façon différente ; explicitement, avec cet exercice toujours renouvelé de mettre de l’ordre dans la diversité des institutions et des valeurs observables à la surface de la terre.

Aires culturelles : Afrique, Amériques, Asie, Océanie,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Philippe Descola- Écologie symbolique
  • Renseignements :

    au premier semestre le séminaire prendra la forme de journées d'études thématiques dont les dates seront annoncées ultérieurement.

    Direction de travaux d'étudiants :

    contacter Claire Maigret, Laboratoire d'anthropologie sociale, tél. : 01 44 27 17 32 ou par courriel: claire.maigret(at)college-de-france.fr

    Réception :

    uniquement sur rendez-vous et avec un projet écrit envoyé au préalable, à partir du 25 septembre 2017.

    Site web : http://las.ehess.fr/

    Adresse(s) électronique(s) de contact : claire.maigret(at)college-de-france.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a été consacré aux diverses façons dont la notion d’individu pouvait s’exprimer dans des contextes culturels très variés, et étrangers pour la plupart aux caractéristiques de l’individualisme bourgeois tel qu’il s’est développé en Europe au cours des derniers siècles. L’intérêt pour cette question s’est imposé il y a longtemps déjà, au terme de la première enquête ethnographique de longue durée menée par le directeur d’études chez les Jivaros Achuar de la haute Amazonie. Nourri comme tous les ethnologues de sa génération de la lecture de Louis Dumont, en particulier de l’idée qu’il existerait une opposition fondamentale entre, d’une part, le holisme des sociétés traditionnelles dans lesquelles chaque humain « se dissout dans l’ensemble et doit contribuer à sa place à l’ordre global » et, d’autre part, la société moderne où domine l’individualisme et dans laquelle « chaque homme particulier incarne […] l’humanité tout entière », il découvrit avec étonnement, dans la société tout à fait égalitaire formée par les Achuar, des particuliers qui cherchaient par tous les moyens à se distinguer les uns et des autres et qui, en à peu près aucune circonstance, ne se voyaient comme une totalité collective.

    On a donc commencé par proposer une définition de l’individualisme achuar, notamment à travers l’analyse d’un personnage qui, dans cette société, est le seul à s’élever un peu au-dessus du commun : le « grand-homme », une expression qui traduit le terme d’adresse juunt (« le grand », « l’ancien ») et qui s’emploie à l’endroit d’hommes au charisme reconnu parce qu’ils sont de bons orateurs et des guerriers habiles et valeureux. L’analyse s’est poursuivie par une esquisse de diverses formes d’individuation selon les régimes de mondiation où elles s’inscrivent, ce qui a conduit à revenir sur les conséquences de la théorie des modes d’identification quant aux rapports entre altérité et identité. On a pris soin dans chaque cas de ne pas restreindre la notion d’individu à la personne humaine et d’envisager ses manifestations par tous les agents réels et virtuels susceptibles d’être vus dans un contexte culturel donné comme possédant une puissance d’agir autonome – animal, esprit, divinité, fœtus, artefact ou ancêtre.

    Dans un deuxième temps, le séminaire a accueilli des personnalités qui développèrent à loisir telle ou telle expression historique du processus d’individuation : Cédric Yvinec (chargé de recherche au CNRS) : Être « célèbre » dans une population de quelques centaines d’individus : le cas des Suruí du Rondônia (Amazonie brésilienne) ; Julien Bonhomme (maître de conférences à l’ENS Paris) : L’individu et le collectif. Parcours africaniste ; Frédérique Ildefonse (directrice de recherche au CNRS) : Remarques sur l’individu en Grèce ancienne ; Emmanuel Lozerand (professeur à l’INALCO) : Individus et individualisme chez Natsume Sôseki ; Anne Christine Taylor (directrice de recherche au CNRS) : « Sauvagement individualistes » – la fabrication de la singularité dans le monde jivaro ; Heonik Kwon (directeur de recherche, Trinity College, Cambridge) : Individualité dans l’au-delà ; Pierre Guénancia (professeur à l’université de Bourgogne) : L’individu : séparation ou inclusion (Spinoza, Leibniz) ; Emmanuel Grimaud (chargé de recherche au CNRS) : Cybernétiques de la transmigration. Réincarnationnisme versus transhumanisme.

    Publications

    • Avec Florencia Tola, ¿Qué es la Naturaleza ?, collection Diálogos Transatlánticos, Buenos Aires, Teseo Press, 2018, 51 p.
    • Una antropología alterada por la alteridad. Entrevistas a Philippe Descola. Editadas por Florencia Tola, Buenos Aires, Palabra Reversa, collection Ethnographica, 2018, 110 p.
    • Les Natures en question, Paris, Odile Jacob et Collège de France, 2018, 333 p.
    • Une écologie des relations, Paris, CNRS Éditions/De Vive Voix, collection Les Grandes Voix de la Recherche, 2019, 57 p.
    • La Nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, nouvelle édition revue et augmentée d’une préface, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2019, 501 p.
    • « (Toujours) trop humain. Un commentaire sur Comment pensent les forêts ? d’Eduardo Kohn », Cahiers philosophiques, 153, 2° trimestre 2018, p. 93-100.
    • « Présentation », dans Les natures en question, op. cit., p. 7-18.
    • « De la Nature universelle aux natures singulières : quelles leçons pour l’analyse des cultures ? », dans Les natures en question, op. cit., p. 121-136.
    • « Maîtres de la pluie et chefs sans pouvoir », dans Françoise Héritier, sous la dir. de Salvatore D’Onofrio et Emmanuel Terray, Paris, L’Herne, 2018, p. 162-165.
    • « Maneras de ver, maneras de figurar », dans Híbridos. El cuerpo como imaginario, México, Instituto Nacional de Bellas Artes, 2018, pp. 99-108.
    • « Les biens communs. Entretien avec P. Michon », dans Les biens communs. Un modèle alternatif pour habiter nos territoires au XXIe siècle, sous la dir. de Perrine Michon, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2019, p. 239-262.
    • « Les nomades de l’imaginaire », préface à Charles Stépanoff, Voyager dans l’invisible. Techniques chamaniques de l’imagination, Paris, La Découverte, Les Empêcheurs de penser en rond, 2020, p. 5-11.
    • « La politique de la beauté », préface à Jean-Baptiste Eczet, Amour vache. Esthétique sociale en pays mursi (Éthiopie), Paris, Éditions Mimésis, Ethnologiques, 2020, p. 4-10.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 9 juillet 2018.

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