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Vendredi de 11 h à 13 h (salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur-Le-Prince 75006 Paris), du 26 octobre 2018 au 24 mai 2019
Notre connaissance de la civilisation byzantine est fondée en général, d'une part, sur les Realien issus des fouilles archéologiques, de l’autre sur les textes documentaires, épigraphiques et littéraires. Les livres manuscrits ne sont normalement considérés que comme les vecteurs inertes de ces derniers, suivant une tendance à la containerization du livre, tenu pour un simple « vessel for content » (A. Phillips 2014). En revanche, les manuscrits sont des objets polysémiques, situés à cheval entre l’histoire de la pensée et celle des techniques artisanales : véritable « lieu de savoir » (Jacob 2014) stratifié , chaque exemplaire emprunt - pour reprendre un concept d’Igor Kopytoff (1986) – d’une « biographie sociale », qu’une étude minutieuse peut reconstruire dans ses détails. C'est dans cette perspective que nous aborderons les manuscrits grecs au prisme de deux phénomènes qui ont caractérisé l'histoire byzantine sur la longue durée : celui des migrations et celui des missions. Concernant les premières, nous prendrons en considération les livres liés à la plus vaste migration méditerranéenne du haut Moyen Âge, qui fut provoquée par les invasions persanes et arabes du Proche Orient byzantin au VIIe s. et comporta le déplacement d’un nombre important de grécophones vers l’Afriques nord-occidentale et l’Italie centro-méridionale. Constatant que dans l'étude de ce phénomène les manuscrits n’ont reçu qu’une attention limitée (Perria et alii 2003), nous avons constitué, au cours des deux dernières années, un corpus d’environ deux cent soixante codices grecs (copiés en partie au Moyen-Orient et passés en Occident au cours de cette migration, en partie en Italie du Sud, sur la base de modèles proche-orientaux importés par les migrants). En conjuguant les approches qualitative (notamment stratigraphique : Ronconi 2003) et quantitative (Bozzolo – Ornato 1980, Maniaci 2011), nous pourrons ainsi nous concentrer sur la mobilité de quelques textes patristiques, philosophiques, médicaux et grammaticaux entre Proche Orient et Italie, en mettant en valeur à chaque fois – grâce à l’analyse des vecteurs manuscrits et de leurs caractéristiques matérielles – les réceptions différentes et les fonctions diverses réservées aux mêmes textes dans les sending et les receiving societies. En dressant un tableau des mouvements de textes, écritures et savoir-faire artisanaux liés à la production des supports, nous reconstruirons les réseaux de contacts et certaines voies empruntées par les migrants médiévaux. Un autre sujet, qui nous interroge également sur le plan de la spatialité médiévale, est celui du rôle joué par les livres dans le cadre des missions religieuses. Nous nous concentrerons sur ce qu’on appelle Soterios, un florilège patristique assemblé au IXe s. et traduit en vieux-slave déjà à l’époque de Siméon de Bulgarie (893-927). Nous en étudierons deux témoins parmi les plus anciens, qui sont conservés à la BnF : nous en préciserons les milieux de production, reconstruisant leurs modèles et, en alliant histoire des textes, paléographie et codicologie, nous parviendrons à identifier le cercle où ce florilège fut conçu, dans le but spécifique d’être employé comme outil missionnaire pour convertir les Slaves. La manuscriptologie étant une discipline inductive et expérimentale, nous fonderons toujours notre réflexion sur l'étude directe des exemplaires manuscrits, alternant des visites-séminaires dans les bibliothèques parisiennes à des séances où nous étudierons des reproductions numériques en haute définition.
Mots-clés : Antiquité (sciences de l’), Archives, Codicologie, Culture matérielle, Ecclésiologie, Écriture, Histoire, Histoire culturelle, Histoire du livre, Histoire intellectuelle, Méthodes quantitatives, Migration(s), Moyen Âge/Histoire médiévale, Paléographie, Philologie, Textes,
Aires culturelles : Byzantines (études), Europe centrale et orientale, Europe sud-orientale, Méditerranéens (mondes), Transméditerranée,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe - Monde méditerranéen
Intitulés généraux :
Renseignements :
la connaissance du grec et du latin est souhaitée, mais n’est pas un pré-requis pour participer.
Direction de travaux d'étudiants :
pour plus de renseignements, contacter l'enseignant par courriel.
Réception :
sur rendez-vous par courriel.
Niveau requis :
ouvert à tous les niveaux.
Site web : http://cesor.ehess.fr/2015/01/29/filippo-ronconi/
Site web : https://ehess.academia.edu/FilippoRonconi
Adresse(s) électronique(s) de contact : ronconi(at)ehess.fr, filippo.ronconi(at)gmail.com
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 24 juillet 2018.