Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
Jeudi de 15 h à 17 h (Bibliothèque-laboratoire de la FMSH, forum de la bibliothèque, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2018 au 13 juin 2019. Cf. calendrier des séances ci-dessous
Le propos du séminaire est de combiner théories et pratiques de la traduction. Ses espaces de référence sont les champs nationaux et internationaux de l’édition en sciences humaines et sociales. La question principale qu’on se propose d’examiner est celle de la place actuelle accordée à la traduction dans la production et la diffusion des savoirs. En partant de l’idée que la traduction est elle-même productrice de savoirs, et qu’elle requiert en conséquence un statut épistémologique particulier, nous questionnons son influence sur l’émergence de nouvelles connaissances et sur la révision des connaissances existantes.
Avec la fin des grands projets éditoriaux multilingues des années 1980-1990, la prééminence de l’anglais comme langue de circulation, la redéfinition des dispositifs d’aide à la traduction, le développement de l’édition numérique, du travail collaboratif ou de l’open access, la question de la place de la traduction dans l’édition de sciences humaines et sociales se pose avec beaucoup d’acuité. Interroger le statut de la traduction permet de contextualiser l’histoire de notre rapport à l’autre, la formation des espaces symboliques et de procéder à des comparaisons entre aires géographiques et culturelles.
Initiative conjointe de trois centres de recherches (le CERCEC, le CETOBaC et le Centre Georg Simmel) et des Éditions de l'EHESS, « Penser en plusieurs langues » est le lieu d’une réflexion collective où confronter des expériences et des réflexions provenant de positions différentes : celles de chercheurs en sciences sociales, de professionnels de l’édition, de traducteurs ou encore de documentalistes.
Les travaux proposés aux étudiants au titre de la validation du séminaire (traduction d’un article inédit, mise en contexte et argumentation d’une proposition d’ouvrage à traduire) pourront faire l’objet d’une publication en ligne.
8 novembre 2018 : Séance d’introduction : La traduction comme pratique plurielle et pensée trans-disciplinaire
22 novembre 2018 : Traduire et introduire les sciences sociales d’ailleurs dans une revue française avec la revue Tracés autour du numéro hors série « Traduire et introduire les sciences sociales d’Asie orientale » (2017 : https://journals.openedition.org/traces/7080)
6 décembre 2018 : Traduire et introduire Bourdieu en Russie
10 janvier 2019 : Écrire en plusieurs langues
14 février 2019 : Promouvoir une production éditoriale à l’étranger : le métier de chargé-e de droits
28 mars 2019 : Médiateurs et introducteurs (1)
11 avril 2019 : Médiateurs et introducteurs (2)
9 mai 2019 : Traduction et circulation des idées dans le monde arabe
13 juin 2019 : Séance de clôture
N.B. : Deux séances spéciales se tiendront également dans le cadre du cycle « Éditer les sciences sociales aujourd'hui »
Jeudi 31 janvier 2019 (de 17 h à 20 h, amphithéâtre François Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris) à la Nuit des Idées : « La valeur de la traduction »
Jeudi 14 mars 2019 (de 15 h à 18 h, forum de la bibliothèque de la FMSH, 54 bd Raspail 75006 Paris) à l'occasion du Salon du livre de Paris : « Éditer en plusieurs langues : peut-on parler de "bibliodiversité" ? »
Table ronde 1 : Publishing Practices
Table ronde 2 : Outils et pratiques numériques et collaboratives à l’échelle globale
Mots-clés : Analyse de discours, Circulations, Communication, Culture, Épistémologie, Histoire des idées, Histoire des sciences et des techniques, Histoire du livre, Histoire intellectuelle, Historiographie, Langues, Méthodes et techniques des sciences sociales, Philologie, Relations internationales, Sémantique, Textes,
Aires culturelles : Allemandes (études), Amériques, Arabe (monde), Asie, Britanniques (études), Chine, Europe, Europe centrale et orientale, Europe sud-orientale, France, Insulindien (monde), Japon, Russie, Turc (domaine),
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Renseignements :
seront organisées en cours d'année deux demi-journées d’études, dans le cadre du cycle « Éditer les sciences sociales aujourd’hui » des Éditions de l’EHESS.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
pour vous inscrire, veuillez nous contacter par courriel.
Niveau requis :
tous niveaux.
Site web : http://penserenlangues.com/
Adresse(s) électronique(s) de contact : franziska.humphreys(at)ehess.fr, anne.madelain(at)ehess.fr, marc.aymes(at)ehess.fr
Tenu en partenariat avec les Éditions de la MSH à la bibliothèque laboratoire de la FMSH, le séminaire s’est attaché à mettre en évidence, dans la continuité des problématiques explorées de 2016 à 2018, comment la traduction – à la fois notion théorique, dilemme éditorial, activité professionnelle, défi technologique – intervient dans la production et la diffusion des savoirs.
Comme les années précédentes, ont participé au séminaire des professionnel·le·s de la traduction comme des chercheur·e·s en sciences humaines et sociales. De nouveau donc, et de façon concrète, le séminaire a marqué l’imbrication entre la traduction comme pratique professionnelle et comme lieu de la recherche scientifique.
Trois questions ont orienté la réflexion :
Plusieurs séances ont ainsi été consacrées à penser les relations entre les conditions matérielles du travail de traduction et des collaborations qu’il implique, d’une part, et les conditions conceptuelles de l’acceptation de certains procédés intellectuels, d’autre part. Le séminaire a servi à rapprocher différentes figures de la médiation linguistique : les chargés de cession de droits (Rebecca Byers), les interprètes et traducteurs dans l’histoire de la Méditerranée (Jocelyne Dakhlia) ou du monde arabe (Mohamed-Sghir Janjar)… Certaines interventions furent des récits à la première personne, relatant l’expérience du passage et de l’asymétrie entre un espace éditorial du savoir et un autre. Langue sociologiquement dominante, l’anglais impose un impératif de conformité à des normes d’écriture, a souligné Thomas Grillot. Il oriente aussi les rapports de force inhérents aux négociations sur la cession des droits, a ajouté Rebecca Byers. Cette question du conditionnement des choix de traduction par les habitus disciplinaires ou professionnels était au cœur de la réflexion d’Aleksandr Bibkov sur la traduction de Pierre Bourdieu en Russie au cours des années 1990-2000. Aussi, l’effacement actuel du plurilinguisme comme stratégie d’insertion dans un champ professionnel (Morgane Labbé) peut nourrir de nouvelles interrogations sur la valeur prêtée, aujourd’hui et demain, à la traduction. Ce fut l’objet d’une session de la « Nuit des idées » tenue le 31 janvier 2019, en collaboration avec l’Institut français, à l’EHESS.
2018-2019 étant la dernière année de tenue du séminaire, nous avons travaillé à cartographier nos points d’ancrage et d’achoppement, liés les uns aux autres par des lignes disjointes et éventuellement divergentes, mais aussi convergentes. À leur jonction, la question de la valeur rejoint celle du travail du traducteur : quant à la détermination d’une juste rémunération (question classique de l’économie), d’une part ; quant à la mesure de son efficacité ou, osera-t-on, de sa productivité, d’autre part – à l’ère où le rêve d’une traduction automatique, poursuivi depuis plus d’un demi-siècle déjà, semble susceptible de se concrétiser. En définitive, trois lignes saillantes nous sont apparues structurantes pour le séminaire :
Au titre d’une possible épistémologie de la traduction qui reste à élaborer, nous sommes convenus de ne plus considérer la traduction comme simple passage d’un texte d’une langue à l’autre, mais comme sa première interprétation. S’approcher d’un texte par le biais de sa traduction offre un accès privilégié à la compréhension historique de son style, de ses procédures et de ses concepts. En créant de nouveaux horizons conceptuels et en élargissant ceux qui existent déjà, la traduction comme pensée décloisonne les espaces de savoirs et ouvre à une véritable transdisciplinarité.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 17 décembre 2018.