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2e et 4e vendredis du mois de 11 h à 13 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2018 au 14 juin 2019. Pas de séance le 14 décembre
Les travaux sur les sciences puisent aujourd'hui dans une vaste boite à outils qui s'est formée tout au long du XXe siècle. Le séminaire cette année sera recentré sur la sociologie des connaissances. On examinera d'abord comment ce domaine a été défini et discuté au fil de ce siècle en étant particulièrement attentif à la circulation entre les langues et les disciplines des objets et des notions. Puis on examinera les ressources que nous procurent les travaux du philosophe Gaston Bachelard, des sociologues Marcel Mauss et Maurice Halbwachs et de l'historien intellectuel Jean-Claude Perrot. Trois programmes d'enquêtes habituellement portés par des spécialités tenues pour distinctes, l'épistémologie, l'histoire et la sociologie, clivages qu'on gagnera à dépasser. Les séances se partageront entre des exposés du directeur d'études et des présentations de travaux d'étudiants, ou anciens étudiants.
Mots-clés : Anthropologie, Cognition, Épistémologie, Histoire des idées, Histoire des sciences et des techniques, Histoire intellectuelle, Sociologie,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Sociologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
adresse postale : Éric Brian, Centre Maurice-Halbwachs, 48 bd Jourdan 75014 Paris ou par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
adresse postale : Éric Brian, Centre Maurice-Halbwachs, 48 bd Jourdan 75014 Paris ou par courriel.
Réception :
voir les coordonnées ci-jointes.
Niveau requis :
étudiants de niveau master ou doctorat, ou pour les nouveaux étudiants envoyer un projet de recherche écrit.
Site web : http://eric-brian-infos.blogspot.com
Adresse(s) électronique(s) de contact : eric.brian(at)ens.fr
Comme son titre l’indique, le séminaire, a eu cette année une forte composante méthodologique. Au passage les étudiants ont été invités à assister à des exposés donnés dans le cadre de journées d’études co organisées par le titulaire. Après une introduction qui a constitué à offrir le commentaire d’une bibliographie procurée en ligne, trois voies ont été suivies. La première a été transmise par certaines composantes de la tradition épistémologique française : il s’agit du programme qualifié par Gaston Bachelard lui-même en 1936 de « surrationnaliste ». La direction d’études fut depuis le milieu des années 1990 l’un des lieux où ce programme a été réactivé sur la place de Paris. Plusieurs ouvrages en sont sortis depuis en langues française et allemande. Ils ont été commentés cette année. Pour notre part nous avons souligné les analogies entre l’ambition bachelardienne et quelques indications contemporaines laissées par Edmund Husserl. De ce point de vue, ces séances prolongeaient l’exposé que nous avions donné l’an dernier lors de la journée d’études « Einstein au Collège de France », exposé actuellement diffusé en ligne sur le site de cet établissement. Une deuxième voie a consisté, en vue de la préparation d’un volume collectif sur l’histoire intellectuelle telle que notre prédécesseur, Jean-Claude Perrot l’a conçue (un numéro à paraître de la Revue de synthèse), à analyser ses propositions quant à l’histoire matérielle de l’abstraction, afin de servir à l’histoire des sciences (1998). La troisième des voies explorées a été un réexamen de la théorie de la mémoire collective du sociologue Maurice Halbwachs. Une fois ces trois préliminaires acquis, force a été d’établir deux constats. D’abord, le fait que ces trois bagages ont été portés par des traditions disciplinaires récentes (si ce n’est des corporatismes disciplinaires exclusifs) : via l’enseignement philosophique, par l’entretien d’une transmission historienne, et par un oubli suivi d’une reconstitution au sein de la sphère sociologique. Ce fait a nui à la fécondité du rapprochement de ces trois œuvres. De tels rapprochements ont été justifiés cas par cas. C’est à ce rapprochement que le reste des séances méthodologiques a été consacré. La démarche proposée trouve son fondement dans le fait d’ordre théorique que dans chacune de ces trois œuvres, c’est la question de la transmission des connaissances qui est en jeu : le rapport des connaissances à leur histoire y est en effet décisif et chaque fois analysée de manière différente.
Tout au long de l’année deux chantiers ont été entretenus. L’un d’entre eux se situe, il en a été question plus haut, sous l’égide du Collège de France, et en particulier sous celle de la Chaire du professeur Antoine Compagnon : c’est le programme « Passage des disciplines ». En janvier, le directeur d’études a été invité à prendre la parole lors du colloque sur « Les rapports de présentation au Collège de France : témoins du renouvellement de ses chaires » qui fut l’occasion de donner à connaître « L’art d’inventer en mathématiques au XXe siècle selon Szolem Mandelbrojt » (vers 1946). Ce mathématicien s’est alors révélé étonnamment surrationaliste au sens bachelardien du mot. En juin, ce fut un exposé au colloque « Durkheim au Collège de France », titré « Les infortunes du réalisme durkheimien au XXe siècle ».
Le second chantier relève de l’association du directeur d’études aux travaux de l’unité 11 « histoire et populations » de l’Institut d’études démographiques. Il s’agit des travaux sur l’enquête sur les mouvements de population enregistrés par l’administration de la fin de l’Ancien Régime pour trente-trois mille trente « villes, bourgs ou villages », c’est-à-dire autant de préfigurations des communes instituées au début de la Révolution française. Deux rebonds récents caractérisent ces travaux menés par le directeur d’études depuis les années 1990. C’est en premier lieu le regain d’intérêt historiographique pour la conjoncture démographique des années 1780, maintenant que l’impact agricole d’une catastrophe géologique (l’explosion en Islande du volcan Laki, en juin 1783) est pris en considération, souvent de manière démesurée, par quelques historiens. Les travaux de l’Académie des sciences de la fin de l’Ancien Régime, contre toute attente, offrent ici un matériel statistique très complet pour apporter des analyses d’impacts rationnellement élaborées. Cette recherche, soutenue dans l’UR11 de l’INED, a fait l’objet de deux exposés, l’un à l’Institut de physique du Globe de Paris (afin d’identifier des interlocuteurs dans ce domaine), l’autre au Congrès de la Société Hispanique d’Histoire de la Statistique et du Calcul des Probabilités tenu cette année à Besançon (il s’agissait cette fois de montrer comment conjuguer l’histoire des sciences et la statistique contemporaine pour aborder cette possible analyse d’impact).
Toujours dans le cadre du séminaire deux doctorants ont présenté leur recherche qui en est à la troisième année de thèse : Xavier Fourt, sur la définition des communs dans le cas d’une ferme expérimentale actuelle et Martin Strauss (en cotutelle avec l’Université de Vienne), sur le contexte néo-kantien des innovations sociologiques en langues française et allemande (en Autriche et en Allemagne) au tournant du XXe siècle. Cette recherche, que j’ai évoquée lors de mes exposés au Collège de France a été remarquée par les participants aux journées d’études.
Le directeur d’études, on l’a dit, est associé aux travaux d’une unité d’histoire de l’Institut de recherches démographiques et à ceux d’un programme du Collège de France ; il est de plus le directeur et le rédacteur-en-chef de la Revue de Synthèse, revue référencée par toutes les instances compétentes importantes. Elle publie quatre numéros par an en deux fascicules ou bien en un tome annuel. À l’automne 2019, les interventions qui viennent d’être indiquées sont en cours de rédaction pour de prochaines publications. Les exposés donnés au Collège de France ont été enregistrés et sont diffusés en ligne par cet établissement. On peut aussi y accéder par le truchement du blog d’information scientifique du directeur d’études que l’on atteint aisément au moyen des moteurs de recherche les plus connus en saisissant le nom du directeur d’études.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 30 juillet 2018.