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Mercredi de 17 h à 19 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 13 mars 2019 au 19 juin 2019. La séance du 27 mars se déroulera dans l'amphithéâtre François-Furet (105 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 22 mai est annulée
Phénomènes anciens dans les vieilles démocraties occidentales et en Amérique latine, phénomènes réapparus en aval de l’instauration de régimes démocratiques en Amérique latine et au lendemain de l’effondrement de l’empire soviétique, les néo-populismes représentent aujourd’hui des formes récurrentes du politique. L'expression désigne des phénomènes relativement divers mais présents et durablement enracinés tant dans les Amériques comme en Europe, en Asie. L'emploi du terme néo-populiste suggère une ressemblance de ces formes politiques avec les populismes latino américains des années 1930-1950. Les uns comme les autres se caractérisent par des traits semblables : rôle central d'un leader charismatique, nationalisme exacerbé et appel à l'unité du peuple, mise en avant de l'idée d'une nécessaire solidarité par delà les antagonismes sociaux et mépris pour les formes symboliques au cœur de l’expérience démocratique : pluralisme, reconnaissance de la légitimité des conflits, séparation et limitation des pouvoirs.
On se propose de s’interroger sur les liens ambigus qu’entretiennent ces phénomènes politiques avec les formes démocratiques. Nul doute qu’ils aient concouru à une accélération des dynamiques d’égalisation des conditions dans des sociétés marquées par des héritages hiérarchiques pesant sur les dynamiques socio-politiques. Nul doute pourtant que dans leur appel à l’unité du peuple, comme dans la place centrale faite au leadeur, ils aient freiné ou contrecarré la dynamique de séparations des pouvoirs comme la reconnaissance du pluralisme social et politique ou encore ethnique et religieux dans pays autrefois en proie à des régimes autoritaires ou totalitaires. Ils ont enfin contribué au surgissement de bureaucraties parasitaires prétendant incarner une figure nouvelle du peuple. Les douze séances de ce séminaire seront consacrées à une analyse comparative de ces phénomènes à partir d’études de cas nationaux ou régionaux, comme à une discussion des thèses des auteurs se revendiquant des populismes.
Mots-clés : Anthropologie historique, Classes sociales, Comparatisme, Démocratie, Développement, Droit, normes et société, Histoire, Institutions, Intellectuels, Islam, Mémoire, Migration(s), Mobilisation(s), Monde, Mouvements sociaux, Nationalisme, Philosophie politique, Politique, Relations internationales, Révolutions, Sociologie, Sociologie politique, Violence,
Aires culturelles : Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Amériques, Asie, Europe,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Sociologie
Intitulés généraux :
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous après envoi d'un projet de 5 à 10 pages.
Réception :
sur rendez-vous après envoi d'un projet de 5 à 10 pages.
Adresse(s) électronique(s) de contact : Gilles.Bataillon(at)ehess.fr
Phénomènes anciens dans les vieilles démocraties occidentales et en Amérique latine, phénomènes réapparus en aval de l’instauration de régimes démocratiques en Amérique latine et au lendemain de l’effondrement de l’empire soviétique, les néo-populismes représentent aujourd’hui des formes récurrentes du politique. L’expression désigne des phénomènes relativement divers mais présents et durablement enracinés tant dans les Amériques comme en Europe, en Asie. L’emploi du terme néo-populiste suggère une ressemblance de ces formes politiques avec les populismes latino américains des années 1930-1950. Les uns comme les autres se caractérisent par des traits semblables : rôle central d’un leader charismatique, nationalisme exacerbé et appel à l’unité du peuple, mise en avant de l’idée d’une nécessaire solidarité par-delà les antagonismes sociaux et mépris pour les formes symboliques au cœur de l’expérience démocratique : pluralisme, reconnaissance de la légitimité des conflits, séparation et limitation des pouvoirs.
Ce séminaire avait l’objectif de s’interroger sur les liens ambigus qu’entretiennent ces phénomènes politiques avec les formes démocratiques. Les douze séances de ce séminaire ont été consacrées à une analyse comparative de ces phénomènes à partir d’études de cas nationaux ou régionaux, comme à une discussion des thèses des auteurs se revendiquant des populismes.
Lors de la première séance Gilles Bataillon a introduit le sujet du séminaire en distinguant les formes passées et présentes des populismes. L’objectif était de situer le concept, montrer ses caractéristiques ainsi que son ancrage historique dans des contextes politiques et géographiques différents. La deuxième séance a été consacrée à la mise au jour du populisme à travers l’ouvrage de Jan Werner Müller Qu’est-ce que le populisme ? Définir enfin la menace et celui de Yascha Mounk Le peuple contre la démocratie. Lors de cette séance, Nilüfer Göle a présenté d’une part, les enjeux du populisme sur les démocraties libérales et, d’autre part, l’importance de la notion du « peuple » dans les régimes populistes. Il a été discuté, entre autres, du rapport des citoyens à la démocratie libérale afin d’interroger en quoi la montée du populisme s’accompagne, ou pas, de l’effondrement de l’intérêt collectif pour la politique.
Suite à ces deux séances introductrices, la réflexion a été menée à partir d’études de cas. Jean Louis Fabiani est intervenu sur le populisme et le post-socialisme dans le cas hongrois afin d’illustrer comment le changement de registre en termes institutionnels mais aussi culturels, notamment l’ambition d’établir des nouvelles élites culturelles, a été un des enjeux du populisme hongrois. La mobilisation de la notion de l’« empire » par Vladimir Putin et son rôle dans les politiques populistes ont été discutés par Jutta Scherrer. L’articulation entre les démocraties illibérales et les formes du populisme a été introduite par Roman Krakovsky qui a pris l’exemple des régimes politiques en Europe centrale, notamment en Pologne. D’autre part, les interventions de Bernard Manin et de Philippe Urfalino ont permis d’aborder les discussions théoriques telles que « la démocratie du public et populisme » ainsi que la question du « populisme de gauche dans les travaux de Chantal Mouffe ». À travers ces présentations ainsi que les discussions collectives, nous avons pu identifier les points de convergences dans les formes diverses et variées du populisme : leader charismatique, nationalisme, référence à l’unité du peuple, polarisation de la société, remise en cause profonde des institutions démocratiques. Cette montée en généralité a été également accompagnée d’une attention accrue aux dynamiques socio-politiques nationales propres à chaque contexte où on observe l’émergence du phénomène populisme. Il s’agissait de redéfinir et de restituer ce phénomène dans chaque cas d’étude.
Le rapport des populismes aux formes démocratiques a également constitué un axe de réflexion auquel plusieurs interventions ont été consacrées. En quoi les politiques (néo) populistes freinent la reconnaissance du pluralisme social, politique, ethnique ou religieux ? Comment le vote moment clé de l’expérience démocratique devient un mode de légitimation du régime populiste dans certains pays, alors que ceux-ci visent par la suite à limiter la liberté de choix des électeurs ?
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 mai 2019.