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2e et 4e jeudis du mois de 17 h à 19 h (Campus Jourdan, 48 bd Jourdan 75014 Paris), du 22 novembre 2018 au 13 juin 2019
Nous aborderons les modèles de pouvoir dans le cadre de la famille, les conditions de co-résidence des individus apparentés ou non au sein des unités domestiques, la formation des couples, légitimes ou non, leur dissolution, la transmission transgénérationnelle du patrimoine, la condition des veuves, des personnes âgées et des célibataires, l’avenir des enfants et leur mobilité géographique et sociale suivant la position dans la fratrie, le genre et le marché du travail.
Seront examinées les différentes juridictions et les pratiques morales et coutumières concernant l’autorité du chef de famille (homme ou femme) sur les membres de ménage, cherchant à définir quels sont les devoirs et obligations des parents. Dans une optique largement comparative, nous chercherons à mettre en évidence les interactions entre, d’une part, le changement social et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction démographique aussi bien que socio-économique et les choix de vie. On s’attachera enfin aux rôles respectifs joués historiquement par les réseaux de parenté, la communauté, les rituels coutumiers, la religion et l’État sur la famille.
Mots-clés : Alimentation, Anthropologie et linguistique, Anthropologie historique, Anthropologie sociale, Biologie et société, Coloniales (études), Comparatisme, Corps, Culture, Démographie, Développement, Diaspora, Droit, normes et société, Économie, Empire, Enfance, État et politiques publiques, Ethnicité, Famille, Féminisme, Génétique, Genre, Géographie, Globalisation, Handicap, Histoire, Histoire culturelle, Histoire économique et sociale, Historiographie, Humanités numériques, Image, Informatique et sciences sociales, Institutions, Interactions, Littérature, Littérature orale, Marché, Mémoire, Méthodes quantitatives, Migration(s), Mouvements sociaux, Objets, Parenté, Patrimoine, Politiques publiques, Politiques sociales, Post-coloniales (études), Professions, Protection sociale, Relations internationales, Révolutions, Rituel, Rurales (études), Santé, Savoirs, Sexualité, Socio-économie, Sociohistoire, Sociologie, Spatialisation, territoires, Temps/temporalité, Transnational, Travail, Urbaines (études), Valeur, Ville,
Aires culturelles : Afrique, Amérique du Nord, Amérique du Sud, Amériques, Asie, Asie centrale, Corée, Europe, Europe centrale et orientale, France, Ibérique (monde), Inde, Japon, Méditerranéens (mondes), Russie, Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
Antoinette Fauve-Chamoux, Centre de recherches historiques, EHESS, 54, bd Raspail, 75006 Paris.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux.
Réception :
sur rendez-vous avec Antoinette Fauve-Chamoux
Niveau requis :
séminaire ouvert, tous niveaux.
Site web : http://esopp.ehess.fr/index.php?478
Site web : http://erhimor.ehess.fr/index.php?791
Adresse(s) électronique(s) de contact : antoinette.fauve-chamoux(at)ehess.fr
Nous mettons en évidence les interactions entre, d’une part, le changement socioéconomique, politique et juridique et, d’autre part, les stratégies individuelles et collectives concernant les comportements de reproduction et les choix de vie ultérieure. Il est tenu compte du poids de l’État et des institutions locales, civiles, religieuses et corporatives face d’un côté à la force des coutumes et de l’autre à la puissance des changements de mentalité caractérisant les générations nouvelles. Une attention particulière est accordée au rôle des femmes au sein de la famille et leur action en matière de stratégies familiales, dans une optique largement comparative.
Sarah Pech-Pelletier (Université Paris 13) a réuni un corpus de textes sur la pensée médicale en Espagne au Siècle d’Or, ouvrages médicaux rédigés pour la plupart en castillan pouvant se rattacher soit à un courant materno-infantile, soit à un courant pédiatrique. Ils sont le fait de médecins réputés et s’adressent à un public large. S’y expriment des conceptions médicales nourries de tradition antique, concernant conception, grossesse, allaitement et traitement des maladies infantiles. Pour les Pays-Bas, Evelien Walhout (Université de Leyde) avec Frans van Poppel, cherche à identifier les rapports entre religion et mortalité. Elle s’appuie sur divers rapports, études et articles parus dans des revues médicales, des hebdomadaires et mémoires, entre 1775 et les années 1960, et met en lumière la naissance d’un mouvement d’hygiénisme social. Elle étudie par ailleurs les pratiques d’adoption forcées qui touchèrent, au niveau national néerlandais, la période 1956-1984.
Paola Lanaro (Université Ca’ Foscari), en tant que spécialiste de la question du travail, a montré que les chefs d’entreprise de sexe féminin n’étaient pas rares à l’époque préindustrielle et que Venise avait offert aux femmes de la région, une autonomie dont elles ne disposeraient plus par la suite. Ce sont les activités liées au textile qui attiraient généralement le plus les femmes en Europe. Comme Maria Grazia Dalai (Université de Vérone) nous a présenté des femmes typographes à Lyon au XVIe siècle, Lanaro a expliqué qu’en Vénétie, avant la Contre-Réforme, il y avait des religieuses « converses » qui, étant pauvres mais cultivées, se consacraient à l’imprimerie pour subvenir aux besoins de leur communauté et vendaient leurs livres en ville. Béatrice Craig (Université d’Ottawa) fait le point des défis de la recherche sur l’histoire des femmes en affaires. À travers une étude des Annuaires de commerce pour Paris, de 1800 à 1859, elle dresse une image originale de la présence féminine dans les professions indépendantes. La plupart des femmes répertoriées sont mariées. Pour Fatiha Loualich (Université d’Alger), les visions stéréotypées héritées du XIXe siècle tendent à minorer les possibilités offertes aux femmes algériennes de transmettre leurs biens. Les archives des cadis et des notaires du XVIe au XVIIIe siècle, concernant les villes d’Algérie, montrent que les femmes pouvaient avoir un rôle actif notamment par les legs. Pour le Canada français, Benoît Grenier (Université de Sherbrooke) a présenté, sous la forme d’un film documentaire de 30 minutes, les premiers résultats de son étude sur la mémoire des familles seigneuriales au Québec et sa démarche d’histoire orale. Il y avait encore des manoirs seigneuriaux au tournant du XXe siècle et des « rentes seigneuriales » furent payées par les censitaires correspondant aussi tard qu’en 1940, pour racheter le capital de la rente abolie en 1854. Les femmes pouvaient avoir des procurations et se montrer très responsables, comme les « seigneuresses », mais n’étaient cependant pas indépendantes des hommes de leur famille (pères, maris, frères, fils). Ofelia Rey Castelao (Université de Saint-Jacques de Compostelle) s’attache aux parcours de vie individuelle des femmes du peuple de Galice, du Pays basque et des Asturies, ayant migré aux XVIIe et XVIIIe siècles. Leurs maris sont souvent partis aux Amériques, sans donner de nouvelles. Les sources sont principalement judiciaires ; on trouve aussi des correspondances avec leur famille. La plupart travaillent comme domestiques en milieu urbain. Les femmes pauvres bénéficient de l’aide de l’Église. Maria Marta Lobo de Araújo (Université du Minho à Braga) rappelle que l’émigration du Portugal vers le Brésil s’intensifie fortement au début du XVIIe siècle et à nouveau au XVIIIe siècle à cause de la découverte de filons d’or. Elle a exploité les sources très riches des fondations pieuses (les « Miséricordes ») fondées au Brésil par les notables locaux soucieux de leur salut : legs aux pauvres des deux côtés de l’Atlantique, dotations de filles, donations et fondations de messes pour tous les membres de leur famille vivants ou morts. Ruben Castro Redondo (Université de Saint-Jacques de Compostelle) considère le nombre important de naissances hors mariage aux XVIIe et XVIIIe siècles, à La Corogne, ville portuaire et de garnison en Galice. Les enfants abandonnés y sont très nombreux et sans institution pour les accueillir avant 1789, autre que l’hôpital éloigné de Saint-Jacques de Compostelle. Mais les enfants abandonnés ne sont pas tous illégitimes, la pauvreté est aussi un facteur d’abandon. Le projet « Cultures Urbaines en Espagne moderne » (CULTURBAN) est également présenté à cette occasion. Francisco Cebreiro-Ares insiste sur le rôle des femmes espagnoles dans la diffusion du crédit à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle (1770-1805). Elles participent pleinement aux relations monétaires, même dans le marché institutionnel où elles peuvent représenter jusqu’à 15 pour cent des transactions. En fin de période, leur présence est renforcée, surtout dans le marché informel.
Pour l’Europe du Nord, Beatrice Moring (Université de Cambridge) montre que les villes des pays nordiques connaissent vers 1900 une pénurie de logements. Les loyers sont élevés et les jeunes travailleurs et célibataires ont tendance à loger chez l’habitant, volontiers chez des veuves. Les dirigeants de la ville sont anxieux des conséquences sanitaires et morales engendrées par la promiscuité et l’insalubrité des quartiers où s’entassent les ouvrières et ouvriers ayant quitté leur campagne, en quête d’un avenir meilleur. Myron Gutmann (Université du Colorado) combine différentes approches statistiques (y compris le système d’information géographique GIS, pour mesurer le processus de gentrification dans la ville de Boulder. Sa méthode permet de comprendre les processus de modifications de l’occupation urbaine par les différents groupes sociaux. Entre 1940 et 2016, on voit les quartiers populaires s’y transformer progressivement en quartiers plus cossus.
Selon Beryl Nicholson (Newcastle-upon-Tyne), la presse britannique se fait l’écho, après la défaite de Sedan, des souffrances des populations civiles dans les régions européennes dévastées par la guerre de 1870. Une association de Quakers décide de leur venir en aide au Nord-Est de la France, dans la région de Metz. Helena da Silva (Université NOVA de Lisbonne) présente l’œuvre accomplie par la Croix Rouge pendant la Guerre de 1914. Les infirmières bénéficièrent d’une aura positive mais leur formation accélérée et leur recrutement élitiste firent parfois objet de critiques. L’institution était alors déjà bien implantée à travers l’Europe en guerre. Marius Eppel (Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca) explique que la naissance en 1918 de la Roumanie moderne − une communauté européenne partageant une même langue et une même religion mais acceptant l’existence de minorités − ne saurait se réduire à une simple clause du Traité de Versailles (28 juin 1919). Le processus de construction nationale s’étend sur plusieurs siècles et s’accélère au milieu du XIXe siècle. Peter Teibenbacher (Université Karl-Franzens de Graz) se demande comment évaluer le déficit démographique lié au contexte d’hécatombe de la première guerre mondiale : baisse de la nuptialité, réduction du nombre de naissances, hausse de la mortalité infantile, sachant que la transition démographique était déjà à l’œuvre avant-guerre et se traduisait par une réduction du taux de fécondité. Il note que le niveau des naissances illégitimes a tendance à croître après-guerre pour des pays comme la France alors qu’il recule en Suède ou en Autriche, là où il était traditionnellement plus élevé.
Graźyna Liczbinska (Université Adam Mickiewicz de Poznań) avec Magdalena Kosińska et Tomasz Hadada, adopte une approche interdisciplinaire (anthropologie, démographie historique et statistique), considérant un échantillon représentatif de mères urbaines polonaises accouchant pour la première fois entre 2000 et 2016. Des améliorations dans les installations médicales et le niveau socio-économique de la mère ont heureusement affaibli le rôle de l’âge de la mère dans l’apparition de problèmes périnataux. Ces chercheurs polonais s’attachent également à étudier l’impact des facteurs environnementaux, en particulier l’effet des canicules, sur le sexe ratio à la naissance. Radoslaw Poniat avec Cezary Kuklo et Piotr Guzowski (Université de Bialystock) étudient les formes de servitude et de travail non libres qui subsistent dans la Pologne du XIXe siècle. Ils cherchent quel a été l’impact des réformes d’émancipation sur la famille, à savoir sur sa taille et sa structure. Les données historiques sont recueillies pour deux années, 1848 et 1882, à savoir avant et après les nouvelles lois relatives au travail libre : le nombre de domestiques tant hommes que femmes a reculé de façon notable, car les jeunes préfèrent maintenant travailler au sein de leur propre famille. Alexandre Avdeev, Irina Troitskaia et Galina Ulianova (IDUP, Université Paris 1-Panthéon Sorbonne, INED et Université Lomonosov de Moscou) reconstruisent la démographie, la mobilité sociale et spatiale, et les stratégies familiales des marchands de Moscou au XIXe siècle, à partir des sources nominatives et des histoires de vie.
Paolo Cornaglia (Polytechnique de Turin) présente, sous ses angles socio-économiques, familiaux, politiques et culturels, la vie de Benoît-Maurice, duc de Chablais (1741-1808), prince de la maison de Savoie, fils d’Elisabeth de Lorraine, sœur de l’empereur François Étienne de Lorraine. Le duc épousera sa jeune nièce, la princesse Maria Anna de Savoie, sixième enfant de Victor-Amédée, dont il n’aura pas d’enfant. Sont abordées les richesses originales de ses propriétés et l’organisation domestique de sa vie quotidienne, selon ses diverses résidences au cours des saisons. Maria-Antonia Lopès (Université de Coimbra), sous un jour nouveau, trace le portrait de Maria Pia de Savoie (1847-1911), fille du roi Victor-Emmanuel II, reine du Portugal, faisant ressortir son indéniable rôle politique que l’étude des archives turinoises permet de restituer, Son action était jusque-là occultée par une image de jolie femme frivole. Lucia Carle (Université de Florence) expose la banque de données de la Fondation Nuto Revelli, les objectifs et l’action mémorielle de cette organisation italienne qui pérennise l’œuvre ethnographique de l’écrivain Benvenuto Revelli (1919-2004), sur le Piémont. Alexandra Esteves (Université Catholique Portugaise de Braga) analyse, de son côté, la biographie et l’œuvre littéraire de Maria Adelaïde Coelho de Cunha qui, s’affranchissant des conventions de la très haute bourgeoisie de Lisbonne, a entretenu une liaison qui suscita le scandale. Son mari la fit passer pour folle. Le régime républicain institué en 1910 au Portugal n’améliora en rien la condition des femmes d’un certain rang social. Considérées à la fois socialement et médicalement comme plus fragiles que les hommes, elles ne pouvaient pas exercer d’activités professionnelles et restaient cantonnées dans la sphère domestique. Marie-Pierre Arrizabalaga (Université de Cergy-Pontoise), à travers l’étude fine des individus et la reconstitution des familles, analyse le processus d’américanisation de Français originaires de Béarn, Pays basque et Dauphiné, de 1880 à 1940, en Californie. Ils entreprennent les démarches administratives généralement une vingtaine d’années après leur arrivée, le temps d’apprendre l’anglais, d’acquérir un métier, un statut social reconnu et une certaine aisance. La Loi américaine de 1922 offre enfin aux femmes la possibilité de faire, en leur nom propre, une demande de naturalisation.
Concernant les pays asiatiques, Mary Louise Nagata (Université Francis Marion) démontre que la situation de parent isolé n’est pas exceptionnelle dans les ménages japonais du XIXe siècle dans la ville de Kyoto. Le parent isolé est celui qui vit avec un enfant et n’a pas de conjoint. Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à être dans cette situation, le taux de remariage étant beaucoup plus élevé pour les hommes. Les jeunes ménages préfèrent leur indépendance mais dans le cas de co-résidence avec un parent isolé, il s’agit le plus souvent de la mère. À la campagne la situation est fort différente au même moment. Hiroshi Kawaguchi (Université Tezukayama de Nara) montre que le marché matrimonial, dans la société rurale japonaise du XIXe siècle, est contraint par des conditions géographiques et sociales, seules les classes supérieures pouvant accéder à un choix élargi. Mais bientôt l’intensification des échanges avec le reste du Japon induit la circulation des hommes et des marchandises, avec la diversification de la consommation, ce qui favorise les mariages entre conjoints éloignés. À cet égard les commerçants jouent un rôle essentiel de marieurs, et c’est par leur entremise que se négocient les unions. Enfin, Claude Olry (EHESS) analyse finement le système sociétal des Coréens implantés en Chine du Nord-Est depuis plusieurs générations. La progression de leur flux migratoire est liée à l’hydrographie, car la pratique de la riziculture inondée, essentielle à l’alimentation de ces villageois les conduit à suivre les cours d’eau. D’abord plus ou moins tolérés par les autorités chinoises, ces paysans sont acceptés par la suite et peuvent s’installer sur des terres qu’ils ont défrichées. Leur intégration à la société chinoise n’implique pas abandon de leurs traditions mais leur système social évolue.
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Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 juillet 2018.