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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Problèmes de la démocratie en Amérique latine (1978-2019)

  • Gilles Bataillon, directeur d'études de l'EHESS ( CESPRA )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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Mardi de 17 h à 19 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 6 novembre 2018 au 4 juin 2019. Séances supplémentaires le 7 décembre (de 13 h à 15 h, salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris) et le 22 février (de 11 h à 13 h, salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris). La séance du 19 mars est avancée au 18 mars (de 9 h à 11 h, salle 8, 105 bd Raspail) la séance du 26 mars est reportée au 29 mars (de 15 h à 17 h, salle 7, 105 bd Raspail)

Voilà plus d’une trentaine d’années que la plupart des pays d’Amérique latine ont fait l’expérience de l’arrivée au pouvoir de gouvernements élus démocratiquement. Nul doute que toutes ces expériences témoignent non seulement d’un rapport neuf à la politique mais aux questions sociales, ethniques, culturelles ou religieuses. Le conflit des opinions est reconnu comme légitime. Le pouvoir est devenu ce que Claude Lefort a nommé « un lieu vide », un espace qu’aucun parti, aucune classe sociale, ou groupe ethnique ou genre ne peut désormais plus s’approprier. Les contre-pouvoirs se multiplient. L’alternance n’est pas seulement désirée, elle est possible. Des partis et des groupes sociaux naguère tenus à distance et considérés comme « barbares » accèdent au pouvoir. La thématique de l’égalité entre les classes, les groupes ethniques, les genres, les classes d’âge, les religions, les pratiques culturelles a connu non seulement un regain de faveur mais prend des formes radicalement neuves. Parallèlement à ces mutations, se font jour depuis le début du XXIe siècle des processus de mise en cause de la démocratie. Ce sont tout à la fois une recrudescence des formes de la violence prosaïque et de multiples formes de corruptions alimentées par l’essor du narcotrafic et la reprimarisation des économies. C’est aussi l’essor de nouvelles formes de tyrannies qui se revendiquent aussi bien du populisme que de formes de nostalgies de l’autoritarisme militaire.

On se propose d’explorer ces mutations contradictoires et de tenter d’en dresser un tableau général. Pour ce faire on mobilisera différents travaux d’enseignants chercheurs, anthropologues, historiens, géographes, sociologues, ou politistes dont on discutera les travaux les plus récents ou qui viendront les discuter et les présenter au cours de ce séminaire.

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Gilles Bataillon- Sociologie et histoire des formes du politique en Amérique latine, XIXe-XXIe siècle
  • Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    une connaissance a minima de l'espagnol est nécessaire pour suivre ce séminaire car certaines séances se dérouleront en espagnol.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : gilles.bataillon(at)ehess.fr, delphine.lacombe(at)cnrs.fr, ben_moallic(at)yahoo.fr, irene.pochetti(at)gmail.com, sylvain.souchaud(at)gmail.com

    Compte rendu

    Voilà bientôt trois décades que tous les pays d’Amérique latine, à l’exception de Cuba, ont fait l’expérience de l’apparition de régimes démocratiques. Nul doute que toutes ces expériences témoignent non seulement d’un rapport neuf à la politique mais aux questions sociales, ethniques, culturelles ou religieuses, même si dans le même laps de temps des inégalités socio-économiques nouvelles sont apparues. Le conflit des opinions est reconnu comme légitime, il n’est plus de « vérités » qui ne soient susceptibles d’être questionnées. Le pouvoir est devenu ce que Claude Lefort a nommé « un lieu vide », un espace qu’aucun parti, classe, groupe ethnique ou genre ne peut désormais s’approprier. Les contre-pouvoirs se multiplient. L’alternance n’est pas seulement désirée, elle est possible. Des partis et des groupes sociaux naguère tenus à distance et considérés comme « barbares » accèdent au pouvoir. La thématique de l’égalité entre les classes, les groupes ethniques, les genres, les classes d’âge, les religions ont connu non seulement un regain de faveur mais prennent des formes radicalement neuves. Les arts plastiques comme la littérature sont eux aussi parties prenantes de ces transformations.

    Le propos de ce séminaire a donc été double : dresser un premier bilan des grandes lignes de ces transformations de façon à poser un cadre général d’interprétation de ces mutations sociopolitiques, tant sur les plans politiques et religieux, comme sur la question des types de gouvernances. On a ensuite exploré plus particulièrement certaines de ces mutations à partir d’enquêtes récentes qui ont été présentées par leurs auteurs aux auditeurs de ce séminaire. On a ainsi étudié la place nouvelle des populations amérindiennes en Amérique centrale et dans le bassin amazonien, comme le sentiment nouveau des femmes à avoir des droits, ou la montée en force au Mexique et au Pérou de certains groupes naguère considérés comme « subalternes ». L’accueil comme professeur invité de Newton Bignotto (Université fédérale du Minas Gerais) a été l’occasion pour celui-ci de présenter ses réflexions sur l’histoire de la pensée de la démocratie au Brésil de la fin de l’Empire aux expériences de gouvernement du PT. On s’est enfin interrogé sur la signification politique de deux phénomènes qui sont autant de mises en question des formes démocratiques : la prolifération de formes de violences prosaïques dans l’ensemble du sous-continent et l’accès au pouvoir de toute une série de gouvernements néo-populistes à partir des années 2000.
     

    Publications

    • « Amérique centrale : violences et pseudo-démocraties (1987-2018) », Hérodote, n° 171, hiver 2018, p. 67-88.
    • « Nicaragua una tirania en crisis », Letras Libres, décembre 2018, p. 18-21.
    • « Claude Lefort, pensador de lo politico », Nueva Sociedad, n° 281, mai-juin 2019, p. 152-163.
    • « Nicaragua une crise révolutionnaire (2018-2019) », Problèmes d’Amérique latine, n° 112, 2019/1, p. 9-45.
    • « Les activistes miskitus des droits de l’homme au Nicaragua », Communications, n° 104, « Les droits humains au XXIe siècle », 2019, p. 63-78.
    • « Entretien avec Edelberto Torres Rivas. Parcours d’un intellectuel engagé : de la révolution d’octobre à la Commission pour l’éclaircissement historique », Problèmes d’Amérique latine, n° 113, 2019/2, p. 11-28.
    • « Politique et environnement dans la Moskitia nicaraguayenne (1960-2018) », Problèmes d’Amérique latine, n° 113, 2019/2, p. 83-101.
    • Hérodote, n° 171 « Géopolitique de l’Amérique latine », hiver 2018.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 13 mars 2019.

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