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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Parcours anthropologiques dans le monde arabe (ethnographie, littérature, arts, archéologie, orientalisme)

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 17 h à 20 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 15 novembre 2018 au 23 mai 2019

Partant des conditions de l’enquête de terrain pour aller jusqu’aux dérivations lointaines, notamment artistiques et littéraires, de cette expérience fondatrice, on reprendra, sur la base de dossiers précis, les modes de construction d’un savoir d’où l’observateur ne sort pas finalement intact, non plus que les objets de ses préoccupations. Il s’agira donc de passer d’un registre à l’autre, depuis la démarche anthropologique proprement dite, jusqu’aux élaborations littéraires, en passant par l’histoire de l’art et les fouilles archéologiques.

On s’attachera à ces processus sur la longue durée, parfois sur la très longue durée avec l’usage qui est fait des témoignages archéologiques de civilisations disparues. Nous nous intéresserons tout particulièrement à l’élaboration et à la circulation des modèles et des représentations, brandis ou imposés de l’extérieur, pendant l’ère coloniale autant que postcoloniale, qui ont fait l’objet de remplois pour des constructions identitaires complexes, riches d’enjeux politiques.

L’espace considéré sera le monde arabe, entendu dans ses dimensions larges, celles de l’Islam méditerranéen, qui recouvre les provinces jadis dominées par l’empire ottoman, et déborde sur les déserts d’Afrique du Nord et de la Péninsule arabique. Nous y inclurons aussi les minorités enclavées qui, si elles se définissent par la pratique d’une langue ou d’une religion autres, n’en partagent pas moins avec la composante majoritaire nombre de pratiques sociales dans le cadre de ce qui constitue, en dépit de tout, une aire culturelle.

15 novembre 2018 : François Pouillon : “Questions de méthode (à partir des fantasias marocaines de Delacroix)”

22 novembre : Omar Carlier (Université Paris VII) : “Une élite intellectuelle ‘locale’ à l'automne de la colonisation : la khâgne d’Alger (1929-1961)”

29 novembre : Gabriel Martinez-Gros (Université Paris X-Nanterre) : “Construire une histoire de l'Islam”

6 décembre : François Pouillon : « Les découvreurs de Madâ'in Sâleh au tournant du XXe siècle », avec Virginia Cochin-Cassola (Institut du Monde Arabe) : Mise en route d’une exposition. 

13 décembre : Clémentine Gutron (CNRS) : “Enquêter sur les savoirs archéologiques au Maghreb : Lecture stratigraphique d'un itinéraire de recherche”

20 décembre 2018 : Léon Buskens (Université de Leyde) : “Islam [re]observed, un ouvrage de Geertz 50 ans après”

10 janvier 2019 : Luc Chantre (Université de Poitiers) : “Archives françaises sur le hajj : perspectives historiographiques”

17 janvier : Bénédicte Lhoyer (École du Louvre) : “Pilleurs et profanateurs de tombes dans l'Antiquité égyptienne”

24 janvier : Mercedes Volait : “Une direction des Beaux-Arts en Égypte : Louis Hautecœur (1927-1930)”

31 janvier 2019 : Paul Pandolfi (Université de Montpellier) à propos de son livre : La conquête du Sahara (1885-1905) (Karthala, 2018).

7 février 2019 : Alain Messaoudi (Université de Nantes) : “Le Paris des peintres de Tunis avant 1956”

14 février 2019 : Patricia Almarcegui Elduayen : « Ingres et les récits de voyage en Orient : la construction du Bain turc » (documentations pour son livre : Le peintre et la voyageuse, Ed. Intervalles, 2017)

21 février 2019 : Louis Blin (ministère des Affaires étrangères) à propos de son livre Anthologie iconographique sur Djeddah (Geuthner, 2019)

14 mars 2019 : François Lissarrague (EHESS) : “Antique et Orient (suite) : donner les corps à voir”
 
21 mars 2019 : José Antonio Gonzalez Alcantud (Université de Grenade) : “L’art contemporain marocain, une avant-garde dans un pays ‘traditionnel’ (avec une projection de film)”
 
28 mars : Dominique Casajus : “Sur l’arithmétique divinatoire (suite) : Raymond Lull, les lexicographes arabes, l’Oulipo et les Baisers d’amour céleste de Quirinus Kuhlmann”
 
4 avril : Marianne Lemaire (CNRS) : “Denise Paulme, femme ethnologue”
 
11 avril : Sylvette Larzul : “Antoine Galland (1646-1715), dernière”. Discutant : Jean-Paul Sermain (Université Paris III)
 
18 avril : Léon Buskens (Université de Leyde) : “Photographies du Maroc (1901-2019) : une approche anthropologique”
 
9 mai : Guy Barthèlemy : “La légende de la Reine de Saba dans le Voyage en Orient de Nerval”
 
16 mai : Mercedes Volait : “Le commerce de l’art au Moyen-Orient après 1800”
 
23 mai : Jean-Gabriel Leturcq (Musée du Louvre) : “Monuments en Méditerranée”

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • François Lissarrague- Anthropologie et image : l’expérience grecque
  • François Pouillon- Relations, représentations, confrontations : anthropologies du monde arabe
  • Renseignements :

    par courriel à l'un des enseignants.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous pris avec l'un des enseignants.

    Site web : http://imaf.cn.fr/spip.php?article204

    Site web : http://imaf.cnrs.fr/spip.php?article15

    Adresse(s) électronique(s) de contact : pouillon(at)ehess.fr, dominique.casajus(at)cnrs.fr, Jacques.Fremeaux(at)paris-sorbonne.fr, sylvette.larzul(at)wanadoo.fr, francois.lissarrague(at)ehess.fr, mercedes.volait(at)inha.fr

    Compte rendu

    Le groupe des chercheurs réunis dans ce séminaire a continué de sillonner le monde arabe de différentes manières - politiques et culturelles à la fois, historiques et anthropologiques. Partant du plus loin, avec l’archéologie, et de son expérience professionnelle toute contemporaine, Clémentine Gutron (CNRS) a donné une analyse rétrospective de son parcours de recherche, combinant une approche historiographique de l’archéologie qui est aussi la sienne. Cette discipline-reine, particulièrement présente en Orient, a été interpellée de même manière par plusieurs interventions : celle de Bénédicte Loyer (École du Louvre), à propos des pilleurs de tombes dans l’Égypte ancienne ; celle de François Lissarrague (EHESS) sur la représentation des corps, question symbolique s’il en est dans cette région, depuis la Méditerranée antique jusqu’à la peinture orientaliste ; celles de François Pouillon, de concert avec Virginia Cochin Cassola (Institut du monde Arabe), à propos de la découverte des monuments nabatéennes de Madâin Sâleh, qui vont faire l’objet d’une réhabilitation patrimoniale et touristique – les choses vont souvent de pair – en Arabie saoudite ; celle de Jean-Gabriel Leturcq à propos des destructions et des remises en service des musées d’arts antiques, pris dans l’islam contemporain comme objets de guerres contre l’Occident.

    Un autre angle d’approche a consisté à analyser les parcours d’acteurs culturels et scientifiques opérant dans le monde arabe récent. Exemplaire, à cet égard, fut l’analyse, par Mercedes Volait (CNRS), de la place du séjour en Égypte d’un important historien de l’architecture, Louis Hautecœur. Mais il y eut aussi l’analyse, par Omar Carlier (Université Paris 8), de la khâgne d’Alger qui accueillit successivement en son sein Albert Camus, Jacques Derrida et Assia Djebar ; par Marianne Lemaire (CNRS), l’impact de l’œuvre de Denise Paulme sur l’anthropologie de l’Afrique ; par Léon Buskens (université de Leyde), le sillage, au Maroc, d’un livre majeur sur la région, Islam Observed de Clifford Geertz.

    Historiens que nous sommes, il s’est aussi agi d’analyser de façon critique quelques fonds d’archives : François Pouillon, à propos des « fantasias » équestres des Maghrébins sur la base de la documentation fournie par Eugène Delacroix lors de son voyage au Maroc ; Luc Chantre (Université de Rennes) sur le pèlerinage à La Mecque au temps où il était encadré par les États de l’Afrique du Nord sous domination coloniale ; Paul Pandolfi (Université de Montpellier) à propos des documents fournis par la captivité à Alger d’un groupe de Touaregs sahariens insurgés ; Louis Blin (MAE), à propos de la connaissance des Lieux Saints normalement interdits aux infidèles, depuis le consulat français de Djeddah ; par Léon Buskens à nouveau, sur l’immense corpus photographique dont on dispose sur le Maroc moderne.

    Dans d’autres registres proprement littéraires ou artistiques, Guy Barthèlemy a présenté les reconfigurations de la légende de la Reine de Saba dans le Voyage en Orient de Nerval ; Patricia Almarcegui Elduayen est revenue sur les images constitutives du Bain turc, tableau emblématique d’Ingres ; Alain Messaoudi (Université de Nantes) a analysé les contours d’une « école de Tunis » au XXe siècle ; José Antonio Gonzalez Alcantud (Université de Grenade) s’est penché sur la création d’un musée « avant-garde » dans le Maroc de Mohamed VI ; plus largement, Mercedes Volait a analysé les conditions d’un commerce de l’art au Moyen-Orient depuis 1800, objet d’un livre en cours de rédaction. L’exposition rétrospective sur Gustave Guillaumet organisée par Marie Gautheron finissant son tour de France au musée de la Piscine à Roubaix, a été l’occasion, en mineur, d’une reprise par François Pouillon de l’iconographie historique construite autour d’Abdelkader.

    Tout cela devait quand même déboucher sur quelques considérations plus générales. À l’opposé de la perspective de l’Anthropologie des petites choses dont François Pouillon a sorti un second volume, où il s’agissait de prendre les questions par le bas et par surprise, nous avons assisté à des présentations ambitieuses de quelques ouvrages en gestation, de la part de membres de l’équipe : Sylvette Larzul, à partir de la monographie qu’elle prépare sur le grand traducteur des Mille et Une nuits, Antoine Galland ; Gabriel Martinez Gros avec une reconsidérations peu conventionnelle de l’histoire de l’Islam ; Dominique Casajus sur l’arithmétique divinatoire des Touaregs, inscrite entre les jeux de logiques anciennes et les reconsidérations qui en sont faites dans les mathématiques contemporaines.

    Publications
    François Pouillon

    • Figures d’Abdelkader. La construction d’un héros national algérien, Musée de La Piscine, Roubaix [catalogue d’exposition] & Ed. Snoeck, Gand, 2019, 120 p.
    • Anthropologie des petites choses 2. Dérives autobiographiques, cinématographiques, ethnologiques, Lormond (33), Le Bord de L’eau, 2019, 236 p.
    • « Petites choses, grands effets : réponse à Jean-Pierre Digard », L’Homme, 227-228, 2018, p. 257-264.
    • « Nos manières de faire ne sont pas moins sauvages que celles des indigènes » (entretien avec Jean-Louis Gouraud), La Revue, n° 89, sept.-oct. 2019, p. 8-15.
    • « Jacques Berque : les miroirs brisés de la colonisation », dans Ethnologues en situations coloniales, sous la dir. de Christine Laurière et André Mary, Carnets de Bérose, 11, 2019, p. 80-108 (en ligne).
    • « Éloge de Jean-Claude Reverdy (1934-2012) – Sur une traduction des Travels » dans Arabia Deserta, sous la dir. de Charles M. Doughty aux éd. Karthala (2002, 1448 p.), Arabian Humanitie, 10, 2018 (en ligne).
    • « Les découvreurs de Madâin Sâlih : Doughty, Euting, Huber, les PP Jaussen et Savignac », dans AlUla, merveille d’Arabie [Catalogue d’exposition], sous la dir. de Laïla Nehmé et Abdulrahman Alsuhaibani, Paris, IMA/Gallimard, 2019, p. 118-121.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 3 avril 2019.

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