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Vendredi de 9 h à 12 h (Campus Jourdan, salle R202, 48 bd Jourdan 75014 Paris), du 9 novembre 2018 au 12 avril 2019
L'attachement renvoie aux différents types de liens qui attachent les individus entre eux et à la société. Dans le prolongement du séminaire de l’année dernière, il s'agira d'analyser comment ces liens s'entrecroisent en chaque individu pour permettre son attachement à la société, mais aussi comment les sociétés construisent et transforment les normes de cet entrecroisement. On reprendra la typologie des régimes d’attachement en continuant à la mettre à l’épreuve de nouvelles données empiriques. À travers le concept d'attachement social, l’objectif est de mieux comprendre ce qui fait tenir ensemble les individus des sociétés modernes, mais aussi, a contrario, ce qui les fragilise ou les oppresse. Les différents types de liens sociaux seront confrontés aux luttes sociales – qui expriment à la fois une contestation des formes de contrainte ou de domination qui leur sont parfois associées et un souhait d’y remédier – et les modes de régulation observables en croisant plusieurs échelles. En puisant dans la sociologie urbaine, la sociologie du travail et la sociologie des mouvements sociaux, l’analyse se fondera sur des enquêtes qualitatives menées à l’échelle locale – quartier, association, entreprise, branche d’activité… – , mais aussi sur des indicateurs plus globaux, issus d’enquêtes quantitatives nationales ou internationales. Le séminaire propose d’ancrer la recherche dans la pluralité des sciences sociales et de mener des recherches comparatives impliquant plusieurs aires cultuelles.
Mots-clés : Capitalisme, Citoyenneté, Classes sociales, Collectifs, Comparatisme, Développement, Droit, normes et société, Économie politique, Enquêtes, État et politiques publiques, Famille, Histoire économique et sociale, Inégalités, Morale, Politiques publiques, Politiques sociales, Socio-économie, Sociologie, Sociologie politique, Spatialisation, territoires, Travail, Urbaines (études),
Aires culturelles : Amérique du Nord, Amérique du Sud, Asie, Europe, France, Inde, Japon,
Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Sociologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
l'inscription au séminaire est soumise à la présentation préalable d'un projet de recherche.
Direction de travaux d'étudiants :
séances méthodologiques collectives prévues après le séminaire et sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous. Contact par courriel.
Site web : http://serge-paugam.fr
Adresse(s) électronique(s) de contact : paugam(at)ehess.fr
L’attachement renvoie aux différents types de liens qui attachent les individus entre eux et à la société. À travers le concept d’attachement social, l’objectif est de mieux comprendre ce qui fait tenir ensemble les individus des sociétés modernes, mais aussi, a contrario, ce qui les fragilise ou les oppresse. Les luttes sociales peuvent alors être analysées comme des contestations des formes de contrainte ou de domination associées à des liens de nature oppressante ou des liens qui rendent vulnérables. Mais pour contester et combattre ces liens sociaux jugés indésirables, il faut au préalable pouvoir s’organiser de façon collective et par conséquent envisager des solidarités de groupes sur une base élective, professionnelle ou autre. Autrement dit, l’attachement à un groupe déterminé est une condition de la lutte sociale. En puisant dans la sociologie urbaine, la sociologie du travail et la sociologie des mouvements sociaux, nous sommes partis des enquêtes qualitatives menées à l’échelle locale – quartier, association, entreprise, branche d’activité… –, mais aussi d’indicateurs plus globaux, issus d’enquêtes quantitatives nationales ou internationales pour analyser et comparer différents types de luttes sociales.
Nous avons distingué les luttes de conquête et les luttes de compensation. Dans le premier cas, c’est la force d’un type de lien qui permet d’en renforcer d’autres. Par exemple, dans le cas des luttes ouvrières, le lien constitué par l’attachement à un groupe professionnel permet de conquérir par la lutte des droits qui valent au-delà des intérêts de ce groupe et qui renforcent le lien de citoyenneté (protection sociale généralisée, conventions collectives). Dans le second cas, la force d’un type lien permet seulement de compenser l’absence ou la rupture d’autres types de lien. C’est le cas, par exemple, lorsque l’attachement au quartier de résidence (concept de « place attachment ») exprime à la fois la force des liens de proximité (famille, entourage) et la nécessité de résister collectivement à la pauvreté, au chômage et à la non-reconnaissance de droits sociaux.
Plusieurs exemples de luttes sociales ont été analysés dans le séminaire : le mouvement des coopératives ouvrières, les luttes des « piqueteros » en Argentine, les résistances des quartiers pauvres au Brésil, mais aussi les attitudes de solidarité à l’égard des réfugiés et les luttes menées au nom des droits humains. Dans cet esprit, nous avons commencé à étudier le mouvement des Gilets Jaunes. Ce parcours nous a conduits également à spécifier le concept d’attachement par rapport à celui d’appartenance souvent mobilisé pour qualifier les mouvements sociaux. Enfin, nous avons essayé de prolonger l’analyse d’Axel Honneth sur les luttes de reconnaissance en la confrontant au concept de domination.
Plusieurs chercheurs ont présenté leurs travaux dans ce séminaire en s’efforçant de les mettre en lien avec la thématique générale des attachements et des luttes sociales : Nadya Araujo Guimarães (professeure à l’Université de São Paulo, USP), Sayonara Leal (professeure à l’Université de Brasília, UnB-Brasília), Maxime Quijoux (chargé de recherche au CNRS, LISE), Arnaud Trenta (enseignant-chercheur au CNAM), Emmanuel Reynaud (professeur à l’Université de Paris X) Marie Plessz (chargée de recherche à l’INRA, CMH), Jean-Philippe Viriot-Durandal (professeur à l’Université de Lorraine), Linda Haapajärvi, (jeune docteure, CMH). Par ailleurs, plusieurs étudiants en thèse sous ma direction à l’EHESS ont présenté leurs travaux en lien avec le séminaire : Mathilde Caro, Daniela Ristic, Chloé Ollitrault, Caroline Taïeb, Benoît Roullin.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 25 octobre 2018.