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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Dynamiques du genre en Afrique

  • Anne Doquet, chargé de recherche à l'IRD ( IMAF )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Anne Hugon, maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ( IMAF )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e jeudi du mois de 10 h à 13 h (IMAF, 9 rue Malher 75004 Paris), du 11 octobre 2018 au 13 juin 2019

Ce séminaire est organisé par une équipe multidisciplinaire qui enquête sur la dimension genrée des sociétés, le genre étant davantage compris comme une grille de lecture que comme une thématique en soi. Il s’agira de saisir les modalités selon lesquelles les sociétés africaines, les Africain-e-s en migration ou les Européen-ne-s en contexte africain définissent les identités et les assignations de genre, et organisent les rapports sociaux de sexes. Si l’un des postulats est que toute relation sociale est genrée, on s’attachera cependant à souligner la fluidité des identités de genre – y compris masculines – sans oublier que d’autres variables (statut, classe, âge…) sont toujours à l’œuvre dans l’élaboration des relations sociales d’altérité, des rapports interpersonnels, comme des identités personnelles.

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

11 octobre 2018 (salle 106) : Pascale Barthélémy (MCF, ENS Lyon), « Françaises et Africaines. Sororité ou grand malentendu ? (1943-1962) »

8 novembre 2018 (salle 106) : Raphaëlle Branche (Pr, Université de Rouen), « Les combattants de l'Armée de Libération Nationale : enfants d'un nouveau monde ? »

13 décembre 2018 (salle 106) : Céline Lesourd (CNRS, Centre Norbert Elias), « Femmes commerçantes (Éthiopie et Mauritanie). Ce que la globalisation fait aux rapports de genre »

10 janvier 2019 (salle 106) :

  • Simon Imbert Vier (Dr en histoire, IMAf), « Entre mutilations et prostitution, comment écrire une histoire des Djiboutiennes ? »
  • Patience Biligha (Dr en anthropologie et sociologie, CESSMA), « Les travailleuses du sexe chinoises au Cameroun: Entre émancipation et aliénation »

14 février 2019 : Présentation des travaux des étudiants

14 mars 2019 : Marième N’Diaye (CNRS, ISP), « Dépénaliser l'avortement au Sénégal: une bataille politique et judiciaire »

11 avril 2019 : Marie-Christine Deleigne (ATER Université de Toulouse, CEPED, Université Paris Descartes), « Filles et garçons face à la scolarité dans l’Androy (Madagascar) »

9 mai 2019 : Silvia Bruzzi (Université de Bologne, IMAf), « “Femmes seules” et mobilité entre Italie et Lybie : le parcours de l’ethnologue et arabisante Ester Panetta (1894-1983) »

Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde),

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : IMAF - Institut des mondes africains

Renseignements :

secrétariat de l'Institut des mondes africains par courriel : Elisabeth.Dubois(at)ehess.fr.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous. Contact : Anne Doquet par courriel.

Niveau requis :

licence 3.

Site web : http://imaf.cnrs.fr/

Adresse(s) électronique(s) de contact : annedoquet(at)yahoo.fr, anne.hugon(at)wanadoo.fr

Compte rendu

Pour la sixième année consécutive et au fil de huit séances, le séminaire a été le lieu d’une exploration élargie des identités, des assignations de genre et de l’organisation des rapports sociaux de sexe, à travers la présentation de travaux d’historien·nes, d’anthropologues et, cette année, d’une démographe.

Les trois premières séances ont exploré l’action des femmes sur les scènes politiques nationales et internationales dans le contexte de la décolonisation de l’Afrique. Le séminaire s’est ouvert avec Pascale Barthélémy, sur une mise en regard de l’émergence de la citoyenneté féminine en France et dans ses (ex) colonies d’Afrique de l’Ouest. Raphaëlle Branche a présenté ses recherches sur la participation des femmes aux luttes pour l’indépendance de l’Algérie dans l’Armée de Libération nationale. Céline Lesourd a offert des analyses comparatives, entre Mauritanie et Éthiopie, du contexte et des modalités qui ont permis la constitution d’une catégorie de femmes entrepreneuses, de manière durable et influente sur la vie politique nationale dans le premier cas, de manière plus éphémère et limitée dans le second. Ces présentations invitent à réfléchir sur l’imbrication des relations entre colonisés et colonisateurs à différents niveaux de l’analyse : la personne et sa trajectoire de vie, la ou les situations locales, le niveau global. Ainsi sont apparues les convergences et divergences des mouvements transnationaux d’émancipation des femmes ; des opportunités et des tensions produites par l’ouverture à une économie globalisée ; des identités de genre qui orientent les modalités d’ascension sociale des femmes ou leur participation à la lutte armée ; les enjeux politiques que représente pour les pouvoirs militaires et politiques la présence de femmes à dominer ou à émanciper sur le terrain colonial. Dans ce dernier cas, cette mise en regard est aussi celle des sources, l’intervenante ayant utilisé des archives et des témoignages tant français qu’algériens pour mieux mettre en exergue ces enjeux croisés. L’intervention de Silvia Bruzzi, portant sur les « femmes seules » en mobilité entre l’Italie et la Lybie, a permis de revenir en fin d’année sur cette problématique des rapports colonisateurs/colonisés, illustrée par le parcours de l’ethnologue et arabisante Ester Panetta (1894-1983).

La question des sources amorcée dans les premières séances s’est poursuivie avec la présentation de Simon Imbert-Vier, convoquant la discussion méthodologique : comment écrire une histoire des femmes dans une ville de création récente et cosmopolite comme Djibouti ? Face au silence des archives, à la faible profondeur des mémoires, aux difficultés d’accès du chercheur masculin aux femmes, comment sortir des clichés bipolarisant la situation des femmes soit vers la prostitution soit la domination patriarcale résumée aux mutilations génitales ? Pour la dimension heuristique qu’elle revêt, cette séance a été particulièrement l’occasion de partager les idées et les expériences.

Le séminaire a ensuite accueilli la présentation de Marième Ndiaye décryptant la bataille politico-judiciaire pour la légalisation de l’avortement au Sénégal menée par les associations de femmes réunies au sein de la « Task Force pour l’avortement médicalisé », qui ont choisi d’investir à la fois le plaidoyer et l’action en justice. Enfin, Marie Deleigne a interrogé l’accès à la scolarité des filles et des garçons dans une région reculée et enclavée de Madagascar, où la société Androy réserve aux femmes une position dominée manifestée jusque dans la symbolique spatiale des villages. Face aux statistiques comparées de la scolarisation des filles et des garçons, paradoxalement en faveur des filles à certains moments de la période étudiée (1975-2005), elle s’est s’interrogée sur les motivations des familles face à l’école, aux possibilités d’amélioration de vie et d’ascension sociale qu’elle inscrit ou non dans l’économie locale, comment s’y articulent les rôles sociaux de genre croisés avec d’autres catégories de la stratification sociale. Son analyse invitait à dépasser l’idée que l’accès à l’école des filles manifeste nécessairement un désir de promotion de celles-ci mais montrait aussi les transformations que l’institutionnalisation de l’école introduit dans les hiérarchies sociales.

Comme chaque année, une séance a été consacrée aux travaux des étudiants au mois de février.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 novembre 2018.

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