Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Regards sociologiques sur les sciences et la médecine

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e jeudis du mois de 13 h 30 à 16 h 30 (salle A07_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 8 novembre 2018 au 14 mars 2019

Que peut nous apprendre la sociologie des sciences sur le monde contemporain ? Depuis ses grands fondateurs, Émile Durkheim (Les Règles de la méthode sociologique), Max Weber (Le Savant et le politique), puis Robert Merton (The Normative Structure of Science) et Eliot Freidson (La Profession Médicale), la sociologie n’a cessé de chercher sa position épistémologique et méthodologique vis-à-vis des sciences de la nature ou des sciences formelles. L’activité scientifique a longtemps échappé à l’investigation sociologique, au profit de considérations épistémologiques ; au cours des années 1970, elle s’est imposée comme nouvel objet d’enquête, en particulier sous l’effet de travaux anglo-américains d’inspiration ethno-méthodologique. Les perspectives critiques alors adoptées ont constitué les fondements d’une discipline désormais institutionnalisée dans le monde académique.

La sociologie des sciences, aujourd’hui fondue dans les Science (and Technology) Studies, a rapidement adopté une approche pluridisciplinaire, combinant anthropologie, sociologie, histoire, science politique et philosophie. Elle a progressivement élargi ses champs d’investigation, de la paillasse à l’environnement, de l’Université à l’État et à la géopolitique. Elle constitue par conséquent un domaine qui offre un support de formation particulièrement riche pour les publics de l’EHESS.

L’objet principal du séminaire de lecture (8 séances de 3h) est de familiariser les étudiants, en particulier ceux de la formation de master Sociologie générale, avec une littérature encore trop méconnue en France. En faisant renaître une tradition de lecture critique que l’École pratiquait à travers les séminaires de Benjamin Matalon dans les années 1980-1990, il s’agit ainsi de rendre accessibles des outils de compréhension des enjeux portés par l’histoire de cette sous-discipline et de les mettre en rapport avec les controverses contemporaines autour de la science.

Le séminaire est aussi ouvert à un public déjà imprégné de ces objets et souhaitant contribuer à un travail réflexif à partir de la lecture des textes eux-mêmes. Complémentaire d'autres séminaires plus centrés sur l'histoire ou l'épistémologie, il invite à établir des liens entre les textes fondateurs et les pratiques de recherche actuelles. Une attention particulière est accordée à la diversité des cadres d’analyse, avec un accent mis sur les controverses autour de la recherche et de l’expertise scientifique dans les domaines de la santé, de l’environnement et des technologies et plus généralement des nouvelles configurations entre savoirs et normativités. Ce faisant, séminaire nourrira le dialogue entre elles les différentes sciences sociales mobilisées par la question des sciences aujourd’hui. Pour la troisième année, nous porterons une attention particulière aux études portant sur la médecine et sur la santé.

8 novembre : L'ethos scientifique: regards sociologiques

  • Merton, R. K., “The Normative Structure of Science” 1942, republié comme chap 13 de The Sociology of Science / et une critique :
  • Bourdieu, P. "Le champ scientifique", Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 2, n°2-3, juin 1976. pp. 88-104
  • Bourdieu P., « L’histoire singulière de la raison scientifique », Zilsel, 2018/2 (N° 4), p. 281-319. DOI : 10.3917/zil.004.0281. URL : https://www.cairn.info/revue-zilsel-2018-2-page-281.htm
Lectures complémentaires :
  • Barnes, S. B., & Dolby, R. G. A. (1970). The Scientific Ethos : A deviant viewpoint. European Journal of Sociology, 11(01), 3. doi:10.1017/s0003975600001934
  • Bourdieu P. (1975). La spécificité du champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison. Sociologie et sociétés 7 (1), 91–118. doi:10.7202/001089ar

22 novembre : "Régression de l'expérimentateur"

  • Harry Collins " Detecting Gravitational Radiation: The Experimenter’s Regress" chapitre 4 de Changing Order: Replication and Induction in Scientific Practice (University of Chicago Press, 1985)
Textes complémentaires :
  • Benoît Godin & Yves Gingras « The experimenters’ regress: from skepticism to argumentation », Stud. Hist. Phil. Sci . 33 (2002) 137 –152
  • Kennefick, D. (2000). « Star Crushing:: Theoretical Practice and the Theoreticians’ Regress ». Social Studies of Science, 30/1, 2000, 5–40.

Pour préparer les séances suivantes, téléchargez le syllabus avec le lien suivant http://filez.ehess.fr/ bsnexvf9

13 décembre 2018 : Chimie et risques : histoire et sociologie

10 janvier : Science et profession (I)

  • Paul Rabinow , « From Concept to Tool », chapt. 4 , Making PCR: A Story of Biotechnology, Chicago, IL: The University of Chicago Press 1996.

texte complémentaire :

  • Kaufmann A. (2004) « Mapping the human genome at Généthon laboratory. The French Muscular Dystrophy Association and the politics of the gene », in Rheinberger H.-J. and Gaudillière J.-P. (Eds), From Molecular Genetics to Genomics : The Mapping Cultures of Twentieth-Century Genetics, London and New York: Routledge, pp. 129-157.

24 janvier : De l’existence des objets techniques

  • Gilbert Simondon , « Fonction régulatrice de la culture dans la relation entre l'homme et les objets techniques » chapitre 2 de la 2e partie de, Du mode d'existence des objets techniques, Paris : Aubier, 1989 (1 e édition 1958). p. 113-152.

14 février : Science et profession (II)

  • Andrew Abbott « La construction de la juridiction professionnelle des problèmes personnels », traduction du chapitre 10 de The System of Professions. An Essay on the Division of Expert Labo r, Chicago, The University of Chicago Press, 1988. Traduction par Le Bianic T. et Ollivier C. in D. Demaziere et M. Jouvenet (dir.), Andrew Abbott et l'héritage de l'école de Chicago, EHESS, 2016, volume 2

texte complémentaire :

  • Abbott A., « Écologies liées : à propos du système des professions », Menger P. - M. (dir.), Les professions et leurs sociologies. Modèles théoriques, catégorisations, évolutions, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2003.

28 février : Questions médicales

  • Ivan Illich , 1975, Medical nemesis: the expropriation of health, New York, Pantheon Books. « Le Masque sanitaire d'une société morbide » (Part. 2, chap. 2).
  • Ilana Löwy , « Le genre du cancer », Clio. Femmes, Genre, Histoire 37 | 2013,

disponible en accès libre à l'adresse suivante http://journals.openedition.org/clio/10986
 

Aires culturelles : Amérique du Nord, Europe,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Francis Chateauraynaud- Modèles sociologiques pour l’analyse des processus de mobilisation
  • Christelle Rabier- Histoire de la médicalisation européenne, XIVe-XIXe siècle
  • Renseignements :

    l'enseignement se déroule en visioconférence sur les sites de Paris et de Marseille.

    Réception :

    sur rendez-vous demandé par courriel à Stéphanie Taveneau (Paris) ou à Christelle Rabier (Marseille).

    Niveau requis :

    licence. Anglais universitaire recommandé.

    Site web : http://www.gspr-ehess.com/page/regards-sociologiques

    Site web : http://centre-norbert-elias.ehess.fr/index.php?1432

    Adresse(s) électronique(s) de contact : francis.chateauraynaud(at)ehess.fr, josquin.debaz(at)ehess.fr, christelle.rabier(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a proposé, durant ses trois années d’existence, la lecture critique de textes fondateurs de la sociologie des sciences, mais aussi de travaux plus récemment publiés. En proposant un dispositif d’échanges en visioconférence entre les implantations de l’EHESS à Paris et à Marseille, il enrichit la discussion par le croisement des commentaires et des interprétations.

    La séance de lancement du séminaire a été consacrée à deux textes fondateurs de la discipline sur la question de l’ethos scientifique : « The Normative Structure of Science » de R.K. Merton (1942), et « Le champ scientifique » de P. Bourdieu (1976), complété par un texte du même auteur nouvellement publié : « L’histoire singulière de la raison scientifique » (Zilsel, 2018/2). Cette lecture a été mise en perspective avec celle de Barnes & Dolby, « The Scientific Ethos : A deviant viewpoint » (1970) et Bourdieu « La spécificité du champ scientifique et les conditions sociales du progrès de la raison » (1975).

    La deuxième séance a abordé le problème de la régression de l’expérimentateur, en mettant en regard les travaux de Harry Collins publiés dans le chapitre « Detecting Gravitational Radiation : The Experimenter’s Regress » de Changing Order (1985) avec la critique qu’en font Benoît Godin et Yves Gingras « The experimenters’ regress : from skepticism to argumentation » (2002), en lui redonnant sa profondeur historique. En parallèle, a été analysée la proposition d’une régression du théoricien, avec Kennefick, « Star Crushing : Theoretical Practice and the Theoreticians’ Regress » (2000).

    Avec la troisième séance, le groupe de lecteurs a étudié des textes plus récents, au sujet de la société du risque et de sa régulation, avec d’une part Soraya Boudia et Nathalie Jas, « Risk and Risk society in Historical Perspective » (2007) et d’autre part de Jean-Pierre Llored, « Ethics and Chemistry : The Case of REACH » (2017). Des aspects plus épistémologiques ont été considérés en complément avec le texte de Llored et Bitbol : « From Chemical Practices to relational philosophy ».

    La quatrième séance, intitulée « Révolution biotech » nous a plongés dans la naissance de la PCR avec les travaux de Rabinow : Making PCR : A Story of Biotechnology (1996), que nous avons pu mettre en regard avec le plus contemporain Génépole : Kaufmann « Mapping the human genome at Généthon laboratory » (2004).

    Nous nous sommes ensuite intéressés à la sociologie des techniques, et en particulier à l’œuvre précussrice de Simodon, avec lecture du chapitre « Fonction régulatrice de la culture dans la relation entre l’homme et les objets techniques » de Du mode d’existence des objets techniques.

    Lors de la sixième séance, c’est Andrew Abott qui a été le centre des lectures et des commentaires. Les textes « La construction de la juridiction professionnelle des problèmes personnels » (1988) et « Écologies liées : à propos du système des professions » (2003) ont été utilisés à cette fin.

    Une septième séance a été plus précisément dédiée à la thématique médicale et à la question du genre. Deux textes très critiques mais de nature et méthode très différentes y ont été étudiés : « Le Masque sanitaire d’une société morbide » d’Ivan Illich (1975) et « Le genre du cancer » d’Ilana Löwy (2013).

    Enfin, les dernières lectures de l’année ont été épistémologiques, proposant de mettre en scène une discussion entre Lakatos et Feyerabend. À cette fin, ont été proposés à la lecture non seulement l’introduction de Contre la méthode (1975) mais aussi les leçons « The demarcation problem » et « The methodology research of scientific programmes » de Lakatos, publiées par Matteo Motterlini dans For and against the method (1999).

     

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 4 octobre 2019.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]