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Socio-philosophie du temps présent. Enjeux épistémologiques, méthodologiques et critiques

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 17 h à 20 h (54 bd Raspail 75006 Paris), les 29 novembre, 20 décembre 2018, 31 janvier, 7 février, 7 mars, 4 avril, 6 et 20 juin 2019. La séance du 7 mars est reportée au 14 mars (voir détail des salles dans le descriptif)

  • 29 novembre = salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 20 décembre 2018 = salle BS1_05, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 31 janvier = salle BS1_28, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 7 février = salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 14 mars = salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris
  • 4 avril = salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 6 juin = salle AS1_08, 54 bd Raspail 75006 Paris
  • 20 juin 2019 = salle BS1_28, 54 bd Raspail 75006 Paris

Le séminaire réfléchit aux conditions de possibilité de l’émergence d’une socio-philosophie du temps présent. Il continuera à prendre cette année la démocratie et les innovations technologiques comme champs de questionnement pour justifier cette articulation entre philosophie et sociologie. La conviction qui anime cette ambition de délimiter un tel geste, à la fois pratique et théorique, renvoie d’une part au fait que les complexités du monde actuel nous incitent à interroger la manière dont nous pouvons philosophiquement nous en saisir tout en échappant aux tentations de leur mise en système. D’autre part, la plupart des crises auxquelles nous nous heurtons (sur le plan économique, politique ou écologique) nous imposent de réfléchir aux enjeux épistémologiques, éthiques et méthodologiques de nos pratiques théoriques en vue de questionner leurs fondements, leurs présupposés, mais également leur ethnocentrisme sous-jacent.

Nous assumerons dans cette perspective le fait que la philosophie doit, plus que jamais, se pratiquer en se tenant au plus près des affaires humaines, en tissant de la sorte un dialogue aussi riche que possible avec les sciences sociales (la socio-anthropologie, la socio-histoire et la socio-économie plus particulièrement). Il s’agira enfin, dans le cours de nos séances, de nous pencher sur certaines grandes catégories de pensée dont nous avons principalement héritées d’une philosophie dite « gréco-occidentale », en essayant de les analyser à nouveaux frais en vue d’assumer une pratique théorique immanente et plurielle qui puisse s’attacher à forger des cartographies alternatives dans notre compréhension du monde au travers de ses dimensions sociales, technologiques, matérielles et symboliques. Car il y a toujours plusieurs forces à l’œuvre dans ce que l’on désigne par les termes de démocratie dite « représentative », d’« économie néolibérale » et de « révolution numérique ». Compte-tenu de la pluralité des facteurs qui interviennent dans la construction de nos univers intimes, économiques, sociaux, culturels et symboliques, force est de reconnaître que « le monde contemporain » est constitutivement multidimensionnel, porté par des régimes d’énonciation hétérogènes : il appelle l’élaboration d’une pensée critique du temps présent, qui se confronte au plan épistémologique, méthodologique et éthique à ces différences. Nous poursuivrons ainsi la forme de questionnement mise en œuvre en 2017-2018 autour d’une approche socio-philosophique de la démocratie et des environnements technologiques.

Valérie Charolles est philosophe et économiste et chercheure associée au IIAC-LACI.

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Renseignements :

le séminaire est ouvert à toutes et tous.

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Site web : https://pierreantoinechardel.wp.imt.fr/socio-philosophie-du-temps-present/

Adresse(s) électronique(s) de contact : pierre-antoine.chardel(at)ehess.fr

Compte rendu

Au cours de l’année 2018-2019, nous avons poursuivi le développement initié en 2017 d’une démarche de socio-philosophie du temps présent. Nous avons continué à prendre pour objets spécifiques de recherche la démocratie et les innovations technologiques afin de justifier cette articulation entre philosophie et sociologie. L’ambition d’une telle connexion est de se doter des outils à la fois épistémologiques, méthodologiques et critiques pour pouvoir traiter la complexité du contemporain, avec toutes les difficultés qu’elle engendre tant en termes de compréhension du monde que de capacité d’agir du sujet et du politique. Il s’agit, ce faisant, d’interroger également les pratiques théoriques dominantes, leurs présupposés, ainsi que leur ethnocentrisme sous-jacent. Dans cette perspective, nous avons assumé de pratiquer la philosophie au plus près des affaires humaines, en tissant un dialogue aussi riche que possible avec les sciences sociales (la socio-anthropologie, la socio-histoire et la socio-économie plus particulièrement) et avec les sciences de l’ingénieur et les études digitales.

Après avoir présenté la démarche et ses enjeux (Pierre-Antoine Chardel et Valérie Charolles), nous avons consacré nos séances à faire dialoguer philosophes, sociologues, anthropologues, sur des thématiques particulièrement aiguës concernant les liens contemporains entre démocratie et technologie, à savoir :

  • La manière dont se définit l’individu dans l’usage des réseaux et du big data, avec Mark Hunyadi, philosophe (Université catholique de Louvain) et Francis Jauréguiberry, sociologue (Université de Pau) ;
  • La transformation de la forme de la justice induite par la justice dite digitale, avec Jean Lassègue, épistémologue (CNRS, LIAS) et Antoine Garapon, secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la Justice, co-directeur de la rédaction d’Esprit ;
  • Les différents modèles délibératifs de la démocratie, avec Bernard Reber, philosophe (CNRS, CEVIPOF) et Emmanuel Picavet, philosophe (Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne, directeur du Centre de philosophie contemporaine de la Sorbonne) ;
  • Le nouvel horizon temporel et spatial induit par les questionnements écologiques avec Benoït Hazard, anthropologue (CNRS, IIAC) et Lucile Schmid, co-présidente de la Green European Foundation, membre du conseil de rédaction d’Esprit ;
  • La question de la violence légitime au regard de la définition de la liberté avec Cédric Moreau de Bellaing, sociologue (ENS, LIER) et Valérie Charolles, philosophe (IIAC) ;
  • Les modes de surveillance à l’œuvre dans le capitalisme numérique et la pensée critique qu’ils supposent avec Charleyne Biondi, politiste (Sciences-Po, Columbia University) et Andrew Feenberg, philosophe (titulaire de la chaire de la philosophie de la technique à la Simon Fraser University de Vancouver) ;
  • Les potentialités ouvertes par la poétique face à la rationalité technique avec Pierre-Antoine Chardel, philosophe et sociologue (IMT, IIAC) et Robert Harvey, théoricien de la littérature (Université de l’État de New York à Stony Brook, ancien directeur de programme au Collège International de Philosophie).

Nous avons ainsi pu passer en revue les principales pierres de l’édifice démocratique et la manière dont les technologies les transforment. À cet égard, le regard socio-philosophique, mêlant questionnement épistémologique, méthodologique et critique a permis de faire émerger des convergences et de commencer à faire ressortir des fondements pour une approche philosophique renouvelée.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 4 juin 2019.

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