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Le son des sciences humaines : approches pluridisciplinaires

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Vendredi de 14 h à 17 h (EHESS-Marseille, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille), les 5 octobre, 9 novembre et 7 décembre 2018, 11 janvier, 1er mars, 5 avril, 3 mai et 7 juin 2019. Séance supplémentaire mardi 5 février 2019, cf. ci-dessous. La séance du 5 avril est annulée

Interroger les liens historiques et politiques entre les sciences de la société et le son, comme débattre de leur renouvellement contemporain par les arts : tel est l’objet du séminaire. Pour la 2e année, le séminaire alterne discussions collectives de perspectives théoriques et de présentations de travaux de recherches en cours.

Conçu dans le prolongement de Questionner le monde (2015-2017), le séminaire s’organise autour de quatre axes de réflexion :

  1. Outils du son. Le son, matière ondulatoire, s’est laissé capturer par un système technique dont se sont saisies très tôt les sciences humaines et sociales, à des fins de recherche, de conservation et d’enseignement. Dans une perspective d’histoire sociale des techniques, le projet de recherche vise à restituer les relations de savoir et de pouvoir autour des outils d’enregistrement et de conservation sonore, en étudiant l’économie matérielle, la division sociale de leur conceptualisation et de leur manipulation, les usages partagés et différenciées entre les sciences de la société, ainsi que leurs circulations.
  2. Matériaux sonores. Les enregistrements sonores font partie de la documentation des sciences de la société. Pour autant, il s’agit d’une documentation particulière, souvent constituée ad hoc pour les recherches, voire finalité même de la recherche en ethnomusicologie ou en histoire orale. La recherche explorera les motifs de la fabrication et des usages d’une documentation sonore, du cadre politique, matériel et sociale de leur acquisition, de leur conservation et de leur analyse, selon les continents et les périodes historiques; les refus d’enregistrement oral ; les négociations autour de la captation orale d’un savoir ; ou encore les formes d’(auto-)archivage des enquêtes.
  3. Épistémologies du son. Le son confère une dimension sensible, verbale et non verbale, à l’information recueillie et manipulée par les sciences sociales. Pour étudier le son, celles-ci ont proposé différentes codifications, de la phonétique jusqu’à l’anthropologie cognitive, qui considère l’interaction humaine dans l’ensemble de ses dimensions gestuelles. Enregistrer, noter, transcrire, interpréter : de la captation matérielle jusqu’à son écoute, ces opérations matérielles induisent ou supposent autant de conceptualisations des rapports entre savoir, verbe et écrit - dont il convient de saisir les états et les transformations dans le temps et dans l’espace, mais aussi - et d’abord peut-être - une enquête en psychologie pour comprendre ce que le son fait à l’esprit.
  4. Entendre les sciences sociales. En travaillant sur le son, on ne saura oublier les rapports entre sciences de la société et leur transmission sonore, depuis le moment privilégié de la leçon jusqu’à la restitution orale de textes, par le biais de lectures, de mises en scènes, ou la création de sites web. L’anticipation de l’écoute peut participer à la recherche organologigue et aux recherches récentes en histoire de l’art.

L’équipe d’organisation s’attachera à élaborer des propositions musicales, théâtrales et filmiques, pour accompagner la réflexion et pour offrir ainsi des perspectives accessibles à un plus grand public.

5 octobre 2018 : Introduction. Pour une préparation collective du colloque "Faire silence: expériences, matérialités, pouvoirs"

 
7 novembre 2018 : Faire silence dans les arts et Historiographies du silence
Lecture de :
7 décembre 2018 : L'écologie du silence
S'il peut être un jeu ou une prise pour l'expérience de création, d'écoute ou de lecture, le silence demeure parfois subi et son expérience est alors négociée dans des espaces aux contraintes spécifiques (ou lieux sociofuges, Sommer, 1967). Les salles de la classe, les bibliothèques, certaines salles de spectacle, entre autres lieux, sont bien souvent de ces espaces où est attendu le silence. Si l'historicité du faire silence dans les salles de concert et de théâtre a été largement documenté (Bisaro & Louvat-Molozay, 2017), il convient à présent de comprendre comment se négocient en pratique, et en morale, ses injonctions (plus ou moins contraignantes) et comment elles informent les pratiques quotidiennes des acteurs qui parcourent ces espaces.
  • avec Anthony Pecqueux (AAU Cresson) "Ambigüités de l'écologie du silence: observatoires et cadres de recherche"
11 janvier 2019 : La fabrique du silence
Le silence est par essence ce qui fait défaut, et comme le soutient John Cage, le silence n’a pas d’existence ; seules existent des stratégies pour le faire exister. L’architecture a contribué de longue date à favoriser ce silence « dont les hommes ont besoin », comme le rappelle Le Corbusier à propos du couvent de La Tourette, silence qu’il a placé au cœur de son œuvre (Formes du silence, 2016). De leur côté, les historiens des sciences ont entrepris d’explorer les techniques qui historiquement ont doté les salles de concert de conditions pour entendre dans le silence (Thompson, 2002). Entre commande de client et techniques de construction, le silence résulte ainsi d’une construction sociale dont le séminaire abordera les dimensions par un dialogue entre disciplines. Avec la participation de :
  • Judith Dehail (AMU Lesa), "Le silencement paradoxal des musées de musique"
  • Daniel Deshays (ENSATT, Lyon): "Faire silence au théâtre et au cinéma: retour d'expériences"

5 février 2019 (de 19 h à 20 h 30, Conservatoire national à vocation régionale de Marseille, place Carli) : accueil dans la séance d'écoute "Oreille concrète : silence" (Pascal Gobin). Uniquement sur inscription auprès de Joao Fernandes (joao.dias-fernandes02@etud.univ-paris8.fr)

1er mars 2019 : "La trame du silence : arts sourds et parole indigène", organisée par Tamara Dmitrieva (EHESS), avec
  • Mélanie Joseph et Audrey Taguet, diplômées de l'Ecole nationale supérieure d'art et de design (Marseille-Méditerranée), du PiLab,
  • Cécile Van Den Avenne (Université de Paris-3) "La parole ainaudible des indigènes. Parcours textuel en Afrique coloniale")
La séance sera retransmise en visioconférence, à Marseille (salle A) et à Paris (54, bd Raspail, salle AS1_08)
 
5 avril 2019 : séance annulée

Intitulés généraux :

  • Christelle Rabier- Histoire de la médicalisation européenne, XIVe-XIXe siècle
  • Adresse(s) électronique(s) de contact : christelle.rabier(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Dernier volet de l’enseignement de Christelle Rabier, le séminaire « Le son des sciences humaines » conçu avec une partie du comité d’organisation de « Faire silence : expériences, matérialités, pouvoirs » a préparé le colloque, en explorant l’historiographie du silence, la fabrique du silence à la radio, au théâtre et au cinéma (avec Daniel Deshays), dans la musique concrète (avec Pascal Gobin), dans les arts plastiques (avec les artistes sourdes Mélanie Joseph et Audrey Taguet), comme le silencement analysé par les études urbaines ou muséales (avec Judith Dehail).

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 5 avril 2019.

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