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Anthropologie politique de la mémoire : usages postcoloniaux du colonial. Regards croisés entre Inde et Afrique

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

1er, 3e et 5e vendredis du mois de 11 h à 13 h (IISMM, salle de réunion, 1er étage, 96 bd Raspail 75006 Paris), du 2 novembre 2018 au 19 avril 2019. Il n'y aura pas de séance le 18 janvier 2019

Ce séminaire en anthropologie politique de la mémoire vise à explorer les pratiques mémorielles et les usages du passé pour l’action politique, au sens large d’engagement dans la vie publique. Cette année, il s’attachera à la présence du colonial au cœur du postcolonial et du décolonial. Des représentations de l’Autre et de soi fabriquées sous le colonialisme affectent toujours les sociétés d’aujourd’hui, que ce soit de façon implicite et peu réflexive, ou avec une mise à distance et une critique argumentée qui permettent de tenter de les contrer ou de les détourner. Dans cette optique, l’analyse des intentions actuelles (politiques, cérémonielles, scientifiques, artistiques, patrimoniales, etc.) de transcender la condition de la soumission d’autrefois, de renverser ses stigmates et de s’affranchir d’une intimité culturelle avec le colonisateur constituera le thème commun aux études que nous envisageons de discuter. Ces représentations sont appuyées sur des paroles, des objets, des écrits, des images ou encore des sons produits pendant le passé de la domination européenne qui constituent ce que l’on nomme parfois « l’archive coloniale ». Dans notre réflexion commune, il ne s’agira donc pas de « provincialiser » l’« Europe » (D. Chakrabarti), mais plutôt d’interroger les héritages contemporains significatifs d’une durée décoloniale que nous considérons être encore en cours et en devenir. Dans les situations que nous nous proposons d’observer, l’existence d’une telle durée est à l’œuvre à travers diverses formes d’adhésions à une doxa, des dénégations, des antagonismes et des anachronismes qui actualisent et transforment constamment le temps désormais révolu de la colonisation et pourtant encore agissant dans les consciences.

Le séminaire traitera tout particulièrement des formes commémoratives, muséales, théâtrales, éditoriales et littéraires de mise en scène des « origines » qui répètent des narrations qui les ont précédées mais qu’elles transforment aussi sans cesse. Dans ce cadre, nous analyserons des contextes dans lesquels des écrits, des images ou des sons ont été intégrés et interprétés non seulement comme des vecteurs de transformation sociale, mais aussi comme des sources mémorielles, faisant d’eux des sortes d’« archives ordinaires ». Nous étudierons ainsi diverses productions savantes (ethnologiques, sociologiques, historiques, etc.), fictionnelles (littéraires et filmiques), de vulgarisation ou de propagande (coloniale, missionnaire, patrimoniale), à travers leurs effets de réception et leurs élaborations créatives à des échelles locales et globalisées. Le séminaire a également pour ambition de contribuer à un questionnement épistémologique sur la notion d’archive(s) utilisée pour subsumer les matériaux de l’époque coloniale transformés en objets d’histoire et de mémoire.

Dans une perspective comparative et de décloisonnement des aires culturelles, le séminaire croisera les regards sur les mondes africains et indiens, permettant ainsi de faire émerger des problématiques similaires à ces espaces, tous deux pris dans le colonialisme, ou de révéler des spécificités liées à leurs diverses trajectoires historiques ainsi qu’aux cadres des empires concernés. Conjointement aux interventions assurées par les responsables du séminaire, des chercheurs extérieurs venus de différentes disciplines des sciences sociales – mais principalement issus de l’anthropologie, la sociologie ou la littérature et les arts – seront invités à présenter leurs travaux sur les mémoires postcoloniales du colonial à partir d’études de cas circonscrites.

Programme :

2 novembre : Présentation du séminaire

  • Marie-Aude Fouéré (EHESS/IFRA/IMAF) : « Création et circulation de la notion d’archive(s) postcoloniale »
  • Gaetano Ciarcia (CNRS/IMAF) : « La notion de mémoire culturelle en anthropologie »
  • Raphaël Rousseleau (Université de Lausanne/CEIAS) : « Décoloniser ou historiciser ? Un point de vue d'ethnologue de l'Inde »

16 novembre : Raphaël Rousseleau, Université de Lausanne/CEIAS « Les usages oriya (Inde) des études coloniales sur le dieu Jagannath »

30 novembre : Ninon Chavoz, Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle « Du Roi de Kahel à Camarade Papa : fictions de l'explorateur »

7 décembre : Gaetano Ciarcia, CNRS/IMAF « Aux origines de la culture vodun contemporaine au Bénin. Les films réalisés par le missionnaire ethnologue Francis Aupiais au Dahomey », 1ère partie

21 décembre : Mathieu Claveyrolas, CNRS/CEIAS « La mémoire sélective des héritages à l’île Maurice : Afrique, Inde et plantation »

1er février : Mihena Maamouri, EHESS/IMAF « La biographie sociale des objets à l’épreuve du terrain : entre perspective historique et données ethnographiques. L’exemple du botchio du Bénin »

15 février : Raphaël Rousseleau, Université de Lausanne/CEIAS « Post-colonial ou national primitivism ? L'art tribal indien »

1er mars : Andrea Ceriana Mayneri, CNRS/IMAF « Le musée ethnographique “Barthélémy Boganda” de Bangui : mémoires et violences ordinaires dans une institution publique centrafricaine »

15 mars : Émilie Guitard, IFRA-Ibadan (CNRS/MEAE) « “Don’t scare me like that, colonizer!”. Black Panther, un film post-colonial ? »

29 mars : Claire Ducournau, Université Paul-Valéry - Montpellier 3, RIRRA21 « De Bingo à Amina en passant par Awa : mémoires du colonial dans des magazines africains postcoloniaux (années 1950-1970) »

5 avril : Gaetano Ciarcia, CNRS/IMAF « Aux origines de la culture vodun contemporaine. Les films réalisés par le missionnaire ethnologue Francis Aupiais au Dahomey », 2e partie

19 avril : Zoé Headley, CNRS/CEIAS « Histoire sociale de la photographie au Tamil nadu »

Aires culturelles : Afrique, Inde,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Marie-Aude Fouéré- Anthropologie des pratiques non savantes de l'archive en Afrique
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    Marie-Aude Fouéré : master uniquement (marie-aude.fouere(at)ehess.fr) ; Gaetano Ciarcia : master et doctorat (ciarcia.gaetano(at)wanadoo.fr).

    Réception :

    sur rendez-vous par courriel.

    Niveau requis :

    master, doctorants, chercheurs.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : marie-aude.fouere(at)ehess.fr, ciarcia.gaetano(at)wanadoo.fr

    Compte rendu

    Mon enseignement principal, organisé avec Gaetano Ciarcia (CNRS/IMAF) et Raphaël Rousseleau (Université de Lausanne/CEIAS), s’attache à étudier la présence du colonial au cœur du postcolonial et du décolonial. Le séminaire a traité tout particulièrement des formes commémoratives, muséales, théâtrales, éditoriales et littéraires de mise en scène des origines qui répètent des narrations qui les ont précédées mais qu’elles transforment aussi sans cesse. Conjointement aux interventions assurées par les responsables du séminaire, des chercheurs extérieurs venus de différentes disciplines des sciences sociales – mais principalement issus de l’anthropologie, la sociologie, la littérature et les arts – ont été invités à présenter leurs travaux sur les mémoires postcoloniales du colonial à partir d’études de cas circonscrites. Nous avons reçu Ninon Chavoz (Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle) sur la figure de l’explorateur, Mathieu Claveyrolas (CNRS/CEIAS) sur les héritages raciaux et identitaires à l’île Maurice, Andrea Ceriana Mayneri (CNRS/IMAF) sur les mémoires de la violence dans un musée ethnographique africain, Émilie Guitard (IFRA-Ibadan, CNRS/MEAE) sur un block buster américain « décolonial » sur l’Afrique, Claire Ducournau (Université Paul-Valéry - Montpellier 3, RIRRA21) sur des magazines africains postcoloniaux, et Zoé Headley (CNRS/CEIAS) sur la photographie au Tamil Nadu. L’ensemble de ces interventions et leurs discussions par les organisateurs ont permis de débattre des catégories de colonial, postcolonial et décolonial et de la pertinence de leurs usages en fonction du point de vue des acteurs et du point de vue du chercheur.

    En outre, j’ai animé un séminaire de tronc commun de la mention Ethnologie et anthropologie sociale avec Olivier Allard (maître de conférences, EHESS/LAS), le « Séminaire international des anthropologues ». Il permet aux mastérisants de bénéficier des enseignements d’anthropologues internationaux de renom et de les familiariser avec la langue anglaise dans un cadre concret de communication scientifique afin de les préparer à l’internationalisation des carrières d’enseignant-chercheur en anthropologie. Les présentations des invités ont traité du traitement politique des photographies en Inde (Christopher Pinney), de l’usage des concepts mathématiques en anthropologie (José Antonio Kelly), des possibilités et des limites de la traduction (Bruce Mannheim), de la notion de vulnérabilité dans les rapports hommes-animaux (Don Kulick), et de l’anthropologie des savoirs sur la nature et l’environnement (Carlos Mondragon).

    Publication

    • Avec Nadine Beckmann et Lain Walker, « Traduction de “Voyages en Afrique orientale des années 1859 à 1865” de Von der Decken », Études Océan Indien (revue de l’INALCO, Paris), 2018, n° 53, p. 349-396.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 11 février 2019.

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