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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Le séminaire aborde la fabrique concrète du droit, de l’espace et des appartenances sous l’angle de leurs interférences avec les pratiques de l’État, et dans le souci constant d’articuler les cas locaux et les problèmes généraux. Il privilégie une aire – le Saint-Empire à l’époque moderne – où aucun de ces termes ne va de soi : le droit procède de sources et d’instances concurrentes, l’espace est marqué par une fragmentation territoriale, les appartenances connaissent une grande diversité sociale, spatiale et confessionnelle, l’État peine à être saisi dans le feuilleté de plusieurs niveaux d’étaticité. Le croisement de ces complexités est présenté comme un objet fractal, au sens où l’actualisation, par les acteurs, de ces distinctions fait advenir une circulation constante, fluidifiée et inventive entre les différentes échelles et les différents rythmes de référence et d’action. Comment, et selon quelles catégories, est-il dès lors possible d’appréhender ce système complexe et de le comparer à d’autres régions où, en apparence, on sait mieux ce que les notions d’« État », de « territoire » et d’« appartenance » veulent dire ?

Le séminaire sera cette année consacré à une structuration plus grande du travail collectif, peut-être sous une forme et selon un rythme renouvelés. Il est donc essentiel de consulter le programme précis lorsqu’il sera publié. Ce travail collectif, qui aspire à constituer un point de ralliement des recherches actuelles sur le Saint-Empire, vise également à approfondir et ouvrir les chantiers communs qui ont déjà produit des résultats appréciés comme l’ouvrage collectif issu du programme formation recherche du CIERA sur « le Saint-Empire ; histoire sociale » ou comme le glossaire « les mots du Saint-Empire » mis en ligne en 2014, ainsi que ceux qui nous occuperont à l’avenir, à propos en particulier de la cartographie du Saint-Empire. L’année permettra d’autre part de présenter les nouveaux chantiers des participants au séminaire.

Les séminaires eux aussi ont une histoire. Celui-ci, depuis dix ans, fédère un noyau de jeunes chercheuses et chercheurs dont plusieurs ont entre-temps trouvé leur place dans l’enseignement supérieur et la recherche. Ensemble, ce groupe a déjà animé un programme formation recherche du CIERA suivi d’une publication (Le Saint-Empire. Histoire sociale, xvie-xviiie siècles, sous la dir. de Falk Bretschneider et Christophe Duhamelle, Paris, 2018) et il poursuit depuis plusieurs années la rédaction d’un glossaire en ligne du Saint-Empire moderne, Les mots du Saint-Empire (https://saintempire.hypotheses.org/publications/glossaire), auquel cette année encore une séance a été consacrée. Le séminaire prend ainsi de plus en plus le caractère d’un groupe de réflexion et d’échange et revêt par conséquent depuis l’an dernier une forme particulière : six séances de quatre heures propices à ces retrouvailles régulières. Ce que tous les participants ont en partage, c’est à la fois l’expérience commune des spécificités du terrain germanique du xvie au xviiie siècle ainsi que des arcanes de sa documentation archivistique, et la nécessité de réfléchir aux catégories par lesquelles cet objet complexe peut être ouvert à la comparaison et à l’échange avec les modernistes qui, majoritairement, travaillent sur d’autres terrains.

Le séminaire aborde ainsi la fabrique concrète du droit, de l’espace et des appartenances sous l’angle de leurs interférences avec les pratiques de la domination, et dans le souci constant d’articuler les cas locaux et les problèmes généraux. Il privilégie une aire – le Saint-Empire à l’époque moderne – où aucun de ces termes ne va de soi : le droit procède de sources et d’instances concurrentes, l’espace est marqué par une fragmentation territoriale, les appartenances connaissent une grande diversité sociale, spatiale et confessionnelle, l’État peine à être saisi dans le feuilleté de plusieurs niveaux d’étaticité. Le croisement de ces complexités est présenté comme un objet fractal, au sens où l’actualisation, par les acteurs, de ces distinctions fait advenir une circulation constante, fluidifiée et inventive entre les différentes échelles et les différents rythmes de référence et d’action. Comment, et selon quelles catégories, est-il dès lors possible d’appréhender ce système complexe et de le comparer à d’autres régions où, en apparence, on sait mieux ce que les notions d’« État », de « territoire » et d’« appartenance » veulent dire ? Chacune et chacun des participants réguliers a fait état de l’avancement de ses interrogations sur tous ces points afin de nourrir la réflexion commune.

Le séminaire a également accueilli deux intervenantes extérieures. La durée des séances (quatre heures) a permis à ces deux rencontres d’aller bien au-delà d’une simple présentation des recherches en cours pour explorer également l’expérience du travail sur un terrain étranger, les questions d’insertion et de dialogue dans l’historiographie française et l’historiographie « hôte », et l’élaboration concrète des catégories de l’internationalisation et de la comparaison en histoire moderne. Indravati Félicité (Université de Paris Diderot/Paris 7), spécialiste de l’histoire des relations internationales et de l’histoire urbaine de l’aire germanique moderne, et Héloïse Hermant (Université Nice-Sophia Antipolis), spécialiste de l’histoire de l’État dans le monde hispanique à l’époque moderne, ont accepté cette année de se prêter à cet exercice.

Publications
Falk Bretschneider

• Avec Julie Claustre, Isabelle Heullant-Donat et Élisabeth Lusset, Le cloître et la prison – les espaces de l’enfermement, Webdocumentaire : http://cloitreprison.fr/, 2018.
• « Rete stradale e pratiche penali nel Sacro Romano Impero in epoca moderna », Quaderni storici 158 =, 2018, 2, p. 353-388.
• L’Europe, encyclopédie historique, sous la dir. de Christophe Charle et Daniel Roche, en collaboration avec Paul Boulland, Christophe Duhamelle, Bruno Dumézil, Antoine Lilti, Brigitte Marin, Stéphane Van Damme et Blaise Wilfert-Portal, Arles, Actes Sud, 2018. Rédaction des articles « Peines corporelles », p. 597-598 et « Prison », p. 601-604.

Christophe Duhamelle

• « En quoi le calendrier julien était-il “protestant” ? (Saint-Empire, XVI^e-XVIII^e siècles) », Bulletin annuel de l’institut d’histoire de la Réformation, XXXIX, 2017-2018, p. 25-46.
• « Conclusions », dans « Signes et scènes de la conversion dans l’espace public (Antiquité – période moderne) », sous la dir. de Pierre Savy, Claire Sotinel, dossier paru dans Archives de sciences sociales des religions, 63-182, 2018, p. 249-255.
• L’Europe, encyclopédie historique, sous la dir. de Christophe Charle et Daniel Roche, en collaboration avec Paul Boulland, Christophe Duhamelle, Bruno Dumézil, Antoine Lilti, Brigitte Marin, Stéphane Van Damme et Blaise Wilfert-Portal, Arles, Actes Sud, 2018. Rédaction des articles « Frédéric II de Prusse, l’avènement d’une puissance », p. 994-995, « Le Gotha : cabinet des titres de l’aristocratie européenne », p. 996-997, « Dynastie des Hanovre : régner au loin » (p. 1004-1005), « Saint Empire : un État sans modèle », p. 1040-1043, « Fugger : la première multinationale », p. 1361-1362, « Bibliothèque Palatine : les livres disputés », p. 1391-1392.
• « Le statut de minorité confessionnelle dans le Saint-Empire romain germanique à l’époque moderne », dans Les protestantismes en Lorraine, XVI^e-XXI^e siècle, sous la dir. de Laurent Jalabert, Julien Léonard, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 61-75.