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Enquête collective : mémoires coloniales de Marseille (I)

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

De 9 h à 17 h (EHESS-Marseille, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille), du 1er au 28 février 2019. Séances préparatoires : de 11 h à 17 h le 6 novembre (sortie terrain), de 14 h à 17 h les 20 novembre, 8 et 22 janvier de 14 h à 17 h, salle A

Cet enseignement consiste à former les étudiants à l’enquête de terrain en sciences sociales à partir d’une pratique directe et collective de l’enquête. Cette année, l'enquête portera sur les mémoires coloniales de Marseille.

Les étudiants de master 1, encadrés par des enseignants du Centre Norbert-Elias et du CREDO, participent à toutes les étapes de la recherche, de la construction de l’objet de recherche à l’enquête in situ (volets qualitatif, quantitatif et archivistique), et produisent un document final visant à interpréter les matériaux recueillis.

D’une durée d’un mois, l’enquête collective est ponctuée d’interventions de chercheurs internes et externes aux deux laboratoires, au cours desquelles une réflexion épistémologique et réflexive est engagée.

L’enquête collective vise explorer les traces matérielles et immatérielles des colonisations européennes dans la ville de Marseille. L’enquête entrera dans les fonds patrimoniaux muséaux et documentaires (livres, archives papier et audiovisuelles, collections muséales, architecture/urbanisme), mais aussi interrogera la démographie, en partie façonnée par les immigrations venues des colonies et des anciennes colonies. L’enquête entend enfin interroger la mémoire de cette colonisation auprès des responsables institutionnels (Direction des Affaires culturelles, Musées, associations) comme des héritiers des acteurs de cette histoire coloniale (exilés des anciennes colonies, enfants de cette génération) afin d’envisager les différentes facettes des mémoires marseillaises de la colonisation.

Thème fédérateur proposé pour l’année 2018-9 : Un musée de la colonisation à Marseille ? Pour qui et pourquoi ?

Au moment où l’on s’interroge, au niveau national, sur les conditions de la restitution d’œuvres exposées dans les musées français, acquises ou spoliées sous la période coloniale, la ville de Marseille semble prête à ouvrir une réflexion sur les nombreux fonds dont elle dispose héritée de cette même période coloniale. L’interrogation portée par le musée de la ville de Marseille sur la présentation des collections contemporaines, le transfert prévu des objets dont disposent la Chambre de Commerce et de l’Industrie vers le MuCEM, le recul propice à la réflexion que l’on a sur les projets préparés il y une dizaine d’années et qui ont échoué (le Mémorial de la France d’outre mer, l’exposition « Désirs d’ailleurs » sur l’exposition coloniale de 1906), nous amène à proposer cette année un thème fédérateur autour des enjeux, des possibilités ou des impossibilités de la mise en musée de la colonisation à Marseille en particulier.

La ville de Marseille fut, on le sait, une porte d’entrée de l’empire français (et des Empires coloniaux en général). Porte d’entrée ancienne dont témoigne l’importance des galères aux xvie  et xvie siècles et la présence de nombreux « esclaves turcs », la ville connaît indéniablement une impulsion avec l’avènement du second empire colonial à partir de la conquête de l’Algérie en 1830. Port d’entrée de marchandises, matières premières, port de transit de voyageurs, migrants et travailleurs, Marseille est par son histoire profondément marquée par la question coloniale. Les expositions coloniales de 1906 et 1922, la création d’un musée colonial et d’un institut colonial, le réseau des missions religieuses, la présence de travailleurs coloniaux et surtout de troupes coloniales nombreuses pendant la Première guerre mondiale et à la fin de la seconde guerre mondiale et enfin les effets de la décolonisation, le reflux des pieds noirs et Harkis et l’arrivée de nombreux travailleurs émigrés dans les années 1950-1970, ont laissé de traces dans les archives, dans la ville et dans les esprits.

Cette histoire polymorphe et polyphonique attentive aux sensibilités de l’ensemble des acteurs de part et d’autre de la césure coloniale, peut-elle être racontée, partagée et mise en musée ou en exposition ?

Dans le cadre de l’enquête collective, nous vous proposonscette année de réfléchir plus précisément à l’état des collections et ce que l’on peut en faire aujourd’hui en questionnant les responsables des principales institutions concernées, en portant attention aux fonds disponibles et à leur histoire propre et en analysant les possibilités de leur mise en lumière. Un musée étant un lieu vivant, il s’agit aussi de s’interroger sur les usagers du lieu en projet, leurs attentes, désirs ou refus et crispations, en regard d’un héritage colonial dont on connaît toute la complexité et la difficulté de transmission.

En posant la question : « Un musée de la colonisation à Marseille ? Pour qui et pourquoi ? » nous n’épuisons pas le thème plus général de l’enquête collective « Les mémoire(s) coloniale(s) de Marseille ». Il s’agit seulement de proposer une porte d’entrée cohérente venant nourrir une réflexion qui est aujourd’hui particulièrement d’actualité.

Carnet de recherche : https://memoiresmars.hypotheses.org/

L'enquête fera l'objet d'une restitution par les enseignantes et les étudiant-e-s le :

mercredi 3 avril 2019, 14h-17h

Centre de la Vieille Charité, salle du Miroir (rez-de-chaussée)

Entrée libre, dans la limite des places disponibles

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Intitulés généraux :

Adresse(s) électronique(s) de contact : laure.ginod(at)univ-amu.fr, isabelle.merle13(at)gmail.com, christelle.rabier(at)ehess.fr

Compte rendu

Au croisement de l’histoire matérielle et de l’histoire coloniale, l’enquête collective du Master RCAHS « Mémoires coloniales de Marseille (1) », co-animée par Maroussia Ferry, Christelle Rabier et Isabelle Merle, a représenté une occasion neuve d’interroger les restes matérielles de l’histoire impériale du port phocéen, entre archives, fonds imprimés patrimoniaux, fonds muséaux, patrimoine architectural. L’enquête a bénéficié des éclairages des professeurs invités : Damiana Otoiu (Univ. Bucarest) ; Kamel Kateb (Ined) ; Hendrik Sturm (Beaux-Arts, Toulon) ; Gillian Weiss (Case Western Reserve University). Une exploration des recensements a complété les entretiens auprès de personnels de conservation (musées, archives, bibliothèques), acteurs associatifs, artistes, et des visites de fonds d’archives (ANOM, Archives municipales, Alcazar, Chambre de commerce et d’industrie, Centre de documentation sur l’histoire de l’Algérie etc.). Les recherches mises en forme textuelle et audiovisuelle ont présenté le riche matériau accumulé et analysé au cours de l’enquête : mises en formes de la mémoire coloniale dans le cadre marseillais et les « hiérarchies du souvenir » qu’elles impliquent – Mémorial de la France d’Outre-mer ; figure de Jules-Charles Roux ; cimetière du Commonwealth ; les motivations des acteurs au cours des Expositions coloniales (1906 et 1923) ; les sciences coloniales et les collections muséales de Marseille (Musée colonial ; les mémoires contrastées des personnes rapatriés d’Algérie. L’enquête doit se poursuivre en 2019-2020 avec une réflexion sur les mémoires intimes de la décolonisation.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 4 juillet 2019.

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