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Mercredi de 14 h à 16 h (salle 12, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 novembre 2018 au 5 juin 2019. Cf. calendrier des séances ci-dessous
Aux États-Unis, les débats politiques ont, depuis quelques années, remis en cause un consensus libéral qui semblait s'être imposé dans les années 1990, à la faveur de la chute du communisme et du tournant post-reaganien du parti démocrate. Des mouvements sociaux comme Occupy Wall Street et le Tea Party, les surprises électorales comme la forte campagne aux primaires de Bernie Sanders ou l'élection de Donald Trump, puis les politiques mises en place par ce dernier, ont refait surgir la question des inégalités économiques, et de la production de richesses et de sa juste distribution, et par-dessus tout le rôle de l'Etat pour réguler ces problèmes.
Dans le prolongement des années précédentes, ce séminaire explore, dans leur profondeur historique, ces visions économiques antagonistes et leurs mises en œuvre politique. S'appuyant notamment sur deux historiographies en plein renouveau – l'histoire de l'État et l'histoire du capitalisme – nous étudierons la place changeante de l'État dans la construction, la transformation, et la régulation de l'espace économique ; et la centralité des luttes politiques pour contrôler son rôle, le limiter, voire y échapper. Si la thématique sera abordée de manière large, le séminaire s'articulera principalement autour d'un chantier, qui porte sur les dettes publiques étatsuniennes, prisme qui nous permettra d'aborder concrètement et finement les mobilisations politiques et les transformations des rapports des citoyens au gouvernement et la démocratie à travers cet instrument financier particulier.
7 novembre 2018 : L’économie et l’État américain, 1860-1915 : nouvelles questions
1re séquence : Les transformations du capitalisme et la Reconstruction américaine
21 novembre 2018 : Retour sur une synthèse : Reconstruction d’Eric Foner
5 décembre 2018 : Comment penser l’économie d’un après-guerre ? Les lendemains de la guerre de Sécession
16 janvier 2019 : Les transformations de la monnaie, le capitalisme et l’État après la guerre de Sécession
2e séquence : Enjeux politiques des dettes publiques – reconfigurations de pouvoir et redistribution des richesses
30 janvier 2019 : Les dettes publiques en perspective mondiale
13 février 2019 : Dettes de guerre et essor du libéralisme américain
20 février 2019 : Sayaka Sakoda (Université Doshisha, Kyoto) : « Historical evolution of inequalities and evolving attitudes towards redistribution: an approach based on the concept of self-responsibility »
6 mars : Retour sur les rentiers américains
20 mars : J.P. Morgan et la dette américaine (1) : refinancement et réseaux internationaux
3 avril : J.P. Morgan et la dette américaine (2) : politiques de l’or
17 avril : J.P. Morgan et la dette américaine (3) : money power et réforme bancaire
14 mai : pas de séance
29 mai : Michael Huberman (Université de Montréal) : « Hours of work and inequality in the long run »
5 juin : Eric Hilt (Wellesley University) : « The Birth of Finance Capitalism in America »
Mots-clés : Action publique, Administration, Capitalisme, Citoyenneté, Démocratie, Économie politique, État et politiques publiques, Histoire économique et sociale, Mouvements sociaux, Politique, Politiques publiques, Politiques sociales,
Aires culturelles : Amérique du Nord,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations des Amériques
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
licence
Site web : http://cena.ehess.fr
Adresse(s) électronique(s) de contact : nicolas.barreyre(at)ehess.fr
Pour sa troisième année, ce séminaire désormais à une seule voix a continué son travail d’exploration des liens entre économie et politique aux États-Unis, avec une focale chronologique plus resserrée, allant de la guerre de Sécession à la Première Guerre mondiale – une période de transformations politiques et économiques radicales dans le pays, mais aussi le premier moment d’explosion des inégalités de richesses.
Les changements constitutionnels, institutionnels et politiques provoqués par la guerre de Sécession, d’une part, et l’essor économique américain lors de la deuxième industrialisation, d’autre part, sont des phénomènes déjà très étudiés, mais quasiment toujours séparément. Or il y a un enjeu à comprendre comment les deux sont liés, en particulier dans le moment historiographique présent.
Le séminaire a suivi deux séquences. Revenant sur un classique de la littérature sur la sortie de la guerre de Sécession, la première a permis d’explorer la notion d’après-guerre économique dans un contexte d’abolition de l’esclavage, et identifié le rôle des grandes politiques économiques dans la reconstruction politique du pays. Elle a permis de montrer, notamment, à quel point les mobilisations pour plus de justice économique ont produit une réaction d’affirmation de principes libéraux de primat du marché qui ont permis l’abandon des réformes de citoyenneté (et notamment d’égalité raciale) et de négation de la légitimité démocratique à réordonner la redistribution des richesses en faveur du plus grand nombre.
La seconde séquence, plus longue, a travaillé la question de la dette de guerre pour explorer notamment la place des banquiers, et à travers eux des rentiers, dans la construction du capitalisme américain – autant financier qu’industriel, à bien des égards, comme l’a montré également l’intervention d’Eric Hilt, professeur d’histoire économique à Wellesley University. Cette exploration, notamment autour de l’essor de la figure de J.-P. Morgan, a permis non seulement de fortement relativiser l’image d’Épinal d’un pays de self-made men, mais de montrer comment le refinancement de la dette après la guerre a été un moment clé où l’État fédéral a permis la constitution d’un petit groupe de financiers internationaux dont les affaires allaient conduire à une concentration des richesses sans précédent dans l’histoire du pays. C’est à cette aune qu’il faut comprendre le rôle particulièrement actif de l’État dans la construction du type de capitalisme qui prévaut aux États-Unis à la veille de la Première Guerre mondiale.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 14 mai 2019.