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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Cosmopolitiques des attachements

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Jeudi de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris), les 1er et 28 mars, 4 avril et 9 mai 2019. La séance du 28 mars est annulée et reportée au mardi 4 juin, de 10 h à 12 h, salle 13, 105 bd Raspail puis de 13 h à 17 h, salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris

Le séminaire « Cosmopolitiques des attachements » se propose d’inventorier et comparer les manières dont les communautés locales, notamment les peuples dits autochtones, ré-agissent aux bouleversements que rencontrent leurs attachements à la terre et aux êtres qui peuplent leurs territoires.

En effet, là où l’Occident, par le récit de l'Anthropocène, commence à mettre en doute l’idéal d’une humanité détachée de sa terre, les autres collectifs non anthroposcénisés témoignent d’un récit de l’humanité distinct, qui fait souvent valoir un mode d’attachement plus « encastré » et « intégré » à la multitude d’êtres qui peuple leur terre.

Face aux bouleversements environnementaux devenus particulièrement saillants ces dernières décennies, il apparaît clairement que ce qui émeut et met en mouvement ici, n’émeut pas de façon symétrique là-bas. Les détachements induits par la globalisation (à l’égard des esprits, des mers, des terres, des lieux, des êtres humains et non humains, des moyens de production et d’échange, etc) ne produisent pas les « rattachements » escomptés par l’Occident. On voit plutôt apparaître la création de nouvelles attaches aux êtres, qui conditionnent l’émergence de nouveaux collectifs et reconfigurent l’écologie des mondes partagés.

C’est l’émergence de ces nouveaux assemblages locaux et globaux, spécifiques et interspécifiques, que nous souhaitons appréhender en portant toute notre attention sur les interrelations liant les humains aux non humains défiés par les métamorphoses de leur habitat partagé.

Pour ce faire, nous proposons de nous appuyer sur le concept d’attachement tel que l’a redéfinit René Zazzo (1974) à partir des travaux pionniers des éthologues Lorenz et Harlow et du psychanalyste John Bowlby (1969).

L’attachement y est entendu comme une disposition d’être au monde partagée, une tendance originelle et permanente à rechercher dans son environnement la relation à autrui et à promouvoir l’interaction et la coopération entre les individus. Cette propension à se lier à l’autre répondrait d’un besoin primaire de l’être humain qui ne lui serait pas propre puisqu’elle s’observe chez d’autres êtres non humains, ce qui explique la faculté de l’attachement à lier des individus d’une même espèce ou de deux espèces différentes.

Ce séminaire entend évaluer la fertilité de ce concept dans la compréhension des transformations qui animent aujourd’hui les collectifs d’humains et de non humains face aux transformations climatiques et autres phénomènes mondialisés.

À partir d’études de cas ethnographiques, nous chercherons à inventorier et comparer les multiples formes d’attachements et de détachements aux êtres et à la terre, lesquels constituent autant de « cosmopolitiques des attachements » mises en œuvre par les humains.

Le séminaire se tiendra de 11 h à 13 h et de 14 h à 18 h et se déroulera sous la forme d’ateliers au cours de laquelle un chercheur présentera une étude de cas ethnographique. Cette présentation sera suivie d’une discussion collective visant, à partir de ces données, à explorer les problématiques liées à la cosmopolitique des attachements. Le séminaire sollicitera donc l’anthropologie et l’ethnographie en premier chef. D’autres disciplines telles que l’écologie, l’éthologie, les sciences cognitives, la psychanalyse, la biologie, la linguistique, l’histoire, les sciences politiques, le droit, les arts ou la philosophie seront également mobilisées.

Il est ouvert aux étudiants en master 1 et 2 qui pourront le valider par la présence aux 4 séances et la remise d’une fiche de synthèse libre sur une ou l'ensemble des journées.

La bibliographie référente au séminaire et aux chercheurs est à découvrir sur le site du Laboratoire d’anthropologie sociale : http://las.ehess.fr/

La journée du 1er mars sera animée par Barbara Glowczewski, (de retour de terrain ), et consacrée à l'Australie et aux luttes partagées avec d'autres peuples autochtones, notamment en Guyane. Un jeu sera proposé pour comprendre l'organisation sociale et rituelle de la cosmologie totémique des Warlpiri et de leurs voisins du désert.

La séance du 28 mars sera animée par Florence Brunois-Pasina (également de retour de terrain), et consacrée à La solidarité entre humains et non humains face à la catastrophe écologique et sanitaire du dernier tremblement de terre en Nouvelle-Guinée.

La séance du 28 mars est annulée et reportée au mardi 4 juin, de 10 h à 12 h, salle 13, 105 bd Raspail, puis de 13 h à 17 h (salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris)

Le 4 avril nous accueillerons Caroline Darroux, ethnologue (associée CGC, Université de Bourgogne), directrice scientifique de la Maison du patrimoine oral de Bourgogne (ethnopole )présentera comment les populations locales, du Morvan au bassin minier de Saône-et-Loire, résistent à l'effacement continu de la profondeur de leur existence par la production de récits collectifs.

Les récits oraux, loin de se conformer à l'immatérialité inactive dans laquelle la société occidentale les a confinés, performent le réel en déployant des trames politico-fictionnelles, des êtres liminaires et en reliant des temporalités sur un même continuum. Ils font émerger des figures libertaires autour desquelles les groupes s'assemblent pour resingulariser leur rapport au lieu face aux téléologies et aux normes dominantes du progrès, du capitalisme et de la modernité. De nouvelles solidarités s'inventent d'un jeune adulte venu d'Algérie à la vieille femme indocile qui habite le Morvan. Cette mécanique narrative, le plus souvent cachée et infrapolitique, surgit par un travail prolongé d'ethnographie active. L'acte ethnographique peut alors prendre place dans une dynamique de sortie collective du désœuvrement politique. Ce processus est celui de la "Fabrique à rêves" qui sera présenté. Cette Fabrique se concrétise depuis un an et demi avec l'artiste Benjamin Burtin, elle est portée par la collectivité (CIAS de l'Autunois) et la société civile (la MPOB). Elle a pour ambition de questionner la convergence entre les attachements d'ici et d'ailleurs, et faire travailler la notion d'autochtonie au sein de l'orbite occidentale.
 
Le 9 mai, Séverine Lagneaux, Laboratoire d'Anthropologie prospective (LAAP) Université de Louvain (UCL) interviendra sur : Moi, je les tiens à l’œil ! Prédiction et prévoyance en élevage européen.

Jean-Marie et Marc sont tous deux éleveurs. A première vue et selon un examen peu attentif de leurs usages des techniques, nous pourrions penser que ces hommes effectuent des mouvements contraires. En effet, alors que Jean-Marie a laissé tomber son élevage porcin industriel pour créer ses propres « gites » de plein air sur base de son observation fine et de sa connaissance accrue de ses animaux, Marc a délégué plusieurs tâches contraignantes, dont la traite de ses vaches, à des robots. De cette façon, l’on pourrait superficiellement penser qu’à un rapprochement des cochons s’opposerait un éloignement des vaches. Il n’en est rien ainsi que nous le montrerons : attachement et détachement se combinent de part et d’autre. Les éleveurs reconnaissent tous deux de plus en plus de capacités à leurs bêtes et en usent pour améliorer leur vie domestique hybride de façon différente des modèles de conduite préconisés par les techniciens et les agronomes. Ainsi nous n’assistons pas à un remplacement de l’observation par la technologie mais bien à une composition de prédiction par projection et de prévoyance sur base de l’interprétation d’indices en vue d’anticiper tous problèmes contrevenant à la routine de l’élevage dont les êtres vivants qui la composent en dépendent tout à la fois.

4 juin : la dernière séance de notre séminaire sera consacrée : 
  • de 10 h à 12 h, salle 13, 105 bd Raspail : Florence Brunois Pasina présentera "la désolidarisation entre humains et non humains face à la catastrophe écologique et sanitaire du dernier séisme en Nouvelle-Guinée ou la fin vrai d'un monde?"
  • de 13 h à 15h , salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris : Tvaïan. Documentaire de Nastassia Martin sur les Even du Kamtchatka repartis vivre en forêt à la chute de l'Union Soviétique.
  • de 15 h à 17 h, salle M. & D. Lombard, 96 bd Raspail 75006 Paris :   oraux des étudiants.
 

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : LAS - Laboratoire d'anthropologie sociale

Renseignements :

le séminaire "Cosmopolitiques des attachements" est un séminaire de recherche (LAS/CNRS/EHESS) de l'équipe Anthropologie de la percetion : cosmopolitiques des attachements du LAS.

Direction de travaux d'étudiants :

le suivi des étudiants se fait sur rendez-vous. Pour la validation, les étudiants sont invités à suivre l'ensemble des séances du séminaire et à restituer une fiche synthétique à partir d'un cas ethnographique présenté au séminaire ou sur lensemble des interventions.

Pour une direction de master 1 et 2, contacter F. Brunois Pasina et B. Glowczewski.

Pour une direction de thèse de doctorat, contacter B. Glowczewski.

Réception :

contacter les chercheurs par courriel pour prendre rendez-vous.

Niveau requis :

le séminaire est ouvert sans niveau requis.

Site web : http://las.ehess.fr/

Adresse(s) électronique(s) de contact : flobrunois(at)gmail.com, barbara.glowczewski(at)gmail.com, nastafaride(at)hotmail.com, nicoelephant(at)gmail.com

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 19 juillet 2019.

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