S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
Jeudi de 19 h 30 à 21 h 30 (cf. salles ci-dessous), les 15 et 29 novembre, 13 décembre 2018, 24 janvier, 7 et 21 février, 14 et 21 mars, 4 et 11 avril, 9 et 23 mai, et 13 juin 2019
Anne Doquet (chargée de recherche à l'IRD) et Éric Jolly (chargé de recherche au CNRS) participent à l'animation du séminaire.
Ce séminaire propose de réfléchir aux rôles moteurs des formes, des pratiques et des savoirs artistiques dans l’élaboration et dans la circulation de structures, mouvements, idéologies et imaginaires politiques sur le continent africain et dans ses diasporas, sur la longue durée. Aussi, nos travaux porteront sur les arts visuels et performatifs au sens large du terme (danse, théâtre, arts plastiques, photographie, cinéma, musique, littérature, arts numériques…) et s’inscriront dans une démarche à la fois historienne, critique et transdisciplinaire. Anthropologie, archéologie, histoire, histoire de l’art, sciences politiques, cultures visuelle et matérielle, études coloniales, postcoloniales, décoloniales et diasporiques de l’Afrique… se côtoieront et se questionneront mutuellement. Les séances s’articuleront autour de présentations de chercheurs (théoriques, méthodologiques ou fondamentales) et/ou de praticiens, que ce soient des artistes, des acteurs culturels ou des activistes. Divers et reflétant une large palette de points de vue, les travaux et les approches présentés auront en commun de prendre acte du fait que travailler (sur) les intersections entre art(s) et politique(s) suppose un engagement au fondement duquel la réflexion et la théorisation sont de mise.
Thématique du cycle 2018-2019 : Futurs des Afriques et de leurs diasporas
Futur ou, mieux, futurs. Futurs de villes, d’écologies, de constructions des genres ; futurs des techniques et des sciences ; de la violence – politique, économique, sociale ; de l’espoir ; des notions mêmes de futur… Penser, dire, donner corps à ces futurs et à d’autres, connexes, depuis les Afriques et leurs diasporas : telles sont les tâches, critiques, que se fixent à travers leurs pratiques et leur réflexions les plasticien·ne·s, cinéastes, performeur·e·s et écrivain·e·s, les philosophes et chercheur·e·s, les commissaires et activistes culturels qui interviendront dans le séminaire en 2018-2019. Engagées, indociles, voire radicales, les propositions qu’elles·ils développent mettent à mal a priori et doxas.
15 novembre 2018 (auditorium, Cité Internationale des Arts 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Huey Copeland, « Solar Ethics »
Huey Copeland est professeur d’histoire de l’art à Northwestern University (Evanston, USA). Dans cette même institution, il est affilié au Programme sur la théorie, le genre et la sexualité, au Département d’études africaines-américaines et au Département de théorie et de pratique des arts. Sa recherche et son enseignement portent sur les articulations entre blackness et champs visuels dits « occidentaux » dans l’art moderne et contemporain. Membre du comité de rédaction de Artforum, Copeland a publié de nombreux articles et essais dans des revues allant de American Art à Small Axe, dans des anthologies, dans des catalogues d’exposition. Il est l’auteur de Bound to Appear : Art, Slavery, and the Site of Blackness in Multicultural America (University of Chicago Press, 2013). Actuellement, il travaille sur une série de projets éditoriaux qui explorent les intersections entre race, genre et esthétique dans le monde moderne.
In this lecture, Huey Copeland differently considers how the radical practices of the 1960s and ‘70s have been remembered, travestied, and reframed by focusing on the legacy of the legendary jazz musician, prophet, and composer Sun Ra within contemporary artistic practice. Engaging the work of American and European artists from Rashid Johnson to Mai-Thu Perret, Copeland’s lecture at once puts pressure on theorizations of “Afrofuturism” as well as formalist appropriations of Sun Ra’s signature aesthetic forms. Ultimately, Copeland advocates for modes of artistic engagement with the recent past that embrace the operative logic, not just the look, of Sun Ra’s philosophy, resulting in what might be called a “solar ethics” that can serve as a means of making and critique.
29 novembre 2018 (auditorium, Cité Internationale des Arts 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Marc Johnson, « Futurologie des archives #1 : Utilisation de preuves historiques dans les demandes de restitution de terres dans l’Afrique du Sud post-apartheid (1913-1998), d'après Arthur J. Ray »
Marc Johnson est réalisateur, plasticien et architecte. Il est diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et de l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais. Il a également étudié à la China Academy of Art, Hangzhou, et au Hunter College, City University of New York. Son travail est une investigation des espaces hantés de l’Anthropocène, du post-humain, de la sociabilité multi-espèces, des complexités du storytelling, de la fabulation spéculative. Sa pratique s’articule autour de stratégies diverses, allant de la recherche à la collaboration, l’étude de terrain, l’écriture, l’enseignement, la production filmique, l’installation et la photographie. Souvent, les êtres humains sont perçus comme supérieurs aux autres espèces, dans une logique maître-esclave ; chez Johnson, cette logique est par définition évacuée. Il résulte de cela l’appréhension de nouvelles relations : en lien avec des regards novateurs sur l’écologie, les notions d’évolution et les sciences de manière plus générale, il en découle une approche de tous les êtres vivants comme égaux et appartenant à des écosystèmes interdépendants.
13 décembre 2018 (auditorium, Cité Internationale des Arts 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Sarah Frioux-Salgas, « Paul Robeson et ses tentatives de redéfinir l’universel (1920-1960) »
Sarah Frioux-Salgas a suivi des études d’Histoire africaine à Paris 1. Elle a été assistante d’exposition au Musée d’art et d’histoire du judaïsme (Marc Chagall : Hadassah, 2002, Tim : être de son temps, 2003). Depuis 2003, elle est responsable des archives et de la documentation des collections à la médiathèque du Musée du quai Branly. Elle a collaboré avec Édouard Glissant, en mai 2007, pour la journée Mémoire des esclavages et de leurs abolitions. Elle a assuré le commissariat de l’exposition Présence Africaine. Une tribune, un mouvement, un réseau (Musée du quai Branly 2009) et, dans un cadre connexe, a dirigé le numéro 10 de la revue Gradhiva, Présence Africaine. Les conditions noires : une généalogie des discours. En 2014, elle a organisé l'exposition L'Atlantique noir de Nancy Cunard. Negro Anthology 1931-1934 (Musée du quai Branly) et édité le numéro 19 de la revue Gradhiva consacré à cette exposition. En 2016, avec Dominique Malaquais et Cédric Vincent, elle a été commissaire de Dakar 66. Chronique d'un festival panafricain (Musée du quai Branly) et, dans la même institution, a collaboré à l’exposition The Color Line, Les artistes africains-américains et la ségrégation. En 2018, elle a participé à l’édition, aux Nouvelles Editions Jean-Michel Place, du fac-similé de la Negro Anthology de Nancy Cunard (1934) et a été la commissaire de l’installation Paul Robeson (1898-1976). Un homme du « Tout-monde » (Musée du quai Branly).
24 janvier 2019 (auditorium, Cité Internationale des Arts 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Oulimata Gueye, « Penser les utopies numériques ? »
Oulimata Gueye est commissaire d’exposition et travaille sur les cultures numériques. Parmi ses domaines d’investigation, elle développe Africa sf, sur la place de la science sur le continent africain et les potentiels de la fiction comme espace et outil d’analyse et de projection; Afrocyberféminismes, sur les questions de racialisation et de genre dans les technologies numériques; et Utopies Non Alignées, sur les initiatives africaines qui pensent les technologies et les sciences dans une perspective de non alignement sur les modèles dominants et de réappropriation des moyens d'action.
Il est admis que la révolution numérique prend naissance et se développe au XXe siècle entre l’Europe et les États-Unis. Cette histoire officielle a déjà ses figures emblématiques, qu’elles soient issues du monde de la recherche, de la contre-culture ou de l’entrepreneuriat.
Or ce récit est mis à mal depuis quelques années par des chercheurs, des artistes et des hacktivistes qui dénoncent son occidentalo-centrisme et déconstruisent les mythes et utopies qui ont accompagné le développement des technologies numériques à l’échelle mondiale. La relecture critique en cours, met en évidence les processus de contrôle et d’exploitation ainsi que les biais des technologies numériques. Elle réhabilite des apports scientifiques oubliés ou invisibilisés. Surtout, elle déplace les cadres de réflexion et pourrait aboutir à l’élaboration de nouvelles utopies. Ce mouvement est très présent dans la sphère extra-occidentale et sur le continent africain mais aussi dans les diasporas. Il met en lumière les nouvelles figures de la contestation et le travail d’acteurs longtemps relégués dans des angles morts, qui n’ont cependant jamais cessé de penser, bricoler et détourner les technologies pour des usages inédits et à des fins d'émancipation?
Comment organiser, depuis « les Suds », une guerre de décolonisation du Net, une « cyber résistance » comme le prône l’artiste Tabita Rezaire? Est-il possible de concevoir et de développer des technologies et des pratiques numériques qui ne soient pas alignées sur des modèles hégémoniques et néocolonialistes? Les technologies numériques sont-elles uniquement le produit de la culture occidentale? Quels sont les laboratoires des pratiques alternatives? D’autres futurs sont-il possibles, souhaitables en dehors des technologies numériques? Peut-on encore penser en termes d'utopies?
7 février 2019 (auditorium, Cité Internationale des Arts 18, rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Moïse Touré , « 2147, et si l'Afrique disparaissait ? Esquisse d'une réflexion sur la pensée extra-occidentale : du politique au poétique par la scène »
Moïse Touré crée la Compagnie Les Inachevés, de 1984 à 1988, à Grenoble, dans le quartier de la Villeneuve. Voyageur, rassembleur, il multiplie les collaborations artistiques à travers le monde (Mali, Madagascar, Brésil, Bolivie, Caraïbes, Japon, Etats-Unis...). Il sera notamment artiste associé à la scène nationale de Guadeloupe où il créera les bases d'un répertoire dramatique en langue créole, et à Bonlieu Scène Nationale d’Annecy. En 2012, il crée l’Académie des savoirs et des pratiques artistiques partagées (intergénérationnelles) avec, pour premier acte fondateur, la mise en œuvre du projet Trilogie pour un dialogue des continents : Europe (France) / Afrique (Burkina Faso) / Asie (Vietnam). Parmi ses plus récentes expériences et créations : la Minute de silence (2003-2007) de Claude-Henri Buffard autour de la question de la mémoire ; Paysage après la pluie II (2005) au Théâtre de l'Odéon ; Pawana (2009) de JMG Le Clézio à Sao Paulo en collaboration avec Georges Lavaudant dont il est devenu, depuis, le collaborateur artistique; de 2009 à 2011, quatre pièces de Bernard Koltès (La Nuit juste avant les forêts, Tabataba, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton) à Annecy, Grenoble, Paris, au Mali, au Burkina-Faso au Brésil, en Bolivie, au Japon ; de 2011 à 2014, une trilogie Duras sur trois continents ; en 2016, « Utopies urbaines – citoyen acteur », un dispositif artistique déployé sur deux ans autour de Grenoble. En 2017, il clôt le programme Promesse Factory mené sur plusieurs mois avec des femmes en collaboration avec Bonlieu, scène nationale d'Annecy, et a créé en 2018 le second volet de 2147, l'Afrique (2007) intitulé 2147, et si l'Afrique disparaissait, avec des danseurs, acteurs et musiciens africains, en collaboration avec le chorégraphe Jean-Claude Gallotta et la chanteuse Rokia Traoré.
L'Afrique ? Disparaître ? Impossible... Pourtant, en 2004, l’ONU annonçait que l’Afrique n’atteindrait pas l’objectif de réduction de moitié de la pauvreté avant 2147. Aujourd’hui, Moïse Touré transforme cette cynique prophétie en énergie de vie.
« En 2147, nous serons tous africains » et pour mieux nous en convaincre, Moïse Touré convie la musique de Rokia Traoré, la chorégraphie de Jean-Claude Gallotta, les costumes d’Abdoulaye Konaté. Les mots inédits de Dieudonné Niangouna, Aristide Tarnagda, Odile Sankara, Hubert Colas, Alain Béhar, Jacques Serena, Claude-Henri Buffard et Fatou Sy nous parlent de l’exil, de l’identité, du commerce mondialisé, de l’espoir et du droit que nous avons tous « à rêver notre rêve ». Tous réunis afin d’offrir « une réponse poétique au devenir du monde ».
21 février 2019 (auditorium, Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 7 av Albert de Mun 75016 Paris) : Malcom Ferdinand, « Black Panther ou l’utopie maronne des Amériques Noires »
Malcom Ferdinand est docteur en philosophie politique de l’Université Paris Diderot et chercheur au CNRS (IRISSO/Université Paris Dauphine). Situées au croisement de la philosophie politique, des théories postcoloniales et de l’écologie politique, ses recherches portent sur l’Atlantique Noir et principalement la Caraïbe. Il explore articulations et intersections entre les questions politiques, l’histoire coloniale et les enjeux d’une préservation écologique du monde.
Au troisième rang des entrées aux États-Unis et dans le top 10 à l’international, le film Black Panther de 2018 fit une irruption fracassante dans le milieu du cinéma américain de super-héros. Outre l’excellente réalisation de Ryan Coogler, les thèmes qui séduisent abondent : la présence majoritaire de protagonistes et de super-héros masculins et féminins Noirs ; la peinture d’une Afrique puissante ; la beauté de paysages musicaux et culturels transatlantiques ; et les lueurs de contestations politiques d’une condition mondiale des Noirs. Les critiques furent tout aussi présentes. Malgré les enthousiasmes suscités, Black Panther relèverait d’une économie capitaliste qui propage l’hégémonie culturelle américaine par son cinéma. De quoi donc Black Panther est-il le nom ? Dans cette présentation, Malcom Ferdinand avance l’idée que le film figure avant tout une quête existentielle des Africains-Américains, et plus largement des Amériques Noires, d’une place, d’une histoire et d’un futur dans le monde moderne. La conflictualité centrale dans Black Panther est celle d’une confrontation fantastique avec le fantasme d’une utopie maronne.
14 mars 2019 (Cité de l’Architecture et du Patrimoine, 1 place du Trocadéro 75016 Paris) : Hamedine Kane, « Le Devenir Révolutionnaire Permanent »
Hamedine Kane est un artiste-réalisateur mauritanien-sénégalais. Il vit et travaille à Bruxelles. Au cours des deux dernières années, son travail s’est centré sur les sujets de l’exil et de l’errance. En 2018, il entame une nouvelle série sur l’héritage, la mémoire et les futurs intitulée Le devenir révolutionnaire permanent. Il s’y inspire des écrits qui ont accompagné les luttes et les combats des Noirs à travers l’histoire et qui continuent d’influencer les nouvelles générations. Hamedine Kane est diplômé de l’Institut JP Lallemand de Bruxelles et de l’IUT Nanterre Paris X. En 2017, il est lauréat du prix Ouaga Film Lab pour son projet À l’ombre d’Elimane.
Le point de départ du projet de l’artiste dont il sera question dans cette intervention est l’espace partagé – de rues, de plages, de marchés dans des villes telles Dakar, Bombay ou Calais. Tout s’y trouve dans un processus de migration et de devenir constant. Processus qui, dans bien des cas, devrait nous inciter à la contestation, voire à la révolte. Certes, dans la plupart des cas, la révolution « finit mal » ; ce n’est pas pour autant une raison de cesser d’être en opposition. Bien au contraire : à l’évidence, c’est d’un « devenir révolutionnaire permanent » qu’il est besoin. Ces réflexions sont abordées ici dans le sillage de penseurs comme James Baldwin, Joseph Zobel, Camara Laye, Ta-Nehisi Coates ou Cheikh Anta Diop. Tous traitent de sujets graves, de revendications politiques et sociales, de révolte(s). Ce faisant, ils préparent leurs lecteurs à faire face au monde qui vient. Inquiets, face à l’urgence, ils s’adressent aux jeunes esprits futurs. Hamedine Kane a acheté des exemplaires de leurs livres, objets de seconde main, auprès de vendeurs ambulants – des enfants pour la plupart, qu’il a croisés à Dakar et dans d’autres capitales africaines. La majorité d’entre eux ne savent ni lire ni écrire. Cependant, ils entretiennent avec l’objet livre un rapport profond, touchant, mystérieux. Arpentant l’espace urbain avec des piles d’ouvrages qu’il s’est procuré auprès d’eux, l’artiste spécule. Son activité – de lecteur, de marcheur – consiste à anticiper ce qui peut arriver d’un moment à l’autre, afin de nous préparer à ce monde qui vient.
21 mars 2019 (auditorium, Cité Internationale des Arts, 18 rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : Ayoko Mensah, « Plateformes afropolitaines : quels futurs ? »
Ayoko Mensah est expert, journaliste, auteure et activiste culturelle. Depuis 2016, elle travaille comme programmatrice artistique et conseillère au sein du département Afrique du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Depuis 2000, elle est également consultante pour plusieurs organisations (UNESCO, Commission Européenne, Organisation Internationale de la Francophonie, Musée Royal de l'Afrique Centrale), et intervient régulièrement dans des colloques internationaux.
Franco-Togolaise, née en 1968, Mensah est diplômée en Management culturel (MA) de l'Université Paris-Dauphine (France), en Lettres Modernes (MA) de l'Université Sorbonne Nouvelle (Paris) et en journalisme (CFPJ, Paris). Après avoir dirigé la revue Africultures (www.africultures.com) de 2005 à 2008 et fondé et édité le magazine Afriscope, elle a travaillé comme expert pour le programme de soutien UE-ACP aux secteurs culturels ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), ACPCultures +, au Secrétariat ACP à Bruxelles. Depuis 1995, elle a écrit plus d’une centaine d’articles (notamment pour Africultures.com) et a collaboré avec plusieurs médias (RFI, Revue Noire, Ballet Tanz, Balafon, etc.)
Elle a également co-écrit plusieurs ouvrages : Houn-Noukoun, Tambours & Visages (1996), Faustin Linyekula, chorégraphe (2002); Un corps à construire - La nouvelle génération d'artistes africains de la performance (2004); Créations artistiques en pays d'islam (2006); Kultur Afrika (2010); Djoliba, le grand fleuve Niger (2010); Créer en postcolonie - Voix et dissidences belgo-congolaises (2016).
Récemment, Mensah a publié une nouvelle dans le recueil « How Free is Free? Réflexions sur la liberté d'expression créative en Afrique » édité par Arterial Network et a réalisé son premier court métrage intitulé « Bilal ».
11 avril 2019 (Bétonsalon/Villa Marie Vassilieff, 9 esplanade Pierre Vidal Naquet 75013 Paris) : Eva Barois de Caevel, « Ici, j’ai tout ce qu’il me faut »
Eva Barois De Caevel (1989, France) est commissaire d’exposition indépendante, auteure et éditrice. Ses champs de travail sont le féminisme, les études post-coloniales, le corps et les sexualités, la critique de l'histoire de l'art occidentalo-centrée ainsi que le renouvellement de l'écriture et de la parole critique. Elle essaie de faire son travail « en ayant toujours à l’esprit les relations de pouvoir entre continents, pays, personnes », et dit essayer de les transformer dès qu'une petite prise de pouvoir s’amorce. Diplômée de l’Université Paris Sorbonne Paris IV en Histoire de l’art, elle est commissaire assistante pour RAW Material Company et coordinatrice de la RAW Académie (Sénégal) ; éditrice et conseillère pour l’Institute for Human Activities (Congo, Pays-Bas, Belgique) ; et commissaire invitée de la prochaine édition du LagosPhoto Festival (octobre-novembre 2018, Nigéria). Eva est l'une des fondatrices du collectif international de commissaires Cartel de Kunst, créé en 2012, et basé à Paris. Elle a été lauréate du ICI Independent Vision Curatorial Award 2014 et a publié de nombreux textes dans des catalogues d’expositions et revues spécialisées (IAM, AFRIKADAA, Offshore, Something We Africans Got). Elle a récemment été commissaire des expositions L’élargissement des fantasmes (mars-avril 2017, Maëlle Galerie, Paris) et Every Mask I Ever Loved (septembre-janvier 2018, ifa Galerie, Berlin). En tant que commissaire et chercheuse elle est intervenue dans de nombreuses conférences et colloques internationaux, en performant parfois ses propres textes, et notamment au Musée des civilisations noires à Dakar, à la Friche la Belle de Mai à Marseille, à l’Institut National d’Histoire de l’Art à Paris, à La Colonie à Paris, à l’École des Beaux-Arts de Gand, lors du Creative Time Summit 2016 à Washington, à l’Akademie der Künste der Welt à Cologne, à Bétonsalon à Paris, au Centre Pompidou à Paris, à la Sint Lucas University of Art and Design d’Anvers, au FRAC Basse-Normandie à Caen, à l’Université Paris Diderot, à la Villa Médicis à Rome, à la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette à Paris, ou encore au WIELS à Bruxelles.
Je travaille depuis le — et hors du — continent « Afrique ». Avec des artistes, avec des étudiants ; avec des institutions. Principalement en tant que commissaire d’exposition. Je viendrai dire des histoires, comme autant de vignettes susceptibles d’exprimer quelque chose du (ou des) futur(s) des Afriques et de leurs diasporas. Mes histoires parlent tout simplement de lieux, et de gens, et d’art ; mais elles parlent aussi d’épistémologie, de la notion d’universel, de ce que veut dire « barbare », d’esthétique et de représentation, de légitimité, de l’idée de progrès, de la sexualité des autres, de violence et de prédation, de plénitude de soi, de multiplication des récits, de la mort du vernaculaire, de déplacements, de peur et d’amour.
18 avril 2019 (auditorium, Cité Internationale des Arts, 18 rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris) : N’Goné Fall
Diplômée de l’École Spéciale d’Architecture à Paris, N’Goné Fall est une commissaire d’expositions sénégalaise, essayiste et consultante en ingénierie culturelle. Critique d’art, elle a été la directrice de la rédaction du magazine d’art contemporain africain « Revue Noire » de 1994 à 2001. Elle a dirigé des ouvrages sur les arts visuels contemporains en Afrique et a également conçu des expositions en Afrique, en Europe et aux États-Unis. N’Goné Fall a été professeure associée à l’université Senghor d’Alexandrie en Égypte, au département des industries culturelles, de 2007 à 2011. En sa qualité de consultante en ingénierie culturelle, elle est l’auteur de plans stratégiques, de programmes d’orientation et de rapports d’évaluation pour des institutions culturelles sénégalaises mais également à l’international. Elle est également cofondatrice du collectif Gaw-Lab de Dakar, une plateforme de recherche et de production dans les nouveaux médias et les arts visuels. N’Goné Fall est Commissaire générale de la Saison Africa 2020.
Dans Le monde s'effondre, roman révolutionnaire de 1958, l'auteur nigérian Chinua Achebe, met en scène le déclin d'un homme qui lutte obstinément contre la mutation de sa société. Ironiquement, cette histoire du XIXe siècle semble narguer le monde d'aujourd'hui. Car la suppression actuelle des frontières rendue virtuellement possible grâce à Internet - à l'instar de la (re)découverte de terres les siècles passés - a, au lieu d'ouvrir un royaume infini de rencontres inspirantes, créé un vaste carrefour de conflits fratricides. Ce contexte troublant basé sur le contrôle du pouvoir, l’ostracisme et la peur peut nous amener à conclure que l’Autre n’est ni notre frère ni notre sœur, ne l'a jamais été et ne le sera jamais. C’est un ennemi à neutraliser ou à détruire afin de maintenir notre propre système de valeurs vivant et intact. Et peu importe si ce meurtre nécessite notre propre perte.
Quand le monde s'effondre: voix critiques sur les radars est une métaphore du roman d'Achebe. Mais au lieu de mettre en scène la dichotomie géopolitique, économique, socioculturelle et religieuse d’une relation hostile basée sur «nous» versus «eux», l’exposition analyse nos pathologies chroniques communes. Construit comme une série d’appels au réveil, ce projet nous dit que le peu que nous avons retenu de l’histoire pourrait être la raison pour laquelle les sociétés du monde entier créent leur propre Némésis en vivant dans un état quasi constant d’intolérance, de repli sur soi et de peur. Utilisant l'humour, la poésie, la protestation radicale ou le jeu de rôle interactif, 12 voix posent un regard critique sur un monde à la dérive pour souligner la nécessité vitale d'apprendre à vivre ensemble, car la survie des communautés est en jeu, car la survie de l'humanité est en jeu. Parce que les êtres humains, architectes de leur passé et de leur présent, se comportent comme des fossoyeurs tragiques de leur propre destin.
Quand le monde s'effondre: voix critiques sur les radars est une plateforme pour des artistes qui prennent radicalement position pour un changement salutaire de mentalité et d'attitude. Elle examine comment leurs positions et leurs voix sont un avertissement pour des sociétés dans la tempête. Si certains d'entre eux exigent la Justice Équitable et le Changement Social en s'attaquant aux questions de genre, de race, de sexualité, de politique, de démocratie et de développement humain; d'autres embrassent une cause humanitaire de portée mondiale avec une Empathie qui élèvera l'humanité, redéfinira l'altérité, réhabilitera la solidarité et nous conduira à croire que le meilleur est à venir.
9 mai 2019 (Bétonsalon/Villa Marie Vassilieff, 9 esplanade Pierre Vidal Naquet 75013 Paris) : Katja Gentric & Annael Le Poullenec, «... quand soudain le futur fit irruption : décalages et coïncidences dans l’art et le cinéma sud-africain d’aujourd'hui »
Annael Le Poullennec, chercheuse affiliée à l’Institut des mondes africains (EHESS-EPHE-CNRS-IRD-Paris 1 Sorbonne-Aix Marseille Universités), est spécialiste du cinéma sud-africain. Ancienne élève de l’École normale supérieure de Cachan, elle a obtenu son agrégation d’anglais en 2007 et soutenu une thèse de doctorat en études anglophones à Aix-Marseille Universités en 2013. Au croisement de l’Histoire du cinéma, de l’analyse filmique et des cultural studies, celle-ci interrogeait l’existence d’un espace post-apartheid cinématographique dans les longs-métrages de fiction sud-africains des années 2000, et les modalités esthétiques et narratives de sa représentation. Depuis 2014, Annael Le Poullennec se partage entre la coordination de projets de diffusion de la recherche (in situ et numériques) et ses travaux de recherche, qui portent à ce jour sur les rapports entre espace(s), identité(s) et mémoire(s) dans la création contemporaine en Afrique du Sud, particulièrement dans le cinéma de fiction, documentaire ou expérimental.
Artiste et historienne de l’art, Katja Gentric a été formée en Afrique du Sud et en France. Titulaire d’un D.N.S.E.P de l’ENSA Dijon et d’une thèse de doctorat de l’Université de Bourgogne, elle est actuellement post-doctorante au département « Art History and Image Studies » de l’University of the Free State, Afrique du Sud et Chercheur associé au Centre Georges Chevrier, Dijon.
Pourquoi parler d’art pour parler de futur ?
Vivre au présent est, en soi, vivre au bord du moment de bascule vers le futur. De plus, dans un pays avec un passé conflictuel et violent comme celui de l’Afrique du Sud, celui-ci resurgit sous des formes inattendues et détournées. La société doit pourtant y faire face pour parler d’avenir. Le passé et le futur paraissent alors sous forme d’images et d’effets de glissement qui aident à comprendre le présent, et vice-versa.
Sous le signe de cette paradoxale simultanéité et de ces temporalités réciproques, le présent devient un point d'intersection, un lieu possible de coïncidences ou de carambolages, entre passés et futurs, attentes et espoirs – espoirs en attente ? – anticipations retardées ? Le report constant du rêve promis après l’apartheid amène peut-être ce retard, ce délai, cette nostalgie perpétuelle d’un avenir radieux toujours repoussé, où la résolution (la révolution ?) reste à venir. Inversement, le contexte sud-africain est celui d’une conscience aigüe de la possibilité d’un chavirement radical, amenant redéfinition et re-narration nationale, mettant à distance les récits de propagande, puisqu’un tel chavirement s’est déjà produit. Cette modalité de conscience amène un sens aigu du fictionnel, du potentiel, c’est à dire du pouvoir régénérateur de la narration, de la réimagination.
Incidemment, le fictionnel fait partie intégrante de toute pratique artistique. Dans les arts, ces décalages temporels sont personnifiés par celui qui ne se trouve pas « à sa place » : l'alien, le colon, l'expatrié, le migrant, le rêveur, le distrait, le time-traveller. A partir de quelques exemples concrets relevés dans l'art et le cinéma contemporains nous pointons décalages, coïncidences et moments de bascule. Du dictionnaire aux multiples temporalités Not no Place au film District 9 (Neill Blomkamp), en passant par les interventions du collectif Center for Historical Reenactments, nous cherchons les moments où l'inattendu vient briser le cours prévu des choses, les malentendus – et les idées préconçues, parfois avec un rire de surprise.
23 mai 2019 (Villa Marie Vassilieff, Chemin de Montparnasse, 21 av du Maine 75015 Paris) : Nadia Yala Kisukidi
Nadia Yala Kisukidi est maîtresse de conférences en philosophie à l’Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, membre du Laboratoire d’études et de recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (LLCP). Elle a publié de nombreux articles sur les philosophies françaises et africana, et prépare actuellement un ouvrage sur la question noire (à paraître en automne 2019).
13 juin 2019 (Cité Internationale des Arts, 18 rue de l’Hôtel de Ville 75004 Paris, de 19 h à 21 h 30) : Barbara Prézeau Stephenson, « Discriminations/Paris »
Barbara Prézeau Stephenson née en 1965 à Port-au-Prince est artiste plasticienne et activiste culturelle. Elle expose dans plusieurs musées du monde dont le Monterey Museum en Californie, le Musée d’Art Moderne à San Diego, le Frost Art Museum en Floride, le Musée du Grand Palais à Paris, le Musée d’Art haïtien et le MUPANAH. Elle représente Haïti aux Biennales de La Havane, Dakar, Venise, du Mercosur au Brésil et à Caracas. Parallèlement à sa création artistique, Barbara Prézeau Stephenson a toujours été très active au sein de la communauté culturelle haïtienne et caribéenne.
Elle a créé en Haïti (1999) la Fondation AfricAméricA. Le centre culturel du même nom, aujourd'hui transformé en Musée Communautaire Georges Liautaud, est situé au cœur du Village Artistique de Noailles à Croix-des-Bouquets. À partir de 2000 elle réalise en Haïti le Forum Transculturel d'art contemporain. Ces premières rencontres internationales, multidisciplinaires prennent vite la forme de biennale. On lui doit de nombreux articles et ouvrages sur l’art contemporain de la Caraïbe et d’Haïti, ainsi qu’un essai dans le domaine de l’économie de la culture. Barbara Prézeau Stephenson est aujourd'hui une référence du secteur culturel Caribéen, et ses oeuvres font partie des principales collections d’art contemporain de cette région du monde.
Expositions
site: https://prezeau-stephenson.com/fr/
Nous exerçons des pratiques discriminatoires en toutes occasions, sous toutes sortes de formes. Cette performance démonstrative utilise des objets du quotidien afin de mettre en évidence, par la gestuelle et l'action, l'inégalité de traitement, appliquée arbitrairement, dans le rapport subjectif à l'Autre.
Déroulement : la séance débutera par une longue performance de Barbara Stenphenson intitulée "Discriminations/Paris", puis continuera par la présentation d'un film de rétrospective réalisé lors des 20 ans de sa carrière, suivi des commentaires de l'artiste, nous finaliserons la séance par une conversation ouverte avec le public.
Mots-clés : Anthropologie, Arts, Cinéma, Circulations, Culture, Culture matérielle, Culture visuelle, Histoire culturelle, Politiques sociales, Sociologie politique,
Aires culturelles : Afrique, Arabe (monde), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : IMAF - Institut des mondes africains
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
La validation des unités d'enseignement passe par le rendu d'un travail écrit en fin de semestre dont la nature est à déterminer avec l'enseignant.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
master 1, intérêt pour l'art et l'Afrique et sa diaspora.
Adresse(s) électronique(s) de contact : annedoquet(at)yahoo.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 juin 2019.