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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Nous poursuivrons cette année notre enquête d’anthropologie de l’imagination politique à travers les gestes de soulèvement. Nous continuerons de tenter une double approche, historique (à partir d’études de cas étudiés en détail) et théorique. Nous nous interrogerons sur la question de la temporalité inhérente à tout processus de soulèvement. Nous tenterons de découvrir, chemin faisant, comment la dimension esthétique s’instaure d’une nécessaire mise en forme de la force ou puissance inhérente aux gestes de soulèvement.

Mots-clés : Soulèvements, temporalité, histoire, esthétique et politique.

Nous avons, cette année encore, prolongé notre questionnement autour des gestes de soulèvement et de l’anthropologie de l’imagination politique qu’ils supposent. Nous avons commencé par une longue incise en faisant retour sur l’insurrection du ghetto de Varsovie – que nous avions déjà traité il y a deux ans – à la lumière de documents photographiques inédits. Ces documents proviennent de l’archive clandestine d’Emanuel Ringelblum, que je suis allé étudier à l’invitation de l’Institut historique juif de Varsovie en octobre 2018.

Puis nous avons repris le fil de notre interrogation en nous concentrant sur une situation historique précise, celle de l’Allemagne en 1918-1923 : défaite militaire, abdication du souverain, proclamation de la république, soulèvement spartakiste, guerre civile, répression, montée du nazisme… C’est dans cette situation historique et politique conflictuelle que s’observe l’émergence de nouvelles philosophies du temps et de l’histoire. Elles ont pour point commun la volonté de dépasser les certitudes de l’historicisme positiviste ou idéaliste. Elles veulent toutes penser ce que serait un « grand temps », un temps du recommencement. Mais elles s’affrontent sur un plan qui est politique autant que philosophique : d’un côté Martin Heidegger, qui prétend prendre le temps « à la racine » (une image que nous avons tenté d’analyser dans toutes ses harmoniques) ; d’un autre côté Walter Benjamin et son modèle de l’origine comme « tourbillon ». En marge des polémiques sur les rapports de Heidegger au nazisme, nous avons porté une attention particulière au destin de ses élèves juifs : Karl Löwith, Herbert Marcuse, Günther Anders, Emmanuel Levinas… sans oublier Hannah Arendt et sa pensée politique de la pluralité (« les hommes ») contre toute ontologie reclose sur sa généralité (« l’homme »).

Publications

• Désirer désobéir. Ce qui nous soulève, 1, Paris, Les Éditions de Minuit, 2019.
• Ninfa dolorosa. Essai sur la mémoire d’un geste, Paris, Gallimard, 2019.
• Papiery-Fotografie — Photo-Papers, trad. M. Braunstein, Michal Krasicki et M. Wawrynczak, Varsovie, Emanuel Ringelblum Jewish Historical Institute, 2019.
• « Nadie puede mirar por los otros. Conversación con Mariano Horenstein », Calibán. Revista Latinoamericana de psicanálisis, XVI, 2018, n° 1, p. 170-188.
• « Ninguém pode olhar pelos outros. Uma conversa con Mariano Horenstein », Calibán. Revista Latino-Americana de psicanálise, XVI, 2018, n° 1, p. 170-188.
• « Heuristique de l’informe. Entretien avec Léa Bismuth et Mathilde Girard », Art Press-2, n° 458, septembre 2018 (« La traversée des inquiétudes, 3. Vertiges »), p. 6-11.
• « Aperçues », Zeitschrift für Kunstgeschichte, LXXXI, 2018, n° 2, p. 256-267.
• « Images-pouvoirs ou images-désirs ? », Le Monde des livres, n° 22933, 5 octobre 2018, p. 1-2.
• « Ouvrir les temps, armer les yeux », dans Montage. Une anthologie (1913-2018), sous la dir. de B. Bacqué, L. Lippi, S. Margel et O. Zuchuat, Genève, La Head-Mamco, 2018, p. 533-539.
• « Die Mnemosyne-Montage : Tafeln, Raketen, Details, Intervalle », trad. M. Bischoff, Visuelle Assoziationen. Bildconstellationen und Denkbewegungen in Kunst, Philosophie und Wissenschaft, sous la dir. d’A. Sabisch et M. Zahn, Hambourg, Textem Verlag, 2018, p. 79-127.
• « From a High Vantage Point », trad. L. Garmeson, Eurozine, 12 octobre 2018 (online).
• « O mestre dos possíveis e o mestre impossível », trad. R. D’Antona, Revista Porto Alegre, octobre 2018 (online).
• « Olhos livres da história », trad. E. Duarte, Ícone, XVI, 2018, n° 2, p. 161-172.
• « Der Tod bei der Arbeit — Death at Work », trad. S. Gore et U. Nickel, dans Das letzte Bild. Fotografie und Tod — The Last Image. Photography and Death, sous la dir. de F. Hoffmann et F. Tietjen, Berlin, C/O Berlin Foundation-Spector Books, 2018, p. 209-212.
• « Vedere de sus », trad. [roumaine] anonyme, Lettre internationale. Editia românā, n° 107, 2018, p. 20-24.
• « Notas sobre antropomorfismo en Documents », trad. N. Billi et G. Lucero, dans Indisciplina. Estética, política y ontología en la revista « Documents », sous la dir. de N. Billi et al. (Collectivo Materia), Buenos Aires, RAGIF Ediciones, 2018, p. 55-85.
• « How to Open Your Eyes », trad. P. Kremer [avec une édition en coréen], dans Harun Farocki. What Ought to Be Done ? Work and Life, sous la dir. de K. Eunhee et A. Ehmann, Séoul, National Museum of Modern and Contemporary Art of Korea, 2018, p. 507-521 [en coréen p. 485-505].
• Avec Niki Giannari, « À propos de spectres », Le Journal de Culture et démocratie, hors-série, 2018 (« Villes et frontières »), p. 97-99.
• « Conflicts of Gestures, Conflicts of Images », trad. D. Maruzzella, The Nordic Journal of Aesthetics, n° 55-56, 2018, p. 8-22.
• « Hunderttausend Milliarden Bilder », trad. M. Bresching et V. Pauval, Alexander Kluge-Jahrbuch, n° 5, 2018 (« Von Sinn(en) und Gefühlen »), p. 19-23.
• « The Simplest Image : Tony Smiths’s “Cubes” », dans Abstraction Matters. Contemporary Sculptors in their Own Words, sous la dir. de C. Baldacci, M. Bertolini, S. Esengrini et A. Mpinotti, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scholars Publishing, 2019, p. 84-94.
• « Ninfa fluida (a post-scriptum) », dans Botticelli, Past and Present, sous la dir. d’A. Debenedetti et C. Elam, Londres, UCL Press-Victoria & Albert Museum, 2019, p. 237-265.
• « À l’école de l’hospitalité », De(s)générations, n° 29, 2019, p. 53-59.
• « Le cauchemar des formes (retour sur l’informe et la dialectique) », dans Le Rêve des formes. Arts, sciences et Cie, sous la dir. d’A. Fleischer et A. Prochiantz, Paris, Le Seuil, 2019 (« Le genre humain », n° 60), p. 199-209.
• « Apprendre à rire sans trop pleurer », dans À l’air libre dans la nuit fraîche et pensive, sous la dir. d’A. Jugnon, Lyon, Hippocampe Éditions, 2019, p. 67-83.
• « El arte de la vida otra, o cómo no ser gobernado », trad. V. Diaz, Chuy. Revista de estudios leterarios latinoamericanos, n° 5, 2018, p. 4-22.
• « Devant l’image », dans La Beauté, sous la dir. de F. Brun, Paris, Poesis, 2019, p. 191-195.
• « Images terre à terre », dans La Besogne des images. Art, littérature, philosophie, sous la dir. de L. Bismuth et M. Girard, Labanque, Filigranes Éditions, 2019, p. 50-61.
• « Rückfaltungen ausstellen », trad. M. Pajević, dans Kulturtechnik Malen, sous la dir. de M. Kupczyk, L. Schwarte et C. Warsen, Munich, Wilhelm Fink Verlag, 2019, p. 223-229.