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Qu'avons-nous fait du soleil ? Histoire environnementale de l'énergie et des nuisances industrielles

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e vendredis du mois de 10 à 12 h et de 13 h à 15 h (salle A05_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 9 novembre 2018 au 24 mai 2019. Journée d'études le 22 mars 2019, de 10 h à 17 h (salle AS1_01, 54 bd Raspail 75006 Paris)

Ce séminaire abordera cette année deux thèmes : les nuisances industrielles et l’énergie. Nous reprendrons le dialogue entrepris en 2016-2017 entre l’histoire de la pollution industrielle et l’histoire de la santé au travail. Les nuisances causées par la production industrielle s’étendent en effet aussi bien à l’intérieur des entreprises, affectant la santé des hommes et des femmes qui y travaillent, qu’à l’extérieur de leurs murs, affectant la santé des voisins, leurs biens, les espaces verts ou agricoles, et l’environnement en général. L’histoire de ces questions a fait l’objet de travaux depuis un certain temps maintenant, mais ils ont généralement été abordés de façon séparée. Cette division a diverses causes historiques, sur lesquelles nous réfléchirons.

Le second thème qu’abordera le séminaire est celui de l’histoire de l’énergie et, plus précisément, celui des systèmes et des transitions énergétiques. Pendant longtemps, l’histoire de l’énergie a été écrite sous la forme d’une histoire de ses secteurs de production, mais le plus souvent sans que cette énergie soit pensée comme un tout. Notre séminaire abordera les mix énergétiques du passé, les systèmes socio-techniques qui allaient avec, de la phase de mobilisation à la distribution et à la consommation, les transitions entre ces systèmes.

Vendredi 22 mars 2019, de 10 h à 17 h (salle AS1_01, 54 bd Raspail 75006 Paris) : journée d'études

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (48 h = 12 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire sociale et démographie

Intitulés généraux :

  • Geneviève Massard-Guilbaud- Histoire environnementale, économique et sociale du monde contemporain
  • Renseignements :

    destiné aux doctorants et aux masterants de l’EHESS, ce séminaire est également ouvert à toute personne intéressée.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous par courriel.

    Réception :

    ce séminaire est ouvert sans inscription préalable.

    Niveau requis :

    licence pour les étudiants de l'EHESS, aucun pour les auditeurs libres.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : massard(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Ce séminaire se donnait pour ambition de présenter les évolutions historiographiques récentes dans le domaine de l’histoire des nuisances industrielles d’une part, et de l’histoire de l’énergie d’autre part. Alors que le rapprochement des deux thèmes pouvait paraître audacieux, les différents travaux présentés au cours de l’année témoignent de la pertinence de cette réflexion croisée, tant les effets sanitaires de la mobilisation de ressources énergétiques sont un critère essentiel à la compréhension de l’expansion des pollutions dans la période contemporaine. L’histoire environnementale proposée dans ce séminaire se nourrit donc amplement de l’histoire économique et sociale, tout en dialoguant avec d’autres disciplines de sciences sociales, à commencer par la sociologie et l’anthropologie.

    En premier lieu, en s’intéressant aux nuisances de l’industrie minière et aux héritages toxiques des activités productives des XIXe et XXe siècle, ce séminaire a contribué à interroger la persistance des pollutions des activités passées. En effet, la caractérisation de nos sociétés contemporaines comme étant « désindustrialisées » ou « post-industrielles » mérite d’être interrogée, tant elle contribue à masquer la rémanence de certaines sources de nuisances. Ainsi, l’étude des travaux miniers à Salsigne (Aude) sur près de deux siècles permet d’éclairer l’origine des phénomènes de pollution qui marquent encore la région, tout en interrogeant également les processus constants d’oubli et de construction de l’invisibilité de ces nuisances. Plusieurs séances furent également l’occasion d’étudier l’évolution des formes du gouvernement de ces nuisances, c’est-à-dire non seulement les critères qui président à l’évolution de la réglementation, mais aussi les pratiques administratives qui accompagnent les lois, en recourant à l’autorité de la « science » ou de « l’expertise ». Plusieurs travaux ouvrent également un champ de recherche original, en adoptant une approche transnationale, ainsi des études sur les conflits frontaliers autour des pollutions.

    En deuxième lieu, plusieurs séances furent l’occasion de penser ce que pourrait être une histoire environnementale de l’énergie, tout en ouvrant un dialogue fécond avec les travaux déjà menés sur les enjeux énergétiques dans une approche d’histoire économique ou d’histoire culturelle. Ainsi, la présentation de la nouvelle revue d’histoire de l’énergie (JEHRHE) fut l’occasion de souligner que le regain d’intérêt pour l’histoire de l’énergie se nourrit des préoccupations contemporaines visant à comprendre l’origine du réchauffement climatique. De fait, ces débats contribuent à renouveler les questionnements de l’histoire environnementale, incitant les chercheurs à produire des travaux qui interrogent les origines comme les implications du bouleversement climatique. Ces travaux prennent des chemins multiples. Ainsi, les recherches portant sur l’histoire culturelle de la consommation de charbon au Royaume-Uni permettent d’éclairer la manière dont les intérêts industriels participent à construire la représentation d’une source d’énergie à laquelle sont prêtées des vertus sociales. D’autres approches invitent à éclairer la manière dont, au cœur des siècles d’industrialisation, certaines sources d’énergie « traditionnelles » et non-fossiles (à commencer par l’énergie animale) sont demeurées essentielles dans le fonctionnement de certains secteurs de production.

    En troisième lieu, la démarche d’histoire environnementale proposée dans ce séminaire se singularise par la volonté de réunir des études territorialisées afin de comprendre plus finement des processus globaux. Ainsi, ce séminaire se proposait davantage de comprendre la « grande accélération » dans l’émission des gaz à effet de serre au vingtième siècle en se fondant sur des monographies territoriales, permettant d’éclairer les dimensions socio-économiques de ce processus global. Discerner les effets sanitaires et écologiques de ces mutations requiert également une étude menée sur un territoire, à l’échelle duquel ces conséquences peuvent être finement documentées et analysées.

    Publications

    • Avec Charles-François Mathis, Sous le soleil. Systèmes et transitions énergétiques, du Moyen-Âge à nos jours, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2019, 394 p.
    • Avec Charles-François Mathis, « De l’histoire des sources et des filières à l’histoire des systèmes et des transitions : comment on a écrit l’histoire de l’énergie. », dans Sous le soleil. Systèmes et transitions énergétiques, du Moyen-Âge à nos jours, op.cit.
    • « Maladie de Lyme. Quand des médecins refusent de soigner », Écologie & politique, vol. 58, no 1, 2019, p. 107-134.
    • « From the history of sources and sectors to the history of systems and transitions : how the history of energy has been written in France and beyond », Journal of Energy History/Revue d’Histoire de l’Énergie [En ligne], n° 1, décembre 2018, http://energyhistory.eu/node/88.
    • « Protester quand danger et chômage menacent ? L’aménagement de Nantes entre les deux guerres », dans La ville est à nous ! Aménagement des villes et mobilisations sociales du Moyen Âge à nos jours, sous la dir. d’I. Backouche et al., Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018, p. 243-261.

     

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 7 janvier 2019.

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