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2e et 4e mercredis du mois de 9 h à 11 h (salle 2, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2018 au 12 juin 2019. La séance du 12 décembre est reportée au 19 décembre, même heure (salle 1, 105 bd Raspail 75006 Paris) ; celle du 13 mars est reportée au 20 mars, même heure (salle 2). La séance du 12 juin se déroulera de 9 h à 13 h (salle 1)
Au moment où l'on est en doit de s'interroger sur l'avenir de la « social-démocratie » en Europe, il est pertinent de s'arrêter sur l'histoire du socialisme. Tout à la fois doctrine politique, identité partisane, culture et presque art de vivre, le socialisme doit être étudié sous de multiples facettes. Investi par les philosophes comme philosophie politique ou comme science, scruté par les historiens sous les espèces de variables partisanes, examiné par les sociologues sous la forme d'agrégats identitaires, le socialisme donne lieu, depuis son avènement progressif au XIXe siècle, à de multiples interprétations. Le séminaire aura soin de présenter ces dernières tout en faisant état des nombreuses nouvelles recherches qui ont pris le socialisme européen pour objet au cours des denières années.
Mots-clés : Affects, Analyse de discours, Anarchisme, Capitalisme, Classes sociales, Culture, Démocratie, Émotions, Éthique, Féminisme, Histoire culturelle, Histoire des idées, Histoire intellectuelle, Historiographie, Intellectuels, Laïcité, Mouvements sociaux, Philosophie politique, Politique, Révolutions,
Aires culturelles : Europe,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
réception des étudiants et suivi des étudiants sur rendez-vous.
Réception :
réception sur rendez-vous pris par courriel auprès de Christophe Prochasson.
Niveau requis :
licence. Nécessité d'une lettre d'intention.
Adresse(s) électronique(s) de contact : procha(at)ehess.fr
L’idée socialiste n’occupe plus la place tout à la fois centrale et problématique qui fut la sienne parmi les cultures politiques européennes. Elle en appelle donc à un travail de redéfinition qui passe d’abord par sa mise en perspective historique. Centré sur une histoire intellectuelle du socialisme, le séminaire s’est livré à cette tâche en se concentrant principalement, en cette première étape, sur la « seconde naissance du socialisme », à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant.
L’histoire intellectuelle, telle qu’elle est pratiquée ici, se distingue de l’histoire des idées. Elle observe non seulement le contenu des textes mais s’intéresse aussi à l’histoire de leurs auteurs (une séance du séminaire a permis d’accueillir Gilles Candar, auteur d’une très récente biographie consacrée à l’ancien « communeux » socialiste Édouard Vaillant), à leur mode de production, à leur circulation et donc à leur transformation dans un espace où les enjeux linguistiques sont particulièrement lourds. On l’a observé aussi bien dans le cas de la réception des écrits de Marx et, plus largement encore, du « corpus marxiste » en France que dans la façon dont de jeunes militants chinois se sont emparés des idées anarchistes venues d’Europe. Aurore Michelat, doctorante à l’EHESS, est venue présenter sa recherche sur l’histoire des relations entre anarchistes français et anarchistes chinois au tournant des XIXe et XXe siècles. Elle s’est plus particulièrement arrêtée sur l’analyse des pratiques de traduction du champ sémantique constitué autour de l’« anarchie ».
Le fil de la traduction des textes socialistes et leur mise à disposition dans une communauté saisie à l’échelle du monde, thématique qui sera reprise l’année prochaine, ont été l’une des grandes questions structurant le séminaire. D’autres ont surgi dans le sillage de travaux antérieurs traités avec la visée d’offrir une vue d’ensemble à partir de grands textes ou de grands discours : les rapports entre science et socialisme, d’une part, ceux tissés entre la morale et le socialisme de l’autre ont été particulièrement fouillés. On est ainsi beaucoup revenu sur la « pré-histoire du socialisme » par l’examen du cas Saint-Simon qui concentre bien des aspects de cette double problématique : chez lui le socialisme est marié à la sociologie, comme Durkheim ne s’y est pas trompé, et devient, à la fin de sa vie, une morale, en tout cas une religion comme l’atteste son célèbre texte posthume de 1825, Nouveau Christianisme.
La dernière séance du séminaire a été organisée sous la forme d’une table ronde. Les participants désireux de faire valider celui-ci se sont engagés, à partir de leurs travaux personnels, à tenter de répondre à la question ayant parcouru l’ensemble de l’année : « Qu’est-ce que le socialisme ? ». Une huitaine de communications originales ont permis d’ouvrir la discussion et de revenir sur plusieurs thématiques traitées dans le cours de l’année. Toutes ont insisté sur la dimension située du socialisme dont l’histoire est marquée par la reprise de motifs nés tout à la fois d’une révolution politique – la Révolution française et ses suites – et d’un profond bouleversement social et économique – la révolution industrielle. Toutes enfin ont souligné la nécessité d’aborder le socialisme par le versant d’une histoire mondiale qui s’affiche de plus en plus comme une nécessité dès lors qu’elle dépasse le périmètre d’une seule mode éditoriale. Le socialisme est d’abord un internationalisme.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 15 février 2019.