Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
1er lundi du mois de 14 h à 17 h (salle AS1_08, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2018 au 3 juin 2019. La séance du 3 juin est reportée au 4 juin, même heure (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris)
Le Centre de recherches historiques est l'un des plus importants lieux de production historique en Europe. Chaque premier lundi du mois, lorsque cela est possible, les travaux récemment publiés d'un ou plusieurs membres du CRH sont présentés par les auteurs et discutés par leurs collègues historiens ou non. Il s’agit d’un séminaire de veille historiographique et d'actualité historique, puisque qu'on y débat de la production la plus récente. Il consiste en ce sens en un séminaire de familiarisation à la discussion scientifique en sciences sociales.
5 novembre 2018 : Pablo Luna, El tránsito de la Buenamuerte por Lima, Auge y declive de una orden religiosa azucarera, siglos XVIII y XIX, Madrid, Iberoamericana / Vervuert, 2017.
Articulé à une enquête sur les ordres religieux et les campagnes proches des villes hispano-américaines, cet ouvrage traite de l’ordre du Bien-mourir à Lima, dans la vice-royauté du Pérou. Il reconstitue, entre le milieu du XVIIIe et le début du XIXe siècle, la pratique économique des deux haciendas qu’il a composées, La Quebrada et Casablanca (vallée du Cañete). Mais il examine aussi sa crise intégrale, à l’instar de l’évolution du clergé régulier dans les mondes ibériques. Les résultats ont permis d’accroître la connaissance de l’histoire socioéconomique vice-royale péruvienne – surtout liménienne. Mais ils ont permis aussi d’enrichir le savoir accumulé sur les relations entre les deux puissances de l’Ancien Régime, l’État et l’Église catholique, en allant au-delà du seul cas péruvien.
3 décembre 2018 : Thomas Le Roux, François Jarrige, La contamination du monde. Une histoire des pollutions à l’âge industriel, Paris, Le Seuil, 2017.
Autrefois sources de nuisances locales circonscrites, les effets des activités humaines sur l’environnement se sont transformées en pollutions globales. En rendre compte d’un point de vue historique permet de ne pas sombrer dans la sidération ni dans le découragement. Car le grand mouvement de contamination du monde qui s’ouvre avec l’industrialisation est avant tout un fait social et politique, marqué par des cycles sucessifs, des rapports de force, des inerties, des transformations culturelles. En explorant les conflits et l’organisation des pouvoirs à l’âge industriel, il s’agit aussi d’une histoire des dynamiques qui ont modelé la modernité capitaliste et ses imaginaires du progrès.
7 janvier 2019 : Alessandro Stanziani, Les entrelacements du monde. Histoire globale, pensée globale (XVe-XXIe siècle), Paris, CNRS Editions, 2018.
Ces dernières années, le rôle politique de l’histoire, son enseignement et, dans ce cadre, la relation entre histoire nationale et histoire globale ou mondiale, ont déferlé les débats en France, aux États-Unis (notamment avec Trump) comme en Russie, en Inde (avec le parti hindou nationaliste au pouvoir), en Italie, en Chine comme au Japon. Pourquoi ? Qu’y a-t-il de si particulier dans l’histoire globale à susciter des réactions extrêmes, dans un sens comme dans l’autre, aussi bien parmi les historiens que parmi les politiciens et dans l’opinion publique ? Cet ouvrage cherche à répondre à ces questions en les inscrivant dans la durée longue – à partir du XVe siècle - et dans des espaces connectées mondiaux. C’est bel et bien une épistémologie critique et historique de l’écriture de l’histoire dans sa globalité qui est au cœur du présent ouvrage. Les tensions entre philologie et sciences sociales, histoire comparée et histoire connectée, histoire eurocentrique (et sa définition même) et histoire subalterne seront discutées dans des contextes précis : l’expansion européenne, la formation des Etats nationaux et des empires, l’essor de la « modernité » puis les catastrophes du XXe siècle jusqu’à la décolonisation et globalisation actuelle.
4 février 2019 : Alain Boureau, Le feu des manuscrits. Lecteurs et scribes des textes médiévaux, Paris, Les Belles Lettres, 2018.
Ce livre entend donner une place plus juste aux scribes des manuscrits médiévaux, non loin du statut encore flou d’auteur. On présente d’abord les obstacles actuels à une saisie historique de ce rôle : les manuscrits, devenus l’objet d’adoration ou de convoitise sont insérés dans un « patrimoine », notion douteuse qui écarte la lecture. Auparavant s’était interposée l’institution d’une « science », dont l’exigence de généalogie dépossédait aussi bien les scribes que les lecteurs. Mais le lecteur n’accède pas facilement aux textes des manuscrits : l’objet qui les porte, matériel, subit les aléas des choses et les inadvertances des hommes qui en gèrent la fabrication. Pourtant, on peut retrouver l’activité des scribes en observant les marges du manuscrit comme lieu d’organisation du matériau et en notant l’intervention directe et inventive des scribes dans le texte.
1er avril 2019 : Ron Naiweld, Histoire de Yahvé. La fabrique d'un mythe occidental, Paris, Fayard, 2019
On prétend parfois que l’« homme occidental » serait le seul être humain pouvant vivre sans mythes. Il n’en est rien. À l’aune d’une lecture inédite de l’Ancien Testament, Ron Naiweld nous plonge dans ce grand mythe, support de la rencontre, fondatrice pour l’Occident, de la Bible et de la philosophie. Contre le récit traditionnel d’un dieu créateur unique et tout-puissant, sa lecture fait émerger une autre histoire. Son héros est un dieu motivé par le désir d’être reconnu comme tel par les hommes. Avec le temps et au contact des empires assyrien, babylonien et perse, le dieu développe son intelligence politique. Il apprend la puissance du peuple, l’utilité de l’ordre impérial et, de sa rencontre avec la pensée grecque, l’intérêt de l’idée monothéiste. Mais c’est avec saint Paul qu’il assouvit pleinement son désir.
En suivant pas à pas l’histoire de ce dieu, cet essai fascinant montre comment, à force de torsions, de relectures, d’appropriations, le mythe d’un peuple marginal dans la fabrique culturelle du monde ancien est devenu l’un des mythes fondateurs de la civilisation occidentale. Comment Yahvé est devenu Dieu.
6 mai : Étienne Anheim, Le travail de l’histoire, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2018
Qu'est devenu aujourd’hui le « métier d’historien » dont parlait Marc Bloch ? En suivant le fil d’une expérience individuelle, ce livre s’interroge sur le travail de l’histoire, entendu dans un double sens. C’est d’abord le travail sur l’histoire, comme matériau de recherche, qui pose des questions intellectuelles mais aussi pratiques. Comment devient-on chercheur en histoire ? Que signifie lire, écrire, éditer des textes quand on est historien ? Quels sont les enjeux de l’enseignement de l’histoire ? Pourquoi participer à l’évaluation ou à l’administration au sein des institutions universitaires ? Qu’implique le fait d’intervenir dans la sphère publique ? Ces questions font le quotidien de l’historien autant, voire plus, que la fréquentation des archives et des bibliothèques. En filigrane, le travail de l’histoire désigne aussi, dans un sens qui mêle les dimensions personnelle et professionnelle, l’histoire au travail. Non seulement l’histoire comme flux temporel, qui transforme les êtres et les choses, mais aussi comme discipline, qui produit des effets sur celui qui la pratique et qui est, en retour, travaillé par cette histoire.
Mardi 4 juin : Natalia Muchnik, Mathilde Monge, L'Europe des diasporas, XVIe-XVIIIe siècles, Paris, PUF, 2019.
Huguenots, séfarades, catholiques britanniques, mennonites, morisques, Arméniens, Grecs, frères moraves, quakers, ashkénazes… Qu’ont en commun ces populations qui parcourent l’Europe durant toute l’époque moderne ? Toutes s’inscrivent dans des communautés dont les ramifications traversent les frontières politiques, culturelles et religieuses ; toutes entretiennent des réseaux dynamiques à travers lesquels circulent informations, personnes et biens. Unis par la mémoire des persécutions, l’attachement à une terre d’origine, réelle ou rêvée, et par des liens économiques, ces groupes n’en sont pas moins extrêmement divers. Formant des minorités au sein de la cité, ils entretiennent des rapports complexes tant avec les autorités et les populations locales qu’avec les autres populations diasporiques. Cet essai explore ces tensions, entre unité et hétérogénéité, mobilité et sédentarité, marginalisation et perméabilité des frontières sociales. Aussi synthétique qu’informé, il s’adresse à la fois aux spécialistes des minorités et des diasporas, qui y trouveront une proposition de lecture globale, comme à ceux qui s’intéressent à la coexistence religieuse, aux questions d’intégration et aux migrations.
Le débat sera animé par Thomas Le Roux, en présence des auteures et de Alessandro Stanziani (CRH-ESOPP), Liza Terrazzoni (EHESS- CEMS) et Paul-André Rosental (Sciences-Po Paris).
Mots-clés : Épistémologie, Histoire, Historiographie,
Intitulés généraux :
Renseignements :
auprès des responsables du séminaire par courriel.
Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?3610
Adresse(s) électronique(s) de contact : tleroux(at)ehess.fr, beatrice.delaurenti(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 18 avril 2019.