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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Sociologie historique de la violence au Moyen-Orient

  • Hamit Bozarslan, directeur d'études de l'EHESS ( CETOBaC )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Gabriel Martinez-Gros, professeur à l'Université Paris-Ouest Nanterre-La-Défense ( Hors EHESS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Lundi de 11 h à 13 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 7 janvier 2019 au 25 mars 2019

Longtemps négligés par les sciences sociales, les thèmes de la coercition comme expression extrême des rapports de domination et de la violence, sociale et politiques, attirent désormais un nombre important de chercheurs. Mais la fragmentation sociale, politique et territoriale, la banalisation de la violence auto-sacrificielle et l’esthétisation macabre de la cruauté sur nombre de terrains de conflit nous poussent aussi à réfléchir aux limites des approches qu’on pourrait définir de phénoménologiques. Partant notamment, mais pas exclusivement, des formes de violence qu’on observe au Moyen-Orient depuis le milieu des années 1990, notre séminaire aura pour ambition de problématiser les situations où « la violence domine tout » mais « ne tranche rien » et ne s’inscrit dans la durée qu’au prix de la destruction du « social » qui lui a donné naissance.

Aires culturelles : Musulmans (mondes),

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

  • Hamit Bozarslan- Sociologie historique de la violence aux Proche et Moyen-Orient
  • Renseignements :

    Hamit Bozarslan, CETOBaC-EHESS, 54 bd Raspail, 75006 Paris.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous à prendre avec Hamit Bozarslan par courriel.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    tous niveaux.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : Hamit.Bozarslan(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a porté sur les configurations révolutionnaires et l’état de violence qu’on observe dans le monde arabe depuis 2011. Pour lire ce processus, nous avons décidé de retourner à nos textes écrits « à chaud » depuis avril de cette année et de les « revisiter » dans l’ordre chronologique de leur rédaction. Cette démarche, que nous continuerons de mobiliser au cours des années à venir, à une double visée : évaluer les données empiriques que la communauté des chercheurs avait à sa disposition à un moment où les repères temporels et spatiaux fort anciens s’effondraient pour laisser place à une « incertitude révolutionnaire » ; et comprendre les angles morts que nous n’étions alors pas en mesure d’éclairer.

    Pour illustrer nos propos, nous rappellerons qu’en février 2011, seul 1 % des manifestants de la Place Tahrir se disait prêt à élire un président « Frère musulman » ; le 17 juin 2012, Muhammad Morsi obtenait pourtant près de 52 % des votes, devenant ainsi le premier président « islamiste » du pays. À l’évidence, deux processus contradictoires étaient en œuvre sur le terrain révolutionnaire et étaient, l’un et l’autre, susceptible de déboucher sur des ruptures radicales avec le passé. Ailleurs également, l’« espace-temps » court mais très dense de la contestation déclenchait des dynamiques inédites qui dominaient le temps présent, permettaient une politisation et une socialisation accélérées, déterminaient les projections que la société faisait de l’avenir, sans s’ancrer cependant dans la durée. Celles-ci étaient en effet trop fragiles pour survivre aux « dynamiques lourdes » héritées du passé, à savoir : le conservatisme social, les « marges » djihadistes qui disposaient déjà d’une histoire longue et s’avéraient capables de se reconfigurer après chaque défaite, la quasi-ethnicisation, voire biologisation des clivages confessionnels, et pour reprendre le langage fleuri de l’ancien président yéménite Saleh (exécuté par ses propres alliés en 2017), la perception du politique comme l’« art de marcher sur la tête des serpents ».

    Cet aller-retour constant entre ce que le « terrain » donnait en 2011 et ce qu’il révèle a posteriori, ouvre aussi de nouvelles perspectives comparatives, notamment avec les révolutions européennes de 1848. Les observateurs de l’époque avaient été étonnés de constater que plusieurs temporalités portant chacune des dynamiques propres, avaient investi une Europe radicalement configurée par la contestation révolutionnaire. À l’exception de quelques chapitres, chaque section importante des annales de la révolution de 1848 à 1849 porte le titre de : « Défaite de la révolution ! » dit Marx qui, comme Tocqueville, a très tôt saisi que le temps « anté » n’avait pas péri avec Louis-Philippe. Les pouvoirs qui voyaient le jour dans le monde post-1848, cependant, étaient loin de constituer les répliques des anciennes. Dans le monde arabe également, l’« ancien » agissait dans un cadre temporel inédit pour finir par l’enterrer, mais non sans s’être lui-même radicalement métamorphosé comme condition de sa survie.

    Publications

    • Crise, violence et dé-civilisation. Essai sur les angles morts de la cité, Paris, CNRS Éditions, 2019, 480 p.
    • « Domination, Resilience and Power : Religious Minorities in the Imperial and Post-Imperial Middle-East », dans Ways of Knowing Muslim Cultures and Societies. Studies in Honour of Gudrun Krämer, sous la dir. de B. Gräf, B. Krawietz et S. Amir-Moazami, Leiden, Brill, 2018, p. 355-375.
    • « An Overview of Kurdistan of the 19th Century », dans Routledge Handbook on the Kurds, sous la dir. de Michael M. Gunter, Londres, Routledge, 2019, p. 48-61.
    • « Afterword » dans The End of the Ottomans, sous la dir. de H.-L.-Kieser, M. L. Anderson, S. Bayraktar et Th. Schmutz, Londres, I.B. Tauris, 2019, p. 321-335.
    • « Préface » à L’Algérie face à la catastrophe suspendue. Gérer la crise et blâmer le peuple sous Bouteflika (1999-2004), sous la dir. de Thomas Serres, Paris, Karthala, 2019, p. 9-15.

     

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 26 juillet 2018.

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