Cet enseignant est référent pour cette UE
S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.
1er lundi du mois de 11 h à 13 h (salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2018 au 3 juin 2019. Des séances supplémentaires auront lieu les 18 février, 8 avril et 17 juin 2019 (même horaire). Les séances du 18 février et du 17 juin auront lieu en AS1_08 (même adresse). La séance du 18 février est reportée au 25 février (salle AS1_23, même horaire, même adresse). La séance du 6 mai se déroulera en salle AS1_08 (même adresse)
À partir des conditions d’instabilité de la cure, nous voudrions interroger le statut du fantasme et du jeu comme source de surprise et de création, et la manière dont la psychanalyse et les sciences sociales en rendent compte. Nous nous intéressons tout particulièrement à la spécificité de la psychanalyse dans l’élaboration de ces phénomènes et dans la transmission qu’elle est capable d’assurer, volontairement ou involontairement, vers les autres sciences humaines. Nous nous pencherons également sur les processus par lesquels la critique et l’histoire de l’art ou la philosophie essayent d’élaborer ces mêmes phénomènes.
Nous nous intéressons au le jeu au sens de Deleuze (ritournelle, refrain), en tant que production d’individuation à partir d’une intensité face à la confusion et au chaos. Chez Deleuze, un passage vers un nouveau registre se fait à partir de ces procédés de répétition/variation, ouvrant une marge pour faire entrer le contingent dans le but de dépasser le dualisme entre la technique et la vie. Le jeu comme accès à une autre forme de temporalité, comme création d’un espace-temps ; espace-temps qui est aussi création d’un rythme, permettant de dépasser la pure dimension fixe et « automatique » de la technique pour introduire quelque chose de l’ordre de l’interprétation. Le rythme relie le « mécanique » avec le vivant et fonctionne comme charnière entre le technique et l’humain. D’un côté l’automatisme, la destruction, de l’autre côté la création : le rythme est création et l’art consiste à maintenir vivant le rythme. Sortant du dualisme entre technique et vie, une dimension différente de la technique se laisse entrevoir : une technique de l’humain ? un agencement ?
Nous souhaitons cette année ouvrir la discussion à partir du film de Su Friedrich Seeing red, du texte de Thomas Fries sur l’interprétation par Szondi des poèmes de Celan, et des morceaux de musique différemment joués par divers interprètes (Gould, Myra Hess, Kurtag), les confrontant successivement aux situations de surprise dans la clinique et interrogeant leur statut, entre expérience et intensité. Nous nous pencherons également sur la fascination de Walter Benjamin par les jeux d’enfants. Nos lectures de référence seront Ferenczi, Deleuze, Winnicott, Benjamin et Heidegger.
Mots-clés : Affects, Arts, Cinéma, Culture visuelle, Esthétique, Image, Jeux, Littérature, Médias, Poétique, Psychanalyse, Textes, Visuel,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : Centre Georg-Simmel - Centre Georg-Simmel. Recherches franco-allemandes en sciences sociales
Adresse(s) électronique(s) de contact : franziska.humphreys(at)ehess.de, derek.humphreys(at)gmail.com
À partir des conditions d’instabilité de la cure, nous avons interrogé le statut du fantasme et du jeu comme source de surprise et de création, et la manière dont la psychanalyse et les sciences sociales en rendent compte. Nous nous sommes intéressés tout particulièrement à la spécificité de la psychanalyse dans l’élaboration de ces phénomènes et dans la transmission qu’elle est capable d’assurer, volontairement ou involontairement, vers les autres sciences humaines. Pour introduire la notion du fantasme (à la différence du rêve) et sa mise en mouvement dans le jeu et la pratique artistique, nous avons discuté des textes clés de Sigmund Freud (« Ein Kind wird geschlagen », « Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci ») et de Donald Winnicott (Jeu et réalité). C’est le croisement avec la pratique artistique de William Kentridge qui nous permis d’analyser de plus près la formation de l’image à partir de traces disparates et informes. Œuvre à la fois esthétique et critique dans la mesure où elle prend l’appui sur le traumatisme de l’apartheid en Afrique du Sud, elle nous a ouvert la voie vers les liens complexes entre la construction de l’histoire, la vérité subjective et la création artistique. Pour élargir cette discussion vers le concept de l’interprétation dans son lien au jeu et à la vérité, nous nous sommes consacrés à une lecture approfondie et philologique de « Konstruktionen in der Analyse ». La description très ambivalente de la vérité dans l’interprétation que donne Freud dans ce texte peut être rapprochée des réflexions de Peter Szondi sur le potentiel épistémologique de la philologie. Szondi s’oppose explicitement à l’idée de la philologie comme « science » traitant d’une connaissance stable et d’objets clairement définis. Il insiste à plusieurs reprises sur le fait que l’objet de la Literaturwissenschaft est un objet spécifique qui est constamment recréé dans l’acte de la lecture. La philologie en tant qu’« art d’interpréter » serait donc un savoir qui se renouvelle constamment dans la confrontation concrète avec le texte littéraire. Organisé autour de multiples rencontres (Szondi – Celan – Shakespeare – Derrida – Starobinski), ce volet de notre séminaire a également questionné la notion d’une singularité qui se refuse à l’universel mais s’inscrit dans cette connaissance toujours renouvelée en philologie et en psychanalyse.
Nous nous sommes intéressés au jeu au sens de Deleuze (ritournelle, refrain), en tant que production d’individuation à partir d’une intensité face à la confusion et au chaos. Chez Deleuze, un passage vers un nouveau registre se fait à partir de ces procédés de répétition/variation, ouvrant une marge pour faire entrer le contingent dans le but de dépasser le dualisme entre la technique et la vie. Le jeu comme accès à une autre forme de temporalité, comme création d’un espace-temps ; espace-temps qui est aussi création d’un rythme, permettant de dépasser la pure dimension fixe et « automatique » de la technique pour introduire quelque chose de l’ordre de l’interprétation. Le rythme relie le « mécanique » avec le vivant et fonctionne comme charnière entre le technique et l’humain. Nous avons mis cette élaboration théorique à partir des textes de Gilles Deleuze et de Donald Winnicott à l’épreuve du réel de l’art en le confrontant avec les pièces de danse d’Anna Theresa de Keersmaeker et le dernier film de Sue Friedrich Seeing red. En invitant Dominique Mazéas (psychanalyste, Université Paris 13) à partager avec nous sa réflexion autour de son projet de recherche « Les effets thérapeutiques de la médiation danse auprès d’enfants présentant un TED », nous avons ensuite relié cette réflexion ancrée dans le terrain artistique à une pratique thérapeutique. Le séminaire a abouti dans une discussion de l’interprétation en musique, introduit par une intervention de François Pommier (psychiatre et psychanalyste, Université Paris Nanterre) qui a été discutée par Guilherme Carvalho (musicologue, Université de Montpellier). Nous avons ainsi pu confirmer notre hypothèse que le jeu est une actualisation qui agit comme une interprétation sans laquelle une pièce de musique resterait muette, un texte littéraire lettre morte. https://equus.hypotheses.org/fantasme-jeu-et-creation
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 2 mai 2019.