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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Repenser l'imagination aujourd'hui

  • Jean-Luc Amalric, professeur en CPGE Arts et Design, Nîmes ( Hors EHESS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

  • Johann Michel, professeur à l'Université de Poitiers (TH) ( IMM-CEMS )

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Lundi de 10 h à 13 h (salle AS1_23, 54 bd Raspail 75006 Paris), les 12 novembre, 10 décembre 2018, 14 janvier, 11 février, 11 mars, 8 avril et 13 mai 2019. Une journée d'étude se déroulera le 26 novembre, de 9 h à 16 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris). À partir du 14 janvier, les séances se dérouleront en salle 13 (105 bd Raspail 75006 Paris)

Pourquoi réfléchir aujourd’hui sur l’imagination ? Une théorie générale de l’imagination est-elle seulement possible ? Et quel pourrait-être son impact épistémologique, technique, esthétique, éthique et politique ?

Ce séminaire, qui voudrait se développer à la manière d’un dialogue et d’un va-et-vient constant entre philosophie et sciences humaines et sociales, est parti d’un constat : la question de l’imagination ne cesse aujourd’hui de gagner en importance dans les recherches en sciences sociales, en épistémologie de l’histoire, en théorie littéraire, en théorie de l’art, en théorie du design ou en philosophie de la technique. Mais ce constat s’est doublé en même temps d’une insatisfaction : la plupart de ces réflexions sur le phénomène de l’imagination se développent de manière en quelque sorte « sauvage » et éclatée, et elles restent généralement cantonnées à un domaine d’application particulier (qu’il s’agisse par exemple des domaines de l’imaginaire social et politique, de l’invention technique, ou encore de l’expérience esthétique).

L’objectif de ce séminaire est de tenter de répondre à ce défi en posant les linéaments d’une théorie générale de l’imagination dont le caractère réflexif et critique serait susceptible de contribuer à la compréhension et à la transformation du monde dans lequel nous vivons et agissons. Dans cette tentative pour penser les conditions d’une imagination incarnée – comme puissance d’innovation et de configuration œuvrant à la charnière du discours et de l’action – nous prendrons aussi bien appui sur les recherches actuelles en sciences humaines et sociales que sur les apports essentiels de certaines pensées philosophiques (celles notamment de Bachelard, Ricœur, Castoriadis ou Simondon) qui, au XXe siècle, ont contribué à renouveler profondément l’approche de l’imagination dans ses enjeux épistémologique, technique, poétique, esthétique, éthique et politique.

26 novembre 2018, de 9 h à 12 h et de 14 h à 16 h (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Un paradigme qui nous apaise. Quelles propositions pour les études lilttéraires aujourd'hui ?

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Intitulés généraux :

Centre : IMM-CEMS - Centre d'étude des mouvements sociaux

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous par courriel.

Niveau requis :

séminaire ouvert aux étudiants de master, aux doctorants et aux auditeurs libres.

Site web : http://cems.ehess.fr

Site web : http://fondsricoeur.fr/fr/pages/accueil.html

Adresse(s) électronique(s) de contact : jean-luc.amalric(at)orange.fr, johann.michel(at)ehess.fr

Compte rendu

L’objectif de ce séminaire ­– qui a commencé en 2018 et se déroulera sur plusieurs années – est de poser les linéaments d’une théorie générale de l’imagination, à travers la mise en œuvre d’un dialogue constant entre philosophie, sciences sociales et sciences cognitives. En partant d’une analyse des fonctions pratique, poétique, sociale, critique et cognitive de l’imagination et de leur articulation précise, il s’agira d’esquisser une théorie de l’imagination incarnée – comme puissance d’innovation et de configuration œuvrant à la charnière du discours et de l’action – et d’en examiner la fécondité au plan épistémologique, esthétique, éthique et politique.

Durant cette année 2018-2019, nous avons commencé par dresser un état des lieux des recherches actuelles concernant l’imagination. La question de l’imagination ne cesse aujourd’hui de gagner en importance dans les sciences cognitives et dans les recherches en sciences sociales, en épistémologie de l’histoire, en théorie littéraire, en théorie de l’art ou en théorie du design. Après avoir été longtemps discréditée, dans la philosophie comme dans les sciences, tout se passe en effet comme si l’imagination était en train d’acquérir un nouveau droit de cité dans ces disciplines.

Nous avons ensuite cherché les raisons de ce retour en grâce de la question de l’imagination. L’une des raisons et non des moindres de ce nouveau regard porté sur l’imagination nous vient à l’évidence des développements actuels des sciences cognitives et des neurosciences. Alors que, dans la première partie du XXe siècle l’image mentale avait constitué l’une des cibles favorites de la critique philosophique et scientifique, l’étude de l’imagerie mentale et celle de la simulation mentale ont eu pour conséquence de remettre au goût du jour une théorisation de l’activité imaginative tout en la renouvelant profondément. Même si la psychologie cognitive reste encore timide dans l’usage qu’elle fait du terme « imagination », elle nous a ainsi progressivement libérés d’un comportementalisme étroit qui assimilait l’esprit à une boîte noire pour n’en retenir que la part réactive. Du côté des sciences humaines et sociales, c’est, nous semble-t-il, le recul de deux paradigmes dominants – le marxisme et le structuralisme – qui explique au moins en partie la redécouverte et la réhabilitation progressive de l’imagination dans ces domaines. Tout en essayant d’établir une cartographie de ces mutations et de l’importance croissante de la question de l’imagination dans des disciplines aussi différentes que la sociologie, l’anthropologie, la géographie, l’épistémologie de l’histoire ou la théorie littéraire, nous avons choisi de focaliser notre attention sur deux champs de recherches particuliers. Le premier est celui des théories sociologiques ou anthropologiques de l’imaginaire social (celles notamment de Benedict Anderson, Arjun Appadurai, Zygmunt Bauman et Bronislaw Baczko) que nous avons confrontées aux philosophies de l’imaginaire social de Ricœur et de Castoriadis. Le second est celui de la théorie littéraire et il a donné lieu le 26 novembre 2018 à une journée d’étude co-organisée par Cristina Henrique da Costa et Olivier Abel (à laquelle ont également participé Rodolphe Calin, UPV et Marielle Macé, CRAL) et consacrée à la question de l’imagination poétique comme possible renouvellement des études littéraires.

Le séminaire a permis d’engager également une discussion entre imagination et interprétation, en montrant plus particulièrement la fonction centrale de l’imagination dans la capacité de générer des interprétations productives ou créatrices. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’activité artistique et de la réception esthétique. Mais l’interprétation productive (parente de l’imagination productive théorisée par Kant) intervient également dans la vie ordinaire lorsque nous sommes confrontés à des situations confuses, troubles, problématiques en rupture avec les schèmes familiers de la compréhension immédiate.

Le séminaire a enfin laissé place à des intervenants extérieurs (Roberta Picardi, Jean-François Houle, Mélanie Georgelin, Vinicius Sanfelice…) qui ont proposé des mises en perspective heuristiques de la théorie ricoeurienne de l’imagination autour de la formation des identités historiques, de la construction du récit historique ou de la création de métaphores.

À partir de cet état des lieux argumenté des recherches actuelles sur l’imagination, nous avons enfin défini la tâche philosophique que nous assignons à ce séminaire pour les années à venir : tenter de construire une théorie cohérente de l’imagination capable d’articuler ces champs de recherches éclatés à partir de l’idée d’un dédoublement originaire du procès incarné de l’imagination s’exprimant dans les termes d’une dialectique entre « imagination symbolique » et « imagination fictionnelle ».

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 10 janvier 2019.

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