Logo EHESS

baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Fondements de la langue et de l'écriture chinoises : perspectives synchronique et diachronique

  • Françoise Bottéro, chargée de recherche au CNRS (TH) ( CRLAO )
  • Alain Peyraube, directeur d'études de l'EHESS, directeur de recherche émérite au CNRS (*) ( CRLAO )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mercredi de 11 h à 13 h (salle 10, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 21 novembre 2018 au 29 mai 2019. La séance du 23 janvier aura exceptionnellement lieu en salle 13 (même horaire, même adresse)

Ce séminaire a pour objectif d’analyser et de discuter les travaux de recherche  les plus récents concernant la langue et l’écriture chinoises. À partir d’une approche théorique et méthodologique de type fonctionnaliste et cognitiviste, on retracera l’évolution des principales structures syntaxiques et sémantiques de la période pré-archaïque (XIIIe siècle avant J.-C.) au chinois moderne (XVIIIe siècle) : ordre des constituants, marqueurs différentiels de l’objet, formes passives, interrogatives, négatives, classificateurs, etc.

On étudiera aussi l’origine et le développement de l’écriture chinoise en commençant par l’écriture moderne et les problèmes qu’elle soulève : seule écriture syllabique qui note du sens, comment fonctionne- t-elle ? Comment peut-on la définir ? Comment note-t-elle les prononciations ? Qu’indiquent  les constituants sémantiques et phonétiques des caractères ? Que peut apporter l’étude de l’écriture chinoise aux théories existantes sur l’écriture en général ?

Ce séminaire s’adresse aux étudiants de master et de doctorat. La connaissance du chinois est recommandée, mais non obligatoire.

Aires culturelles : Asie orientale, Chine,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Linguistique, sémantique

Intitulés généraux :

  • Alain Peyraube- Linguistique chinoise : histoire de la langue et de ses représentations
  • Renseignements :

    Alain Peyraube, par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    mercredi, de 14 h à 16 h, sur rendez-vous par courriel.

    Réception :

    contacter les enseignants par courriel.

    Niveau requis :

    connaissance du chinois recommandée mais non obligatoire.

    Site web : http://crlao.ehess.fr/

    Adresse(s) électronique(s) de contact : peyraube(at)ehess.fr, bottero(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire a été consacré à retracer l’histoire des principales structures syntaxiques et sémantiques de la langue chinoise, de la période pré-archaïque (XIIIe-XIe siècles avant notre ère) à l’époque contemporaine et à étudier l’origine et le développement de l’écriture chinoise.

    On est revenu dans un premier temps sur les problèmes de périodisation pour identifier et insister particulièrement sur les caractéristiques de deux périodes : celle du bas archaïque (époque des Royaumes combattants, 475-221 av. notre ère) qui correspond au chinois classique par excellence, et celle du bas-médiéval (dynasties des Tang et des Song VIIe– XIIIe siècles) qui coïncide avec l’âge d’or de la culture chinoise ancienne.

    Après avoir redéfini un nouveau modèle du changement syntaxique et sémantique propre au chinois qui comprend seulement deux mécanismes internes (analogie et réanalyse, y compris les processus de grammaticalisation et d’exaptation) et un externe (emprunt à la suite de phénomènes de contact), le problème de l’ordre des mots et du changement de l’ordre des mots a été longuement discuté. Il a été montré que la langue chinoise n’a jamais été une langue SOV (sujet – objet – verbe). Aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps, i.e. à la période dite du pré-archaïque, le chinois était déjà incontestablement SVO, et rien n’a changé ensuite dans les étapes successives.

    L’hypothèse a ensuite été émise que le chinois, qui est habituellement considéré comme une langue typiquement analytique, était plutôt synthétique en bas-archaïque mais est devenu largement analytique dès le IIIe siècle pour s’orienter à nouveau, dès le XIVe siècle (fin de l’époque médiévale) vers davantage de synthéticité. Il pourrait donc s’agir d’un changement cyclique.

    Les structures syntaxiques fondamentales suivantes ont aussi été analysées en profondeur, à la fois en synchronie et en diachronie, comme cela avait été annoncé dans le programme d’enseignement : constructions ditransitives et formes passives.

    En ce qui concerne le volet sur l’écriture, après avoir introduit l’écriture chinoise dans un contexte plus large et dans sa relation à la langue, puis mis en avant le problème de la définition de l’écriture, nous avons analysé dans le détail son fonctionnement à partir des unités de base que sont les caractères.

    Nous avons abordé le problème de la notation des mots en insistant sur le rôle fondamental du phonétisme de ce système graphique encore trop souvent qualifié d’idéographique. Il a été montré que si les constituants phonétiques des caractères jouaient un rôle important pour la notation des mots, c’était le segment syllabique noté dans sa totalité par le caractère qui jouait en réalité ce rôle même lorsque les constituants phonétiques n’existaient pas.

    Nous nous sommes intéressés aux origines inconnues du système graphique chinois et au problème essentiellement chinois de vouloir faire remonter l’écriture chinoise aux signes néolithiques apparaissant çà et là sur des poteries et autres supports. Nous avons mis en avant un certain nombre de critères permettant d’établir ou non d’éventuels liens entre eux.

    Nous avons ensuite étudié le détail des premières formes graphiques des inscriptions oraculaires sur os et carapaces de tortue (jiǎgǔwén), leur découverte, la technique divinatoire utilisée, le problème de leur déchiffrement et les corpus existants, puis l’étude des formes graphiques des inscriptions sur bronze (jīnwén).

    Plusieurs collègues étrangers sont intervenus dans le cadre du séminaire : Benjamin K. T’sou, (professeur à l’Université de la ville de Hong Kong City et professeur invité à l’EHESS) le 10 janvier 2019 sur « Quadra-syllabic Idiomatic Expressions and Onomatopoeia in Cantonese and in Neighboring Languages : Explorations in Phylogenesis & other Linguistic Developments » ; Dong Xiufang (professeur à l’Université de Pékin) le 23 janvier 2019 sur « Changements diachroniques morpho-lexicaux en chinois » (communication en chinois) ; Arienne Dwyer (professeur à l’Université du Kansas) le 19 février 2019 sur « Convergence et résistance sur le plateau nord tibétain » ; Ng Bee Chin (professeur à l’Université technologique de Nanyang, Singapour et professeur invitée à l’EHESS) le 12 juin 2019 sur « Tell-tale signs of communication snags : What we can learn from variation and accommodation in interaction ».

    Publications

    • « The Case system in three Sinitic languages of the Qinghai-Gansu linguistic area », dans Languages and Genes in Northwestern China Adjacent Regions. Singapore : Springer Nature, sous la dir. de Xu Dan & Li Hui, 2017, p. 121-139. Daté de 2017 mais paru en octobre 2018.
    • « On some endangered Sinitic languages spoken in Northwestern China », European Review, 2018, 26-1, p. 130-146.
    • « Copie et plagiat en Chine ancienne et moderne » Raison Présente, 2018, n° 207, p. 37-44.
    • Avec Xu Dan, « Aire linguistique dans les provinces du Gansu et du Qinghai » (en chinois), Hanyu xuebao, 2018-3, p. 2-15.
    • Avec Song Na, « Évolution diachronique de tho22 dans le dialecte de Baoding » (en chinois), Zhongguo yuwen, 2019.1, p. 102-110.
    • Avec He Lisha, « Sur l’importance des constructions à verbes faibles et sur la prosodie morphologique en syntaxe diachronique du chinois », Journal of Chinese Linguistics, 2009-1, p. 266-281.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 16 janvier 2019.

    Contact : service des enseignements ✉ sg12@ehess.fr ☎ 01 49 54 23 17 ou 01 49 54 23 28
    Réalisation : Direction des Systèmes d'Information
    [Accès réservé]