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2e mercredi du mois de 9 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 14 novembre 2018 au 10 avril 2019
L’inégalité comme concept philosophique joue un rôle important dans la Théorie de la justice de John Rawls, qui conçoit le principe de différence comme principe de justification des inégalités acceptables à l'intérieur d'une société juste. Mais cette position, qui présuppose que l’inégalité constitue en elle-même un problème, ne va pas de soi. On a pu soutenir, à l’inverse, que le problème n’était pas tant la différence en dotation entre les membres d’une même société que la pauvreté absolue de certains. En termes de politiques publique, la question est alors de savoir si la priorité est la lutte contre la pauvreté ou la lutte contre les inégalités. Dans ce séminaire qui se veut aussi une introduction à la théorie de l’inégalité pour les étudiants de master, nous voudrions chercher à comprendre les enjeux de ce débat interne aux théories de la justification, en nous appuyant, notamment, sur les arguments contraires de Harry Frankfurt, qui défend la thèse de la priorité de l’approche en termes de pauvreté, et de Tim Scanlon, qui soutient que l’inégalité importe. Rousseau nous fournira un point de repère, dans l’histoire de la philosophie, pour mesurer l’originalité (ou l’absence d’originalité) de ce débat contemporain et tenter de comprendre, par contraste, ce qui caractérise en propre l’égalitarisme libéral contemporain.
Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :
Mots-clés : Démocratie, Droit, normes et société, État et politiques publiques, Inégalités, Philosophie, Philosophie politique,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Philosophie et épistémologie
Intitulés généraux :
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous.
Réception :
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Nous nous sommes interrogés sur le type de problème que constitue l’inégalité. Pourquoi faudrait-il s’en soucier ? N’est-il pas naturel qu’il y ait des inégalités dans une société dès lors que les individus possèdent des talents différents ? Nous avons d’abord abordé cette question, lors de la séance de novembre, d’un point de vue politique : qu’en est-il des sociétés contemporaines du point de vue de l’inégalité des fortunes et des revenus ? Que nous dit de ces inégalités la science économique ? Dans quelle mesure ces inégalités ont-elles une incidence sur les fonctionnements démocratiques ? Le second problème abordé lors de cette première séance était celui de savoir en quoi la question politique et économique des inégalités est susceptible ou non d’intéresser le philosophe. On a montré comment le problème des inégalités est devenu, avec Rousseau, un problème pour les philosophes. Lors du deuxième séminaire, au mois de décembre, nous nous sommes intéressés à une nouvelle manière de penser les inégalités à partir d’un travail sur le principe de différence de John Rawls. La troisième séance, en janvier, a porté sur une question très sensible dans nos sociétés capitalistes avancées : celle des incitations. On parle beaucoup des primes dans les entreprises ou dans la fonction publique. Elles sont censées encourager les plus productifs à donner le meilleur d’eux-mêmes au service de leur entreprise ou de leur administration. Nous avons mis cette question en relation avec la théorie institutionnelle de Rawls : nous avons cherché à comprendre pourquoi les incitations lui sont apparues nécessaires dans une société régie par le principe d’égalité, et pourquoi cette thèse rawlsienne a conduit à une critique de Gerald Cohen, qui voit une contradiction entre le principe de différence et l’ethos égalitariste d’une société bien ordonnée. La quatrième séance, au mois de février, est revenue sur le sens même du terme égalité : nous avons pu constater que lorsque l’on parle d’égalité on est très vite conduit à devoir préciser le critère retenu. Égaux, soit, mais en quoi ? La question « Pourquoi l’égalité ? » est très rapidement remplacée par une autre question, « L’égalité de quoi ? » Plusieurs critères viennent à l’esprit : égalité en droit, en liberté, en dignité, en respect ou en fortune et en revenus ? Pour démêler les fils de cette question, nous avons précisé le sens d’une autre invention de Rawls, sa théorie des biens premiers. Et de même que Cohen a fait un examen critique du principe de différence, nous avons étudié la critique que Amartya Sen a faite de la théorie des biens premiers ou primaires (selon les traductions françaises). La cinquième séance, au mois de mars, a tenté de répondre à la question de savoir si l’inégalité ne serait pas un faux problème. Certains ont soutenu la thèse suivante : il ne sert à rien de vouloir lutter contre les inégalités, car ce qui importe c’est de faire en sorte que chacun ait le minimum pour vivre correctement. Qu’il y ait des différences importantes si le minimum est garanti à tous n’importerait pas. Pour Harry Frankfurt, notamment, il faut lutter en priorité contre la pauvreté et pas contre les inégalités. N’y a-t-il pas toutefois un lien entre pauvreté et inégalités ? Pour lui répondre, et justifier le fait que les inégalités importent, nous nous sommes tournés vers la thèse de Tim Scanlon. La dernière séance, au mois d’avril a été consacrée à la présentation collective des travaux réalisés par les étudiants lors du séminaire.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 28 octobre 2018.