baobab
Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Depuis quelques décennies, les recherches en études urbaines se focalisent sur les métropoles et les villes globales, ainsi que sur les échelles globale et locale. Ce séminaire pluriannuel propose un changement de perspective en s'intéressant aux capitales nationales. Cette approche permettra, tout en intégrant ces aspects, de réintroduire l’État comme acteur de la fabrication de la ville et le pays comme échelle d’intervention. Nous interrogerons ainsi les manières dont le contexte contemporain de mondialisation, les restructurations des États ou la concurrence accrue entre villes ont reconfiguré les relations de pouvoirs et centralités historiques cristallisées dans les capitales.

Cependant, si la notion de capitale met l’accent sur les pouvoirs coexistant dans un même territoire, les villes-capitales sont aussi des territoires vécus. Le séminaire s'attachera donc à explorer les écarts entre logiques politiques (plans d'urbanisme, politiques urbaines, projets urbains, etc.) et dynamiques sociales, en s'intéressant notamment aux manières dont les acteurs locaux s’approprient, contestent ou détournent les régulations urbanistiques, ainsi qu'aux alternatives aux aménagements institutionnalisés. L'objectif est de réfléchir, plus généralement, à ce qu'est une capitale au XXI^e siècle, ses limites et ses acteurs, ainsi que les conflits autour de la construction de cette notion.

Alors que les recherches en études urbaines se focalisent, depuis quelques décennies, sur les métropoles et les villes globales, ce séminaire pluriannuel propose un changement de perspective en s’intéressant aux évolutions récentes des capitales nationales considérées dans leurs contextes géographiques régionaux. Durant cette première année, le séminaire s’est interrogé sur la dialectique entre métropoles et capitales. Il s’est agi, en premier lieu, d’analyser ces deux notions, leurs usages dans les différentes disciplines des sciences sociales, l’évolution de ces usages, ainsi que les traductions des deux mots dans les différentes langues. Les deux notions renvoient à celle de centralité, voire à une certaine prééminence des centres sur des périphéries plus ou moins lointaines. Or, si la notion de capitale focalise l’attention sur la cohabitation des pouvoirs et sur les manières de gouverner la ville, le terme métropole est le plus souvent associé à celui de croissance (urbaine, économique et démographique). Ainsi, nous nous sommes intéressés, dans un deuxième temps, aux notions de croissance et de décroissance urbaine, en les considérant comme les deux faces d’une même médaille ; deux processus interdépendants dans le temps et dans l’espace que nous avons étudiés conjointement. Enfin, nous avons révisé la littérature en géographie et en urbanisme consacrée aux capitales politiques dès les années 1970, en la confrontant à celle portant sur les villes globales qui émerge à partir des années 1980.

Plusieurs interventions ont apporté des éclairages complémentaires et ont permis de mettre ces réflexions théoriques à l’épreuve du terrain. Takashi Machimura (université de Hitotsubashi) a étudié le double rôle de Tokyo comme capitale nationale et comme ville globale, en soulignant combien la poursuite de la performance économique et la concurrence internationale accrue ont marqué les politiques urbaines récentes et entraîné une montée des inégalités socio-spatiales. Armelle Choplin (Université de Genève) s’est intéressée au processus de métropolisation et aux modes de gouvernance en Afrique de l’Ouest, à partir de l’étude de la construction du corridor urbain (Accra, Lomé, Cotonou, Lagos). Dans cette mégalopole, deux tendances coexistent : la recherche d’une visibilité et d’une image internationale par le biais de grands projets urbains stratégiques et la lutte contre l’urbanisation informelle par des politiques de mise en ordre et d’expulsion. Enfin, l’intervention de Valérie Gélézeau (EHESS) a porté sur les capitales coréennes. Elle s’est intéressée, dans une perspective géohistorique, aux évolutions des capitales des deux Corées et aux efforts des gouvernements nationaux pour faire rayonner leur ville-capitale par des projets urbains.

Enfin, les dernières séances du séminaire ont été consacrées à un débat sur les modes de gouvernement des capitales, en prenant comme point de départ les rendus des étudiants. Ainsi, la diversité de modes de gouvernance des capitales européennes (Paris, Bruxelles, Varsovie) a pu être confrontée à des cas latino-américains comme Lima ou São Paulo.

Publications

• « Regards croisés entre la loi d’orientation foncière (1967) et la loi foncière espagnole (1956) », Pour mémoire. Revue des ministères de la transition écologique et solidaire et de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Hors-série 26, « La loi d’orientation foncière (1967) Un héritage en débat ». 2019, p. 40-50.
• « Campos Venuti. Recuperación y austeridad », dans El urbanismo de la Transición ; El Plan General de Ordenación Urbana de Madrid de 1985, sous la dir. de C. Sambricio et P. Ramos, Madrid, Ayuntamiento de Madrid, 2019, p. 118-121.
• Avec E. Cunningham-Sabot, « Del declive al decrecimiento urbano : un debate en construcción », dans Anales de Geografia de la Universidad Complutense, 38/2. 2018, p. 341-356.
• « La fabrique politique et territoriale du Grand Madrid (1900-1939) », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Épistémologie, Histoire de la Géographie, Didactique, document 840, http :// journals.openedition.org/cybergeo/28910 ; DOI : 10.4000/cybergeo.28910