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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Histoire mondiale de l'esclavage

  • Claude Chevaleyre, jeune chercheur ( CCJ-CECMC )
  • Paulin Ismard, maître de conférences à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ( AnHiMA )
  • Benedetta Rossi, professeure à l'Université de Birmingham ( Hors EHESS )
  • Cécile Vidal, directrice d'études de l'EHESS (TH) ( MONDA-CENA )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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3e vendredi du mois de 14 h à 18 h (salle 12, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 16 novembre, 21 décembre 2018, 18 janvier, 15 février, 17 mai et 21 juin 2019

Le séminaire vise à préparer un volume collectif sur l’Histoire mondiale de l’esclavage (titre provisoire - éd. du Seuil). L’ouvrage entend aborder l’esclavage dans toutes ses dimensions depuis la plus haute antiquité jusqu’à la période contemporaine et contribuer à renouveler une approche comparatiste dans l’étude du phénomène. Il sera composé de trois grandes sections : Situations ; Comparaisons ; Transformations. Le séminaire sera consacré à la discussion d’un certain nombre d’articles en cours de rédaction de la seconde partie « Comparaisons », qui abordera un ensemble de thèmes ou d’institutions transversales, communes à la plupart des systèmes esclavagistes dans le temps et dans l’espace. Les articles seront rédigés et présentés par les quatre organisateurs du séminaire, ainsi que par Michael Zeuske, Université de Cologne, et M'hamed Oualdi, Princeton University.
 

Aires culturelles : Afrique, Amériques, Asie, Europe, Océanie,

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations des Amériques

Intitulés généraux :

  • Cécile Vidal- Mondes atlantiques, formations impériales et situations coloniales
  • Renseignements :

    par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    licence.

    Site web : http://cena.ehess.fr/

    Adresse(s) électronique(s) de contact : cecile.vidal(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire était organisé conjointement par Paulin Ismard, historien de la Grèce ancienne, Benedetta Rossi, anthropologue et historienne travaillant sur l’Afrique de l’Ouest, Claude Chevaleyre, spécialiste de l’esclavage en Chine, et moi-même, dont les recherches portent sur l’esclavage en situation coloniale aux Amériques. M’hamed Oualdi, historien du Maghreb et de l’Empire ottoman, a également participé à deux séances. L’une des séances était conjointe au séminaire dirigé par Alessandro Stanziani sur « Savoirs, institutions, économies : histoires connectées et dynamiques globales ».

    L’objectif de notre séminaire était de discuter les articles en cours de rédaction de la deuxième partie de notre ouvrage à paraître au Seuil, Histoire mondiale de l’esclavage (titre provisoire). Cette deuxième partie, intitulée « Comparaisons », traite d’institutions ou de phénomènes communs à nombre de systèmes esclavagistes dans l’histoire de l’humanité. Dans cette partie, nous cherchons à explorer la possibilité et les paramètres d’une démarche comparatiste à l’échelle mondiale et à redéfinir ainsi les concepts d’esclavage et de société esclavagiste. Les institutions ou phénomènes abordés ont été les suivants : identification ; esclavage public ; récits d’esclave ; esclavage contractuel ; genre ; mort ; justice ; esclavage pénal ; propriété ; travail ; affranchissement et affranchis ; maîtres.

    ax. l’on cherche à pratiquer le comparatisme à l’échelle mondiale sur la très longue durée, la première difficulté est de prendre la mesure des bibliographies existantes. Or les historiographies sont très inégales selon les systèmes esclavagistes. Celles qui prédominent concernent l’esclavage-marchandise qui s’est développé aux Amériques sous la houlette des Européens entre le XVIe et le XIXe siècle, ainsi que celui existant dans les mondes grec et romain durant l’Antiquité. En revanche, on est souvent plus démuni pour d’autres régions et d’autres périodes. Même pour les deux historiographies les plus importantes, les problématiques et les débats abordés sont, en outre, en partie différents en raison des sources disponibles et des idiosyncrasies propres aux systèmes esclavagistes étudiés. L’autre difficulté dans la pratique d’un tel comparatisme est que, en dehors de son domaine d’expertise sur lequel on a un point de vue personnel fondé sur des recherches empiriques, on est dépendant des travaux des collègues pour les autres régions et périodes et on n’a pas toujours les moyens de trancher dans les débats historiographiques. Le séminaire nous a ainsi permis de croiser nos regards et compétences de spécialistes de régions et de périodes différentes afin de s’orienter dans les multiples historiographies à mobiliser et d’identifier les différentes facettes des thématiques abordées.

    all. si nos articles sont encore au stade de l’ébauche, nos présentations et nos discussions ont confirmé le fort potentiel heuristique de la démarche comparatiste, comme en témoignent les quelques exemples suivants. Celle-ci permet d’abord de mettre en évidence les points communs et les différences existant entre plusieurs sociétés. Les sociétés ayant connu l’esclavage ont ainsi presque toutes mis en place diverses formes de manumission comme si l’esclavage ne pouvait exister sans sa négation. En revanche, comme l’a déjà souligné Orlando Patterson, la fréquence et les modalités du processus d’affranchissement, ainsi que le statut des affranchis constituent ce qui permet le mieux de différencier ces sociétés. Le comparatisme permet également de tester des interprétations, voire des paradigmes en les appliquant à de nouveaux cas d’études. Une idée commune chez les historiens de l’esclavage est que la distinction entre insiders et outsiders est cruciale pour comprendre qui sont les personnes et les groupes pouvant être asservis dans un collectif donné, la plupart des sociétés étant réticentes à réduire leurs propres membres en esclavage. Or l’esclavage pénal est l’une des sources principales d’esclavage interne, mais la notion n’a pas encore été travaillée de manière comparatiste alors que le phénomène était loin d’être inexistant dans de nombreuses sociétés. S’interroger sur cette forme particulière d’esclavage devrait permettre de regarder différemment l’institution esclavagiste. De la même façon, l’analyse des différentes formes d’esclavage public à l’œuvre aussi bien dans les sociétés antiques, dans l’Amérique coloniale que dans le monde musulman médiéval et moderne (le « phénomène mamelouk ») met en évidence la grande diversité du recours au travail servile et permet d’ouvrir un vaste champ d’interrogation sur le statut même de la relation à l’État dans les sociétés esclavagistes. L’approche comparatiste, enfin, permet de transférer des problématiques d’une historiographie à l’autre. La mort a pu ainsi être décrite par l’historien Vincent Brown comme étant le phénomène premier modelant la société esclavagiste jamaïcaine au XVIIIe siècle. Étendre cette question des rapports entre mort et esclavage à l’ensemble des sociétés ayant connu l’esclavage et prendre en compte ses différentes facettes, y compris la pratique des morts d’accompagnement impliquant des maîtres et leurs esclaves et existant dans de nombreuses sociétés qui ne sont pas au centre des études sur l’esclavage, permet d’éclairer différemment la relation esclavagiste qui pouvait perdurer au-delà de la mort.

    Publication

    • Caribbean New Orleans : Empire, Race, and the Making of a Slave Society, Chapel Hill, University of North Carolina Press pour le Omohundro Institute of Early American History and Culture, 2019.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 juillet 2018.

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