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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

La distribution de l'information, l'économie du savoir, dont on fait si grand cas dans notre société de connaissance contemporaine, n'est pas, loin de là, la distribution du vrai et de la connaissance. Le mensonge, la tromperie, la fausseté, l'indifférence à la vérité et la foutaise en font tout autant partie. On en étudiera les formes aussi bien au niveau individuel que social, et on tentera de les identifier et de les classer, à partir de travaux classiques (Williams, Vérité et véracité,  Frankfurt, l'art de dire des conneries) et contemporains. Bien que l'objectif soit d'analyser les conditions sociales de la tromperie, l’approche adoptée sera plus épistémologique et éthique que sociologique, mais les liens entre ces domaines seront analysés systématiquement. Les conséquences de ces pratiques et attitudes pour la démocratie et la vie politique seront également discutées.

Ce séminaire est accessible sur la plateforme d'enseignement de l'Environnement numérique de travail de l'EHESS :

5 mars 2019 : Introduction : le mensonge d’Augustin à Kant

12 mars 2019 : Mensonge, assertion et cas limites de tromperie

19 mars 2019 : Williams et les vertus de vérité 

26 mars 2019 :  De la foutaise, des conneries et du baratin

2 avril 2019 : Claude Romano (Paris IV) : La vérité envers soi-même

9 avril 2019 : Benjamin Icard (ENS) « L'évaluation des stratégies de tromperie: cas standards et non-standards »

16 avril 2019 (salle 7, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Fake news : la place du vrai dans un monde de faux.

7 mai 2019 : Arnaud Saint Martin (CNRS, EHESS) : Fake science : normalisation d'une déviance.

14 mai 2019 (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris) : Neri Marsili (Barcelone) : « Political lying and deception »

21 mai 2019 : Paul Egré (CNRS) « Stokke sur le mensonge »

28 mai 2019 : Conclusions

Ce séminaire, dans le prolongement de celui donné sur la bêtise en 2017-2018 et dans le cadre d’une recherche sur les versants négatifs de l’épistémologie (cf. Engel, 2019), a porté sur les conditions dans lesquelles la diffusion de l’information et la connaissance, dans la sphère publique, et particulièrement sur internet et dans les réseaux sociaux, se trouvent conduire à des dérégulations graves comme celles qui conduisent à la production de fake news. On en a étudié les formes : mensonge, tromperie, fausseté, indifférence à la vérité et foutaise (bullshit). L’essentiel du séminaire a porté sur la définition du mensonge et des diverses formes de tromperie, selon deux perspectives : généalogique et philosophique, à partir de la perspective de Bernard Williams dans Vérité et véracité (2002) et de celle de Harry Frankfurt (On Bullshit, 1982), et sémantique et pragmatique, à partir de travaux récents. On s’est interrogé, en partant des conceptions classiques (Augustin, Kant, Constant) aussi bien sur ce qui fait d’une assertion un mensonge que sur les conditions subjectives, éthiques et sociales du mensonge, que sur les conditions de production de la communication mensongère et trompeuse. À la suite de Frankfurt on a isolé le phénomène de la production de foutaise, de baratin et de discours vide. On a discuté la différence entre le mensonge comme assertion soumise à des normes de communication et les diverses formes de tromperie et d’insincérité, aussi bien individuelles que collectives, ainsi que les conditions sémantiques du mensonge. Plusieurs conférenciers invités ont discuté les thèmes suivants : la vérité envers soi-même (Claude Romano, Université Paris IV), l’évaluation des stratégies de tromperie (Benjamin Icard, ENS), la Fake science (Arnaud Saint Martin, CNRS, EHESS), le mensonge politique et la duperie de soi (Neri Marsili, Barcelone), le mensonge selon Stokke (Paul Egré, ENS), vague et mensonge.

Publications

• Les vices du savoir, essai d’éthique intellectuelle, Paris, Agone, 2019, 615 p.
• « The Grapes of wrath and scorn », dans The value of emotions for knowledge, sous la dir. de L. Candiotto, Londres, Palgrave, 2019, p. 218-232.
• « De la post-vérité à la foutaise », dans Vérités citoyennes, sous la dir. de M. Holzem, Paris, Le croquant, 2019, p. 91-108.
• « La vérité », dans Dictionnaire des passions sociales, sous la dir. de G. Origgi, Paris, PUF, 2019.
• « Peut-il y avoir des raisons d’État ? », Revue de métaphysique et de morale, 2019/2, n° 102, p. 65-79.
• Philosophie analytique, L’encyclopédie philosophique, juin 2019 https://encyclo-philo.fr/philosophie-analytique-a/