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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Anthropologie des processus de citoyenneté

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

2e et 4e mardis du mois de 10 h à 13 h (salle AS1_08, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 8 janvier 2019 au 14 mai 2019. La séance du 14 mai est reportée au 12 juin (de 13 h à 18 h, salle 11, 105 bd Raspail 75006 Paris)

Il s'agira cette année de poursuivre l'exploration des apports de l'anthropologie politique du contemporain à la saisie empirique des processus de citoyenneté et à un retour critique sur les théorisations dont elle fait l'objet. Les pratiques et représentations de la citoyenneté sont relativement sous-étudiées dans l'anthropologie politique française, alors qu'elle fait l'objet de nombreux travaux dans le monde. Ce séminaire sera donc consacré à la mise en discussion de recherches pluridisciplinaires portant sur différents espaces de pratiques citoyennes, notamment celles visant un renouvellement de l'éthos démocratique et de l'émancipation. Cette année, le séminaire sera aussi l'occasion de présenter et discuter les résultats intermédiaires de l'ANR ScouTo ("Scouts toujours ?" Quels citoyens deviennent les anciens scouts ?) coordonnée par Maxime Vanhoenacker. Une place sera également accordée aux enjeux d'une recherche qui soit elle-même « citoyenne ».

8 janvier 2019 : Introduction générale du séminaire / présentation de l’ANR ScouTo, Catherine Neveu (CNRS, IIAC/LACI) et Maxime Vanhoenacker (CNRS, IIAC/LACI, coordinateur ANR ScouTo)

  • présentation du séminaire et des modalités de participation/validation
  • introduction problématique : comment saisir la citoyenneté ordinaire ?
  • présentation du programme de recherche ANR ScouTo : « Scouts toujours ? Quels citoyens deviennent les anciens scouts ? » (2018-2021)

22 janvier 2019 :

  • « Le rôle de l’école dans la socialisation politique des enfants », Alice Simon (Sciences Po Saint Germain en Laye)
    Quel est le rôle de l’école dans la socialisation politique des enfants ? Cette contribution présente et croise les résultats de deux enquêtes, la première portant sur le rapport à la politique d’enfants âgés de 8 à 11 ans et la seconde sur l’apprentissage de la citoyenneté au collège et au lycée. Ces enquêtes, conformément à ce que suggère la littérature, indiquent que l'influence de l’école sur l’acquisition de connaissances et de préférences politiques est limitée : malgré les efforts des législateurs pour consolider l’action politique de l'école, la famille garde dans ce domaine un rôle prépondérant. Il apparaît cependant que l’école a une influence indirecte – mais fondamentale – sur les apprentissages politiques : les enfants y sont en effet socialisés à tout un ensemble de normes sociales et politiques, par exemple la norme égalitariste, la norme démocratique ou encore la norme antiraciste. Qu'ils y adhèrent ou non, les enfants sont familiarisés à ces normes et apprennent à les reconnaître comme dominantes.
  • « "Ainsi le scoutisme pris sa racine dans l’idée de Patrie". La formation civique dans la phase fondatrice des Éclaireurs de France 1911-1914 », Nicolas Palluau (ANR ScouTo, chercheur associé au CNE/Université d’Avignon)
    Les Éclaireurs désirent former les futurs citoyens par les activités de pleine nature destinées à mobiliser l’adolescence entre les deux institutions de l’école primaire et de la conscription. Comment le plein air peut-il être patriote ? Dans quelle mesure la prestation de serment des enfants s’inscrit dans un projet civique totalisant ? Nous développerons leur conception de la patrie et verrons la place que prend la question de l’honneur. Puis nous discuterons le rapport entretenu avec l’institution scolaire.

12 février 2019 : « "La jeunesse en mouvement". L’implantation, l’évolution et l’appropriation du scoutisme et du guidisme en Malaisie britannique (1910 – 1966) », Jialin Christina Wu (ANR ScouTo, MCF Université Paris I)

Initialement conçus pour préparer l’enfant britannique à son futur rôle d’« homo imperialis », le scoutisme et le guidisme sont indubitablement des outils impérialistes. Ces deux mouvements de jeunesse se développent cependant rapidement bien au-delà de la métropole britannique jusque dans les colonies, où ils s’installent à grande échelle. En Malaisie britannique, ils bénéficient même d’une immense popularité parmi la jeunesse autochtone et les élites locales, à tel point qu’ils survivent à sa décolonisation. Comment expliquer ce paradoxe, une telle popularité et une telle pérennité de structures impérialistes auprès d’autochtones et de nationalistes de la Malaisie britannique ? Comment comprendre la réappropriation par les nationalistes autochtones de ces mouvements pour la formation des enfants vers une « bonne citoyenneté́ » dans une certaine forme d’« ingénierie sociale » ?

26 février 2019 : « "Le jour où toi et moi on sera vraiment égaux, j’irai voter" : évitement des discriminations raciales, citoyenneté et (dé)mobilisation politique des groupes minorisés à Roubaix », Julien Talpin (CNRS, CERPAS/Université de Lille)

Les normes qui structurent les interactions discursives ans l’espace public façonnent également les mobilisations citoyennes. En France, la difficulté de parler publiquement des discriminations raciales contraint les formes de mobilisation qui visent à faire participer les citoyens à la vie de la cité. À partir d’une enquête ethnographique menée dans la ville de Roubaix, et du suivi de plusieurs initiatives visant à lutter contre l’abstention, cette recherche réinvestit par le bas la question des effets des jeux de cadrage sur les dynamiques d’action collective. Dans ce cas, l’écart observé entre un cadre civique et un cadre racialisé contraint les initiatives de mobilisations électorales, qui résonnent peu avec l’expérience ordinaire des acteurs. Alors que le premier rappelle que le vote est un devoir civique, le second souligne qu’une des conditions de la citoyenneté est l’égalité de traitement entre tous les membres de la communauté politique. Ce faisant, cette enquête démontre que les échanges communicationnels dans l’espace public ont des conséquences pratiques très concrètes.

12 mars 2019 : « Le théâtre forum, une forme d’agir citoyen ? », Nordine Salhi (comédien intervenant, compagnie Bagan BagaN)

Nordine Salhi animera une séance de théâtre forum sur le thème de la citoyenneté à laquelle nous prendrons part collectivement. A l’issue de cette expérience d’une mise en scène et d’un agir concret et collectif, nous aurons la possibilité de questionner ce qui se produit lorsque la citoyenneté n’est plus abordée par un registre discursif problématisé avec les outils académiques. Le point de vue du comédien sur la citoyenneté comme thème d’intervention théâtrale, thème sur lequel sa compagnie s’est spécialisée, nous permettra de nourrir les chantiers ouverts dans ce séminaire.

26 mars 2019 : « Le film dans l’enquête de terrain, un outil pour saisir la citoyenneté ordinaire ? », ANR ScouTo : Damien Mottier (MCF, Université Paris-Nanterre), Arghyro Paouri (CNRS, IIAC/EHESS), Maxime Vanhoenacker (CNRS, IIAC/EHESS)

L’enquête de terrain consacrée à saisir la citoyenneté dans le scoutisme (ANR ScouTo) nous conduit à envisager spécifiquement le film comme matériau empirique. Dans cette enquête, le film se présente selon trois modalités différentes : collecte de films amateurs produits depuis les années 1930, production de documentaires sur les pratiques scoutes contemporaines, stratégie d’une politique de terrain qui facilite la rencontre entre le travail scientifique et les acteurs du scoutisme. Les sources audiovisuelles sont à la fois objets d’étude et outils d’enquête, cela implique de questionner le statut de l’image dans les différentes étapes de cette enquête. Cette séance se propose de revenir sur quelques orientations méthodologiques de l'anthropologie visuelle : de la collecte audiovisuelle à la mise en scène du terrain en passant par des enjeux de participation, de collaboration et de co-écriture de la recherche. Cet outillage nous permet d’envisager les écritures audiovisuelles dont il est ici question comme des processus de citoyenneté ordinaire. Notre travail documentaire, qui s’appuie sur l’implication de jeunes adultes engagés dans le scoutisme, autant que les films scouts collectés, révèlent les enjeux locaux de la mise en image. Qui est légitime dans les communautés scouts pour rendre public une représentation du groupe ? Comment s’élabore la mise en scène (sélection, contrôle…) des relations éducatives et des engagements scouts ? Quels sont les usages politiques de ces images ?

9 avril 2019 : « Mésentente autour d'une expérience d'empowerment consacrée à la lutte contre les discriminations », Hélène Balazard (Université de Lyon/ENTPE), enquête menée avec Sandrine Rui (MCF, Université de Bordeaux). 

Créé pour porter dans l’espace public le débat sur les discriminations liées aux origines, un Collectif a regroupé entre 2010 et 2015 une trentaine de jeunes habitants de quartiers populaires, accompagnés dans l’aventure par l’équipe d’un Centre social. Après avoir suscité intérêt et soutien à l’échelle locale comme nationale, cette dynamique de mobilisation collective a progressivement éveillé des réticences, voire des oppositions, jusqu’à placer le Centre social au cœur d’une vive controverse. Cette présentation se propose d’interroger les conditions qui mènent de l'expérience des discriminations à une forme d'action collective, en insistant sur les tensions qu’affrontent à la fois les jeunes gens mobilisés et les acteurs de l’éducation populaire qui les accompagnent. Par delà les individus singuliers et les circonstances, la controverse révèle les tensions qui structurent aujourd’hui en France toute mise en œuvre de démarche d’empowerment et toute démarche en matière de lutte contre les discriminations, a fortiori quand elles concernent et impliquent des jeunes gens descendants de migrants et/ou minorisés des quartiers populaires.

14 mai 2019 : conclusion du séminaire

  • présentation des travaux de validation des étudiants (exposés)
  • retour réflexif sur les séances proposées
  • bilan et discussion générale

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

Renseignements :

par courriel.

Direction de travaux d'étudiants :

par courriel.

Réception :

sur rendez-vous pris par courriel.

Adresse(s) électronique(s) de contact : catherine.neveu(at)ehess.fr, maxime.vanhoenacker(at)ehess.fr

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 mai 2019.

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