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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

Incertitudes et appartenances sociales

  • Laurent Dousset, directeur d'études de l'EHESS (TH) ( CREDO )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 10 h à 13 h (EHESS-Marseille, Centre de la Vieille-Charité, 2 rue de la Charité 13002 Marseille), les 20 novembre, 4, 11 et 18 décembre 2018, 8, 15, 22 et 29 janvier 2019

Les années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude. Nous y avions dégagé un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social.

Nous avons montré comment ces situations d’incertitude étaient des lieux utiles à l’analyse anthropologique par ce qu’elles sont en même temps des lieux d’explicitation (et d’élicitation) des valeurs sociales et des moments de leur hiérarchisation. Les élicitations et les hiérarchisations en questions deviennent ainsi des lieux de construction des appartenances, reconduites ou reconsidérées et adaptées, cristallisant les critères d’exclusion et d’inclusion.

Cette année, le séminaire sera fondé sur ces principes initiaux dégagés. Il en rappellera dans un premier la logique, la méthode et les conclusions. Mais nous tenterons, dans un second temps, de les dépasser pour mener une réflexion comparative plus générale tout en privilégiant l’ethnographie fine et située. Pour ce faire, il nous faudra articuler l’incertitude comme un concept heuristique propre à l’observation et à l’analyse avec la notion d’incertitude (et les concepts associés) telle qu’elle est véhiculée par les sociétés et les contextes sociaux étudiés eux-mêmes. Ce faisant, notre objectif sera de ne pas limiter l’analyse aux seules sociétés mélanésiennes ou australiennes, mais de l’étendre à des situations, des scènes et des contextes plus généraux et diversifiés.

Après avoir discuté les principes qui fondent une anthropologie de l’incertitude, les étudiants seront invités (sur le principe du volontariat) à réfléchir sur leurs propres données, projets et terrains, qu’ils soient anthropologiques, historiques ou sociologiques, dans ces termes. L’objectif sera de dégager ensemble les logiques et le potentiel comparatifs d’une approche scientifique qui s’intéresse à ces moments de la vie sociale dans lesquels les acteurs ne disposent pas ou plus de l’ensemble des outils matériels et immatériels nécessaires pour y répondre. Par ce biais, nous évaluerons les critères qui fondent les appartenances à des ensembles sociaux dynamiques en analysant les critères d’inclusion et d’exclusion.

Aires culturelles : Océanie,

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire semestriel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie

Intitulés généraux :

  • Laurent Dousset- Élicitation et valeurs sociales
  • Direction de travaux d'étudiants :

    après les séminaires ou sur rendez-vous.

    Réception :

    après les séminaires ou sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    aucun prérequis nécessaire. 

    Site web : http://www.pacific-credo.fr/index.php/fr/9-categorie-fr-fr/42-laurent-dousset

    Adresse(s) électronique(s) de contact : laurent.dousset(at)pacific-credo.fr

    Compte rendu

    Au cours des années précédentes, nous avons progressivement construit la problématique et la méthode d’une anthropologie de l’incertitude, travaux qui ont abouti à la publication d’un ouvrage fin 2018 (Pour une anthropologie de l’incertitude, CNRS éditions). En parallèle, les travaux se sont progressivement orientés pour inclure la question de la (très) longue durée et des conditions d’émergence et de disparition des spécificités socioculturelles dans la région du Pacifique, Australie comprise. Cette réorientation sur les conditions historiques du traitement de l’incertitude a de ce fait conduit à intégrer les logiques réflexives et les données d’autres disciplines proches de l’anthropologie, à savoir l’histoire, la préhistoire, l’archéologie et la linguistique historique, avec comme conséquence des critiques contextualisées des approches sociobiologistes mécanistes ou de certaines interprétations de type « sociologique » produites par des généticiens qui analysent l’ADN ancienne et qui tentent de reconstruire une « histoire » du Pacifique.

    Le premier chantier ouvert sur ces questions a été celui de réfléchir sur la continuité et la discontinuité des logiques sociales qui sont habituellement résumées par l’étude des systèmes d’échange et de parenté. Cette anthropologie, qui admet des hypothèses spéculatives, combinée aux réflexions heuristiques menées sur l’incertitude, a donné lieu à la rédaction et publication d’un autre ouvrage en 2019, coécrit avec des collèges travaillant sur des questions associées (Parenté, écologie et histoire : Renouvellement des conjectures, ISTE éditions). De nouveaux travaux sur ces problèmes, en particulier sur la logique de transformation des institutions politiques en Mélanésie insulaire, sont en cours.

    Les séminaires délivrés cette année ont reflété cette double évolution de la problématique générale. Nous y avons, dans un premier temps, rappelé et discuté les prémisses d’un certain nombre d’axiomes et de principes heuristiques qui permettent de distinguer deux types ou situations d’incertitudes (systémique et existentielle). La première renvoie à la reproduction des représentations et des modalités de la pratique sociale. La seconde, au contraire, illustre les modalités du changement social et de la diversification culturelle, c’est-à-dire les conditions d’émergence d’un être-pareil et d’un être-ensemble qui deviennent des modalités de l’appartenance et de la distinction.

    Ce faisant, il a été illustré comment ces situations d’incertitude sont des lieux utiles à l’analyse sociale parce qu’elles sont en même temps des lieux d’explicitation (et d’élicitation) des valeurs et qu’elles constituent des moments charnière de leur hiérarchisation, de la discussion autodescriptive et autocritique des normes sociales, de la réorganisation institutionnelle ou encore de la remise en question, disparition et émergence de caractéristiques ou spécificités dites « culturelles » ou « sociales ». Les étudiants ont été invités à penser ces principes heuristiques en fonction de leurs propres terrains et interrogations, quels que soient les époques ou les objets étudiés. Ils en ont exposé l’applicabilité, l’utilité ou au contraire les obstacles, produisant ainsi, collectivement, des discussions et réflexions qui ont orienté la seconde partie des séminaires.

    Publications

    • Avec Mélissa Nayral, Pacific realities : Changing perspectives on resilience and resistance, Oxford, Berghahn, 2019.
    • Avec Sejin Park et Georges Guille-Escuret, Parenté, écologie et histoire : Renouvellement des conjectures, Londres, ISTE 2019.
    • Avec Sejin Park et Georges Guille-Escuret, Kinship, ecology and history : Renewal of conjectures, Londres, ISTE, 2019.
    • « Resilience and Resistance », dans Pacific realities : Changing perspectives on resilience and resistance, op. cit.
    • « Independence from independence : history, landownership and politics in South Malekula, Vanuatu », dans Pacific realities : Changing perspectives on resilience and resistance, op. cit.
    • « Systèmes ouverts et systèmes fermés : reconstruire l’organisation sociale des sociétés de la préhistoire », dans Parenté, écologie et histoire : Renouvellement des conjectures, op. cit., p. 89-182.
    • « Conclusion. Pour une socio-écologie de la parenté », dans Parenté, écologie et histoire : Renouvellement des conjectures, op. cit., p. 183-190.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 24 octobre 2018.

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