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3e jeudi du mois de 17 h à 20 h (salle A06_51, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 18 octobre 2018 au 20 juin 2019. La séance du 20 décembre se déroulera en salle AS1_24 (même heure, même adresse). La séance du 21 février est annulée. La séance du 20 décembre est annulée. La séance du 18 avril se déroulera en salle A07_51 (même heure, même adresse). La séance du 16 mai est reportée au 13 juin (même horaire, même salle)
Si la pensée s’organise fréquemment autour de dualités – esprit, corps ; sujet, objet ; signifiant, signifié ; fait, fiction ; etc.), l’attention porte plus rarement sur la nature du lien établi entre les deux termes – ET, OU, ENTRE, corrélation, COMME SI, etc. – liens divers regroupés ici sous le terme générique de copule.
Explorer les figures (X/Y) – les dualités {X, Y} et leurs copules ‘/ ‘ – les caractériser (paires, dyades, dipoles, couples, complémentaires, supplémentaires, duals, etc.), se fera à partir de l’examen de textes (philosophique, anthropologique, économique, etc.) dans un va-et-vient permanent entre écriture formelle et thématisation conceptuelle. Plusieurs copules définissent des figures de la dualité fondamentale (espace, temps) qui imposent des contraintes épistémologiques spécifiques aux analyses qui s’y réfèrent. La conception newtonienne du temps et de l’espace se traduit par exemple par la prédominance des métaphores spatiales qui exercent une force attractive puissante pour la recherche tant philosophique que scientifique – la pensée « détemporalise » le monde. Dès lors, les enquêtes tenteront de résister à cette détemporalisation en traquant les copules qui comportent une dimension temporelle irréductible. Le concept derridéen de différance, et le ’entre’ de Heinz Wisman constituent deux indications très précieuses pour cette enquête.
Une question plus vaste indique l’horizon de l’enquête : qu’est-ce que les sciences humaines et sociales ont fait des mutations des sciences physiques du début du XXe siècle – notamment de la dualité (espace/temps) ?
Mots-clés : Analyse de discours, Épistémologie, Histoire des idées, Philosophie,
Intitulés généraux :
Renseignements :
par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous pris par courriel.
Réception :
sur rendez-vous pris par courriel.
Niveau requis :
niveau licence.
Adresse(s) électronique(s) de contact : mleclerc(at)ehess.fr
Nos enquêtes théoriques (scientifiques et philosophiques, notamment), convoquent des concepts et des notions qui occupent des places et jouent des rôles différents : on peut, après Fink, distinguer les concepts thématiques sur lesquels portent l’enquête et les concepts opératoires qui nous servent à la mener. Mais on peut noter également que nous héritons d’une langue véhiculant des catégories naturalisées qui gouvernent nos réflexions sans qu’on en ait forcément conscience. Cette « langue d’hier » est le plus souvent articulée autour de paires de catégories (sujet/objet, espace/temps, monde/discours, etc.), qui, y compris lorsqu’ils font l’objet d’une réification ontologique, attirent aujourd’hui l’attention sur les diverses manières de rapporter l’un à l’autre les termes de la paire considérée.
P. Giai-Levra a attiré notre attention sur le rôle fondamental de la notion de symétrie dans le développement des activités scientifiques, soulignant à la fois son étonnante efficacité, la place spécifique qu’elle occupe dans les épistémologies d’aujourd’hui et ce qu’elle nous dit de notre rapport au monde.
Le séminaire s’est donc donné un double objectif : partager les travaux théoriques des participants afin de se doter d’un « bagage » commun, et explorer la variété de ces « copules » désignées ici par le symbole ‘/’.
Cette problématique – interroger la binarité de la « langue d’hier » à partir de ses copules (souvent implicites) – est elle-même discutable. Ainsi, B. Guy soutient que, aujourd’hui, le couple (espace/temps) ne justifie pas tant d’être examiné selon cette problématique que d’être rapporté à une catégorie unique – le mouvement.
Tout comme le mouvement feint d’ignorer le repos qui lui donne sens, le blanc, souligne D. Vaudène, est constitutif du tracé, le noir de l’écriture.
Les entre[-deux], examinés par Vaudène pour ce que l’on peut en dire hors de tout contexte spécifique, ces figures d’entre, considérées ici comme schémas d’interprétation, comme traduction, mettent en jeu quelque chose d’irrémédiablement inaccessible. La régression infinie que cette inaccessibilité appelle, évoque le processus mis en lumière par A. Berque – la trajection – qui fait qu’un objet universel exhibé par la science, existe « en tant que » diverses choses singulières. « En tant que » apparaît comme une copule – figure d’entre – qui sépare/relie des entités de niveaux différents, faisant écho à la distinction entre « médiations » (entre polarités de même espèce) et « références croisées ». Empruntant ces expressions à Ricœur (lequel en use comme si elles étaient synonymes) M. Leclerc-Olive montre, à partir d’une enquête sur les événements biographiques, que de les confondre, on est porté à considérer le devenir de l’expérience biographique comme le temps d’un processus. En effet, une histoire n’est pas un processus (en témoigne l’histoire de l’analyse du tableau des Ambassadeurs d’Holbein) ; et un événement (biographique) institue ce devenir autant qu’il s’inscrit dans le temps d’une vie. Le « entre » de ces références croisées est analogue au « entre » non spatial de l’expression « penser “entre” les langues ». Il évoque également le concept de « perspective » développé par la philosophie nord-américaine dans les années 1920-1930. Trop souvent confondu avec la notion de « point de vue », ce concept de « perspective » s’est émancipé du perspectivisme philosophique qui doit beaucoup, G. Marcelo et C. Lobo nous l’ont rappelé, aux théories artistiques de la Renaissance.
On sait le rôle joué par l’idée de justice dans les premières formulations du calcul des probabilités au XVIIe siècle. Il est dès lors apparu nécessaire de comparer les logiques à l’œuvre dans les enquêtes juridiques (C. Lobo) et scientifique (M. Leclerc-Olive), dès lors que celles-ci se développent dans un environnement incertain.
Cette enquête, à peine esquissée, sera poursuivie l’an prochain.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 15 mai 2019.