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1er et 3e lundis du mois de 15 h à 17 h (salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2018 au 6 mai 2019. Pas de séance le 19 novembre
Selon les contextes au sein desquels elles sont produites et plus particulièrement en situation de conflit, certaines images sont dotées de « pouvoirs » spécifiques et antagonistes : informer, prouver ou alors endoctriner (ou désendoctriner). Ces deux registres, dont les frontières peuvent parfois s’estomper, mobilisent des stratégies de persuasion (visuelles, sonores, discursives et émotionnelles) qui façonnent des manières de documenter, de mettre en récit et de convaincre. Ce séminaire propose d’explorer les différentes grammaires de la persuasion repérables dans les pratiques d’auto-communication par la vidéo, qu’elles émanent des mondes de l’activisme médiatique ou de celui d’organisations jihadistes. Il ne s’agit nullement de mettre sur un même plan ces actes et ces formes de la persuasion mais d’interroger les différents rapports au réel et à la véridicité qu’elles induisent. Les vidéos issues du conflit en Syrie ou en lien avec ce dernier constitueront notre « terrain audiovisuel » principal, sans pour autant nous y limiter. Les séances s’articuleront autour deux séquences. La première sera consacrée aux images-preuves, aux manières dont elles sont faites mais aussi dont elles sont mobilisées par des organisations de plaidoyer ou criminalistiques (forensic). Le deuxième temps du séminaire portera sur l’analyse de corpus de vidéos de différents groupes djihadistes ainsi que sur des réponses institutionnelles à ces vidéos, dont l’objectif est de « lutter contre la radicalisation ». Plus largement, nous questionnerons les injonctions d’efficacité prêtées aux images, les manières dont elles façonnent ces dernières, ainsi que leurs présupposés (théoriques, médiatiques et institutionnels) alors que ce paradigme tend à reléguer hors champ d’autres modes d’expression par la vidéo.
Mots-clés : Anthropologie visuelle, Communication, Comparatisme, Émotions, Guerre, Image, Islam, Numérique, Réseaux sociaux, Témoignage, Violence, Visuel,
Aires culturelles : Arabe (monde), Contemporain (anthropologie du, monde), Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Anthropologie sociale, ethnographie et ethnologie
Intitulés généraux :
Direction de travaux d'étudiants :
oui.
Réception :
sur rendez-vous.
Niveau requis :
tous niveaux.
Adresse(s) électronique(s) de contact : cecile.boex(at)ehess.fr
Cette édition a porté sur les différentes grammaires de la persuasion propres aux pratiques d’auto-communication par la vidéo en contexte de conflit, qu’elles émanent des mondes de l’activisme médiatique ou de celui d’organisations jihadistes. Sans les mettre sur un même plan, il s’agissait d’interroger les stratégies de persuasions visuelles, sonores, discursives et émotionnelles mobilisées pour documenter, mettre en récit et convaincre. Les vidéos issues du conflit en Syrie ou en lien avec ce dernier ont constitué notre terrain audiovisuel principal. Dans la première partie du séminaire nous avons montré comment la preuve par l’image est devenue un véritable enjeu peu à peu pris en charge par des Ong imposant leurs critères au nom d’une plus grande efficacité sur le plan médiatique mais aussi juridique. Pour nourrir notre réflexion, nous avons accueilli Omar al-Ghazzi (Goldsmith College, Londres) et Garance Le Caisne, journaliste et auteur de l’ouvrage Opération César (Stock, 2015). Nous avons également abordé la question de la véracité et de sa mise en doute systématique à travers deux cas d’images virales : un fake et une image soupçonnée d’être un fake. Le deuxième temps du séminaire a porté sur le couple propagande/contre-propagande. Nous avons analysé dans un premier temps des vidéos de différents groupes djihadistes : Organisation de l’État islamique, Jabhat al-Nusra (al-Qaïda) et le groupe de combattants dirigé par Omar Omsen. Nous avons examiné ici différents registres : celui de la sidération, qui brouille la frontière du vrai et du faux, notamment dans les vidéos d’exécution, et celui du banal aussi, dans les vidéos de recrutement qui euphémisent la violence de la guerre et du quotidien. Notre attention s’est portée ensuite sur les réponses (audiovisuelles) des institutions publiques françaises en charge de « lutter contre la radicalisation » (notamment les campagnes « Stop Jihadisme » et « Ils te disent »). Nous avons analysé ces réponses dans une perspective diachronique tout en interrogeant la croyance dans la centralité de la vidéo dans les parcours d’engagement dans le jihad. Plus largement, l’objectif était d’examiner les injonctions d’efficacité prêtées aux images, les manières dont elles façonnent ces dernières, ainsi que leurs présupposés théoriques, médiatiques et institutionnels. S’il n’existe pas de théorie unifiée du pouvoir des images, celle-ci se pense souvent en dehors de ceux qui les font et de ce pourquoi ils les font, pour se concentrer sur les effets. En amenant la question du pouvoir des images sur le terrain de vidéos réalisées en contexte de conflit, par les propres acteurs de ces conflits, nous avons déplacé la focale sur les intentions de ces faiseurs d’images et de leurs croyances, de leurs projections dans le pouvoir des images et non plus seulement celles de leurs récepteurs.
Publications
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 29 octobre 2018.