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Technologies reproductives et d’enfantement : régulations du risque, gouvernement du corps, controverses publiques

  • Ilana Lowy, directrice de recherche à l'INSERM (*) ( CERMES3 )
  • Chiara Quagliariello, contrat postdoctoral à l'EHESS ( IMM-CEMS )
  • Sezin Topçu, chargée de recherche au CNRS ( IMM-CEMS )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

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1er lundi du mois de 13 h à 16 h (salle AS1_24, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 5 novembre 2018 au 3 juin 2019. La séance du 1er avril est reportée au 2 avril (de 14 h à 17 h, Centre Alexandre Koyré, 5e étage, 27 rue Damesme 75013 Paris)

De la conception à l’accouchement en passant par la grossesse, le progrès médical est parvenu à orienter voire façonner en profondeur le processus d’enfantement dans les sociétés contemporaines.  La multiplication des innovations « révolutionnaires » ou de rupture telles que la PMA-GPA (qui a détaché l’embryon de l’utérus), le diagnostic prénatal (qui a rendu le fœtus « maîtrisable »), ou la contraception hormonale y joue un rôle certain. Le recours massif à des technologies, instruments ou médicaments, plus anciens ou conventionnels (échographie, césarienne, péridurale…), y a joué ou joue un rôle clé également, étant donné qu’il contribue à déplacer les frontières entre le naturel et l’artificiel, le moderne et l’archaïque, le biologique et le médical. Au croisement des études sociales et culturelles des techniques, de la sociologie de la médecine, de la sociologie des controverses publiques, et des études sur le genre, ce séminaire de recherche vise à décrypter ces nouveaux paysages reproductifs et d’enfantement modelés par la médecine. Il repose sur quatre axes principaux. Nous aborderons les trajectoires sociohistoriques de ces différentes techniques, en traçant les continuités, les complémentarités, ou au contraire les concurrences entre elles. Nous analyserons les régulations nationales et internationales dont ces innovations font l’objet depuis les dernières décennies, redessinant par là de nouveaux rapports, institutionnels, à la maternité/parentalité, au genre, au corps, au biologique, au risque, ou encore à l’handicap. Nous passerons au crible les marchés et les logiques industrielles dont elles relèvent et les formes de gouvernement économique qu'elles donnent à voir. Nous étudierons enfin les critiques ou controverses publiques qu’elles suscitent en termes non seulement éthiques, mais aussi épistémologiques (savoirs féministes/profanes vs savoirs médicaux), sanitaires (e.g. risques iatrogènes de la FIV ou de la pilule contraceptive), et politiques (e.g. débats autour de la place accordée au travail reproductif, aux liens biologiques, ou encore à la sécurité dans les sociétés productivistes et du risque).

Programme :

5 novembre : Du ‘risque’ à la ‘violence’ : médicalisation des naissances

  • Sezin Topçu (Cems), Du risque à la violence : médicalisation de l’accouchement comme problème public international
  • Clara Blanc (Ehess), Entre vécu singulier et problème public : la médiatisation des témoignages de violence obstétricale
  • Nathalie Sage-Pranchère (Centre Roland Mousnier, Sorbonne Université), Les incompatibilités sanguines mère-enfant : élaboration d'une prise en charge totale de la naissance

3 décembre : Techniques d’obstétrique routinisées et dynamiques nationales

  • Lola Mirouse (CEMS-Ehess), Faire de l’épisiotomie une technique de routine? La production d’ignorance sur les risques et l’utilité de l’épisiotomie au cours de deux décennies de débat scientifique en France (1980-1990) 
  • Chiara Quagliariello (CEMS-Ehess), Normalisation et critiques de la césarienne au Sud et au Nord d’Italie

7 janvier : PMA, don d’embryons et travail reproductif

  • Severine Mathieu (EPHP), Qu'est ce qui fait le parent? Don d'embryon et AMP en France
  • Lucie Herzog  (Université de Caen, CERReV), L’AMP au quotidien : derrière les biotechnologies, le travail reproductif des femmes

4 février : Controverses autour de la médicalisation de la reproduction dans l’après Mai 1968

  • Bibia Pavard (Université Paris 2 Panthéon-Assas), Transferts militants et pratiques des avortements au début des années 1970
  • Sezin Topçu (CEMS), Controverses autour de l’accouchement médicalisé dans la France des années 1970 : quelle(s) critique(s) des techniques ?

4 mars : Diagnostique prénatal: nouvelles techniques, nouveaux marchés, nouveaux risques ?

  • Ilana Löwy (Cermes 3), Le fœtus visible et la loi. Diagnostic prénatal en France et au Brésil
  • Carine Vassy (Université Paris 13), Comment créer une nouvelle catégorie de femmes à risque. Le cas du dépistage prénatal non invasif en France

2 avril : Gouverner l’embryon : perspectives historiques et sociologiques (séance en anglais, coorganisée avec le séminaire « Gouverner le progrès »)

***Attention changement de jour, de lieu, d’heure : Cette séance aura lieu exceptionnellement le mardi 2 avril de 14 h à 17 h, au Centre Alexandre Koyré, 27 rue Damesme 75013 Paris, 5e étage) 

  • Nick Hopwood (University of Cambridge), Human embryos: A visual history
  • Anne-Sophie Giraud (LISST-CNRS), Understanding temporality in reproduction : the case of in vitro embryos in France  

6 mai : Epidémie de la césarienne, questions raciales, santé néolibérale  (séance en anglais)

  • Summer Hawkins (Boston College & King’s College London), Racial/ethnic differences in cesarean deliveries and VBACs: a view from the US
  • Sezin Topçu (CEMS-Ehess), Technobirth and Neoliberal Health : Caesarean Epidemic in Turkey 

 5 juin : Gynécologie et savoirs genrés (séance en anglais)

***Attention changement de jour, de lieu, d’heure : Cette séance aura lieu exceptionnellement le mercredi 5 juin de 10 h à 11 h, au Centre Alexandre Koyré, 27 rue Damesme 75013 Paris, 5e étage)

  • Renée Almeling (Yale University), Guynecology. Men, Medical Knowledge & Reproduction
  • Discussion introduite par Sezin Topçu, Ilana Löwy & Chiara Quagliariello

Aires culturelles : Amériques, Europe, France,

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Sociologie

Intitulés généraux :

Direction de travaux d'étudiants :

sur rendez-vous.

Réception :

sur rendez-vous.

Niveau requis :

ce séminaire est ouvert aux masterant.es (M1, M2) et aux doctorant-es.

Adresse(s) électronique(s) de contact : sezin.topcu(at)ehess.fr, chiara.quagliariello(at)ehess.fr, Ilana.LOWY(at)cnrs.fr

Compte rendu

Dans cette troisième édition du séminaire « Technorep » nous avons continué à explorer les diverses façons dont les progrès techniques et médicaux façonnent les processus reproductifs et d’enfantement. Ceux-ci ont été étudiés à travers une perspective interdisciplinaire. La dimension internationale des controverses publiques que les innovations techniques et médicales suscitent en termes éthiques, sociétales et politiques a été également explorée. Le séminaire s’est déroulé autour de huit séances ayant lieu le 1er lundi du mois, avec entre autres l’intervention de spécialistes et collègues internationaux (États-Unis, Royaume Uni, Brésil…).

Dans la première séance, nous avons exploré le débat actuel autour de violences obstétricales, notamment en France et dans d’autres pays d’Europe, à partir des interventions de Sezin Topçu (CEMS-EHESS), sociologue et coordinatrice du projet ANR HYPMEDPRO, Clara Blanc (EHESS), dont le mémoire, sous la direction de Sezin Topçu, a porté sur le débat médiatique autour de violences obstétricales en France, et Nathalie Sage-Pranchère, historienne (Centre Roland Mousnier, Sorbonne Université). Dans la deuxième séance, nous avons examiné deux techniques obstétricales – l’épisiotomie et la césarienne – qui correspondent aux formes les plus extrêmes de médicalisation de l’accouchement. L’intervention de Lola Mirouse, doctorante au CEMS-EHESS sous la codirection de Janine Barbot et Sezin Topçu, et Chiara Quagliariello, postdoctorante au sein de l’ANR HYPMEDPRO, ont permis de questionner la normalisation progressive de l’épisiotomie en France et de la césarienne en Italie, ainsi que les critiques adressées à ces techniques obstétricales. La troisième séance du séminaire a permis d’examiner dans quelle mesure les controverses autour de la médicalisation de la santé reproductive méritent d’être analysées sur la « longue durée ». L’intervention de Sezin Topçu a exploré les critiques à l’accouchement technicisé dans la France des années 1970. Sur la même période, les pratiques profanes, et militantes, des avortements en France ont été examinées par Bibia Pavard, historienne (Université Paris 2 Panthéon-Assas). La quatrième séance a été focalisée sur le don d’embryons et d’autres techniques de procréation médicalement assistée (AMP). Les deux intervenantes, Séverine Mathieu, sociologue, (EPHP) et Lucile Herzog, sociologue, (Université de Caen, CERReV), ont exploré les enjeux éthiques, culturels et sociaux liés au recours à l’AMP en France. L’efficacité scientifique et la dimension « marchande » des techniques de diagnostic prénatal (DPN) ont été interrogées dans la cinquième séance du séminaire. L’intervention d’Ilana Löwy, historienne (Cermes3), a porté sur les usages des techniques de DPN en France et au Brésil. L’intervention de Carine Vassy, sociologue (Université Paris 13), a montré les limites de certaines techniques de DPN, tel que le dépistage prénatal non invasif en France. En continuité avec la cinquième séance, la sixième séance du séminaire a exploré les évolutions des techniques visant à la visualisation, mais aussi la « production », du fœtus. Nick Hopwood, historien (Université de Cambridge), a présenté son travail récent qui propose une histoire visuelle de l’embryon humain. Dans son intervention, Anne-Sophie Giraud, anthropologue (LISST-CNRS), a analysé les résultats de son ethnographie autour des embryons à utiliser en FIV en France. En continuité avec la deuxième séance, la septième séance du séminaire a porté sur la normalisation du recours à la césarienne dans deux contextes extra-européens, tels que les États-Unis et la Turquie. Dans son intervention Summer Hawkins, épidémiologiste (Boston College & King’s College London), a analysé le recours croissant à la césarienne à l’aune des rapports sociaux de classe, de ‘race’ et d’ethnie dans le contexte nord-américain. Pour sa part, l’intervention de Sezin Topçu a permis de réfléchir au lien entre promotion de la césarienne et modèle économique néolibéral sous-jacent à l’organisation hospitalière en Turquie. Dans la dernière séance du séminaire, nous avons accueilli Renée Almeling, sociologue (Université de Yale). R. Almeling a présenté son travail récent sur la place des hommes dans la science et les représentations relatives à la reproduction, et les techniques visant à lutter contre l’infertilité. Le travail de R. Almeling a été discuté par Ilana Löwy.

Cette troisième édition du séminaire « Technorep » a vu la participation d’un public large et hétérogène. Étudiant·e·s en master et en thèse, postdoctorant.es, collègues-spécialistes, membres de la Société d’Histoire de la Naissance, doulas, sages-femmes, gynécologues, et professionnels de santé ont assisté aux séances et contribué aux discussions.

 

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 23 mai 2019.

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