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3e vendredi du mois de 14 h à 17 h (salle Alphonse-Dupront, 10 rue Monsieur-le-Prince 75006 Paris), du 16 novembre 2018 au 21 juin 2019
Dans la continuité des réflexions menées au sein du CéSor sur la question du croire (Croire en actes, séminaire « Les variations du croire »), ce séminaire de centre vise à engager une réflexion collective autour d’une thématique susceptible de fédérer les chercheurs et d’enrichir les travaux des uns et des autres comme de susciter des pistes de projets communs : la foi.
La foi est ici envisagée, en amont de l’engagement qu’elle suscite, comme une dynamique permettant de se projeter en ce monde dans l’avenir, dans un idéal ou dans une utopie, ou bien vers un au-delà, une promesse de salut. En aval, elle s’observe dans ses multiples modalités d’expression, des pratiques rituelles à la production artistique. Ainsi, on cherchera à comprendre comment la foi se construit et transforme les parcours individuels et collectifs, tant dans le domaine du « religieux », où elle établit un contrat avec le divin, que dans un cadre profane ou séculier où celui-ci est supposé inopérant.
Mots-clés : Anthropologie, Histoire, Religieux (sciences sociales du), Sociologie,
Aires culturelles : Transnational/transfrontières,
Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)
Intitulés généraux :
Centre : CéSor - Centre d'études en sciences sociales du religieux
Renseignements :
il n'y a pas de conditions préalables d'inscription, mais une demande de régularité.
Niveau requis :
master 1.
Site web : http://cesor.ehess.fr/
Adresse(s) électronique(s) de contact : luca(at)ehess.fr
La question du croire fait partie des thématiques structurantes du CéSor, travaillée collectivement de longue date, d’abord à l’intérieur d’un séminaire, Les variations du croire, co-animé par Anne-Sophie Lamine et Nathalie Luca depuis 2005 ; ensuite à l’occasion d’un colloque et d’une publication (Croire en actes, distance, intensité ou excès ? sous la direction d’Emma Aubin-Boltanski, Anne-Sophie Lamine et Nathalie Luca, L’harmattan, « Religions en questions », 2014) ; enfin au cœur du programme collaboratif n° 3 du LabEx HaStec, « Les techniques du (faire) croire », coordonné par Nathalie Luca. Plusieurs chercheurs du CéSor ont manifesté l’envie de poursuivre ensemble ces réflexions en se focalisant sur un objet complexe, la foi, regardée en tant qu’expérience. Le nouveau séminaire de centre, La foi en actes, débuté en 2018 a répondu à cette volonté. Sociologues, historiens, anthropologues, travaillant sur des problématiques, des courants religieux et des aires culturelles très variées (Proche et Moyen-Orient, Éthiopie, Argentine, Haïti, Europe, États-Unis) ont confronté leurs terrains et leurs outils en vue d’aborder ensemble une question transversale : la foi, envisagée, en amont de l’engagement qu’elle suscite, comme une dynamique permettant de se projeter en ce monde dans l’avenir, dans un idéal ou dans une utopie, ou bien vers un au-delà, une promesse de salut. En aval de cet engagement, dans ses multiples modalités d’expression, des pratiques rituelles à la production artistique. Ainsi, nous avons cherché à comprendre comment la foi se construit, comment elle est expérimentée et comment elle transforme les parcours individuels et collectifs, tant dans le domaine du « religieux », où elle établit un contrat avec le divin, que dans un cadre profane ou séculier où celui-ci est supposé inopérant.
Après une courte introduction générale qui a permis de situer La foi en actes par rapport aux travaux proposés des années durant dans Les variations du croire, nous avons demandé à Anne-Sophie Lamine de bien vouloir présenter, en ouverture de ce séminaire, les outils méthodologiques et théoriques du pragmatisme, à partir d’une lecture sociologique de John Dewey, dont la définition de l’expérience et celle de l’idéal pourraient être opérantes pour travailler la « foi en actes ». Ont suivi, pendant toute l’année universitaire, une série d’exposés offrant de se familiariser avec certains des travaux réalisés par les chercheurs du CéSor ; d’aborder, dans des contextes très différents, expressions, constructions et manifestations de la foi ; mais aussi de questionner l’opérationnalité d’une telle notion. La séance de décembre a été consacrée au film de Nathalie Luca intitulé « Les porteurs d’optimisme : foi et engagement des entrepreneurs haïtiens », un long-métrage qu’elle a réalisé avec Clément Crauste grâce à l’aide de Lewis Ampidu Clormeus (de l’Université d’État d’Haïti) après le passage de l’ouragan Matthew dans le sud du pays. On y voit des acteurs engagés dans la reconstruction d’Haïti. La foi dont ils sont les porteurs est une foi dans l’action qu’ils définissent eux-mêmes comme « une foi agissante ». La séance de janvier a été consacrée aux engagements religieux militants que Erminia Chiara Calabrese a abordé à partir d’une enquête ethnographique réalisée auprès des combattants du Hezbollah libanais. Pour sa part, Cécile Boëx a interrogé, à partir d’une vidéo produite par le groupe d’Omar Omsen/Diaby, recruteur niçois parti faire le jihad en Syrie en 2013 puis chef de la Brigade des étrangers fi Biladi Sham, les différents registres de mise en scène de la foi au sein de ce groupe de combattants français. En février, Sabrina Mervin a présenté la célébration d’une passion, celle du martyre de Husayn, commémorée chaque année par les musulmans chiites. En avril, Anne Raulin (Université Paris Nanterre/Sophiapol) et Sébastien Tank ont comparé leurs recherches respectives sur les conséquences des violences urbaines, notamment, l’attentat du 11 septembre 2001 à New-York pour la première et celui du 18 juillet 1994 à Buenos Aires contre la Associación Mutual Israelita Argentina pour le second. Anne Raulin a expliqué comment la foi se met en acte pour s’engager en temps de conflit, refuser de s’agréger aux logiques de riposte guerrière et préparer à la réconciliation. Sébastien Tank a montré comment les différentes familles de victimes ont tenté de convertir la sidération provoquée par l’attentat en une force positive au service des droits de l’homme, de la fin de la corruption et de l’extension des droits démocratiques au sein de l’Argentine post-dictatoriale. En mai, deux jeunes chercheurs du CéSor, Stéphane Ancel et Emir Mahieddin, arrivés respectivement en 2017 et en 2018, ont proposé chacun un exposé permettant de mettre en lien leurs recherches actuelles et la thématique du séminaire. Ainsi, Emir Mahieddin a présenté ses travaux en cours sur des migrants pentecôtistes latino-américains en Suède qui disent avoir bien du mal à entretenir leur foi quand ils se voient accablés par les problèmes matériels ou les souffrances morales. Stéphane Ancel a interrogé un phénomène observé depuis le début des années 2000 en Éthiopie : le développement des constructions de cathédrales impulsé par la base des chrétiens orthodoxes. Les fidèles eux-mêmes ont repris le concept d’église « cathédrale » à leur compte, encouragés à prendre en main la destinée de leur paroisse par une large réforme de l’Église orthodoxe. Reste à savoir si cette évolution architecturale marque également celle des pratiques religieuses des fidèles et dit quelque chose de l’évolution de la construction de leur foi. Enfin, en juin, Nisrine Al Zahre et Anna Poujeau ont analysé, à partir d’entretiens menés à Berlin avec des activistes syriens en exil, leurs récits et discours portant sur la guerre, l’exil, la mémoire et l’identité en cherchant à identifier les grandes lignes récurrentes de ces récits et discours ainsi que leurs moments marquants. Comment la révolution puis la guerre a-t-elle pu contribuer à forger de nouvelles identités collectives ? Nous avons également tenu à faire une place aux étudiants qui ont présenté leurs travaux en lien avec nos problématiques durant la séance de mars. Parce que nous attendons de ce séminaire qu’il soit l’un des lieux de mise en commun et de confrontation des recherches individuelles aboutissant à la construction collective d’une problématique transversale au projet du CéSor, il a été conjointement décidé de le poursuivre l’année prochaine.
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 14 septembre 2018.