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3e mercredi du mois de 15 h à 17 h (salle A04_47, 54 bd Raspail 75006 Paris), du 16 janvier 2019 au 19 juin 2019. La séance du 20 mars est annulée
À partir de plusieurs archives – la presse féministe, républicaine et ouvrière du XIXe siècle – l’atelier se propose d’étudier les manières dont dans ces cas la presse est devenue un instrument mobilisé par des pratiques critiques aux fins d’une émancipation collective. L'atelier portera également un projet d'enrichissement et éditorialisation de corpus numérique et il s'agira donc, parallèlement, de s'approprier des principes et des outils des approches d'humanités numériques pertinents pour un tel projet.
Nous allons envisager la presse comme lieu de conflit afin de montrer, d’une part, les manières multiples dont les femmes font irruption dans l’espace public et afin d’interroger, d’autre part, l’idée très présente chez les républicains des années 1830-1840, que la presse est la véritable instance de représentation du peuple, en l'absence d'un droit de vote large. Il y a là l'ébauche d'une position de représentant du journaliste, qui en 1848 se diffracte en deux positions. D'un côté, les journaux deviennent des organes de parti de gouvernement et des outils de mobilisation électorale. D'un autre côté, d'autres journaux deviennent les éléments centraux d'un projet de constitution de pouvoir extra-étatique et révolutionnaire avec les journaux Le Peuple, les journaux liés aux différents projets d'union ouvrière, les journaux féministes.
Dans une approche d’humanités numériques, nous envisagerons non pas seulement la numérisation d’une partie de ce corpus qui puisse le rendre navigable et appropriable par des index thématiques et des références internes, mais aussi l’étude de la réalisation, de la mise à disposition et de l’enrichissement technique du corpus lui-même. On se propose également de réaliser un projet éditorial numérique qui questionne la racine du lien entre journalisme et démocratie, à un moment où le journaliste existe sans lien intrinsèque avec les pratiques et les aspirations démocratiques. Il s’agit d’interroger alors plus exactement la racine du rapport entre presse, journalisme et modernité.
On se propose d’interroger enfin, à partir de ces archives, la notion de « news », selon la définition proposée par Robert Park, journaliste et sociologue, formé en philosophie par James, Dewey et Windelband, parmi les fondateurs de l’École de Chicago. Pour Park, les news sont une forme de connaissance à proprement parler et qui a une place centrale dans la formation et dissolution des groupes sociaux. En mettant en évidence des écarts, les news signalent un désajustement (une crise) et deviennent par là un outil d’ajustement social. Les news sont une variable d’ajustement qui, même en supposant une continuité avec les pratiques de communication précédentes, a pris une nouvelle échelle dans les sociétés « à publics » que sont les sociétés modernes. En posant la question de savoir quelle est la portée épistémologique et critique d’une « nouvelle », nous allons de la sorte pouvoir développer deux volets d’enquête : un volet épistémologique, considérant les faits et leurs transformations en news, et un volet politique, en étudiant leur usage dans la délibération et la dynamique qui s’enclenche entre publics et opinion publique.
La problématique que nous allons dégager à partir de ces corpus est celle du langage employé pour formuler des demandes de justice, afin de dire la réalité sociale avec ses injustices et les aspirations qui la traversent.
S’inscrivant aussi dans le cadre du projet ANR ReMouS (Religions monothéistes et mouvements sociaux d’émancipation), l’atelier posera la question de savoir si un langage religieux est mobilisé ou pas dans ces textes journalistiques et si quelqu'un des acteurs pose explicitement la question du lien entre puissance d'action des religions et celle de ces nouvelles formes d'écriture et de communication.
Mots-clés : Humanités numériques, Journalisme, Philosophie sociale,
Intitulés généraux :
Centre : IMM-LIER - Laboratoire interdisciplinaire d'études sur les réflexivités
Renseignements :
le séminaire est ouvert à tous, mais il est demandé aux participants d’annoncer leur présence.
Adresse(s) électronique(s) de contact : alessia.smaniotto(at)ehess.fr, stefania.ferrando(at)ehess.fr
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 14 mars 2019.