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2e lundi du mois de 15 h à 17 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 12 novembre 2018 au 11 février ; puis (salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 11 mars 2019 au 13 mai 2019
Le tournant XIXe-XXe siècle constitue un moment important à la fois dans l’histoire des sciences sociales et du féminisme. Contrairement à une idée reçue aujourd’hui, le processus d’institutionnalisation des sciences sociales est loin d’avoir totalement ignoré la question de la place des femmes, de l’organisation des relations sexuées et de la distinction masculin/féminin. Il la rencontre d’une part via une certaine connaissance des mouvements féministes qui élaborent simultanément des demandes de justice et des analyses de la réalité sociale elle-même. Il la rencontre d’autre part, par la découverte empirique et l’analyse ethnographique des différentes formes d’organisation des relations sexuées au sein des sociétés non européennes, qui interrogent les prénotions de la perspective occidentale et en particulier les affirmations de l’anthropologie spéculative.
Revenir vers ce moment est important non seulement pour une histoire des sciences sociales, mais aussi pour une épistémologie du genre et des rapports sociaux de sexe. On ne peut comprendre les débats qui animent actuellement ce domaine de recherche, sans les situer dans l’histoire longue, aux confins de la constitution des disciplines et de l’histoire des mouvements sociaux.
Ce séminaire de lecture portera sur deux corpus majeurs. D’une part, un ensemble de textes d’auteurs de sciences sociales (sociologie, anthropologie, histoire) en rapport avec les problématiques soulevés par les mouvements féministes : Paul Lacombe ; Charles Letourneau ; Célestin Bouglé, Marguerite Thibert, E. E. Evans-Pritchard etc. D’autre part, un ensemble d’écrits au statut épistémologique hétérogène, élaborés au sein des mouvements féministes du XIXe et du début du XXe siècle qui interpellent directement l’élaboration d’un savoir de la société en proposant un regard sur la totalité de la vie collective, ses idéaux et les injustices qui la traversent. Ce corpus sera notamment constitué par des textes issus des féminismes français liés aux écoles socialistes (saint-simonisme, fouriérisme…) et de ceux qui, en Allemagne, reprennent et discutent les thèses de J. J. Bachofen sur le droit maternel.
Lundi 12 novembre 2018 : Durkheim : sexes et division du travail social (séance collective)
Lors de cette première séance, nous allons contraster deux lectures de la division des sexes chez Durkheim (notamment à partir de La division du travail social). On se propose de donner à voir à partir de là que plusieurs façons de lire sont possibles et qu'elles renvoient à différentes façons de penser l'histoire des sciences sociales.
Textes:
Lundi 10 décembre 2018 : Durkheim et les femmes (Stefania Ferrando)
On va poursuivre la lecture de Durkheim, en faisant référence notamment aux textes de Durkheim sur le divorce et le suicide fataliste. Il s’agira d’explorer le lien entre normes sociales et liberté des femmes et de faire ressortir les tensions qui l’habitent.
Textes :
Lundi 14 janvier 2019 : Das Mutterrecht de Johan Jakob Bachofen : la lecture du « racial féminisme » allemand (Veronica Ciantelli)
Cette séance portera sur la notion de droit maternel qui est au centre de l'ouvrage de Johann Jakob Bachofen, Das Mutterrecht, et examinera sa reprise au sein du premier féminisme allemand, notamment chez Sophie Rogge-Börner, pour formuler un demande d'égalité sur une base ethnique.
Textes :
Lundi 11 février 2019 : Paul Lacombes (Irène Théry et Nicolas Adell)
à l’initiative de François Sigaud, on a redécouvert récemment l’œuvre très originale d’un historien féministe, ami de Seorges Sand : Paul Lacombe.
Lors de cette séance, Nicola Adell présentera le travail collectif sur Paul Lacombe qu’il a codirigé à Toulouse avec Agnès Fine et qui a donné lieu à un colloque et à un ouvrage.
Irène Théry reviendra plus particulièrement sur la façon dont Paul Lacombe attribue à uen certaine conception du mariage l’essentiel du système d’inégalité des sexes et d’oppression des femmes, en particulier par ses effets sur le traitement social des naissances hors mariage, des « filles mères » et des « bâtards ».
Textes :
Lundi 11 mars 2019 : Charles Letourneau et Gaston Richard (Thomas Hirsch)
La séance sera consacrée à deux ouvrages « sociologiques » consacrés en France, en 1903 et 1909, à la question de la place des femmes dans la société. Dans ce moment d’effervescence des sciences sociales et d’essor du féminisme, Charles Letourneau (professeur de sociologie à l’École d’anthropologie de Paris) et Gaston Richard (professeur à la faculté des lettres de Bordeaux, où il succède à Durkheim) entendent en effet tous deux faire œuvre proprement scientifique et apporter ainsi des éléments tangibles au débat public. On examinera en particulier leur démarche de connaissance et les conclusions qu’ils pensent tirer de leurs études.
Textes :
Lundi 8 avril 2019 : Marguerite Thibert : féminisme, socialisme et sociologie (Stefania Ferrando)
Marguerite Thibert est l’une des premières femmes sociologues. Par son étude sur le féminisme et le socialisme elle questionne la perspective sociologique durkheimienne, tout particulièrement à partir du lien entre normes et pratiques de liberté (notamment au moment où celle-ci engage aussi les corps et la sexualité). Nous allons lire des extraits de son ouvrage ainsi qu’un choix de textes émanant du mouvement féministe saint-simonien (1830) qu’elle décrit.
Textes :
Lundi 13 mai 2019 : Evans-Pritchard (Irène Théry)
On reviendra sur la façon dont E. E. Evans-Pritchard a critiqué, dans « La femme dans les sociétés primitives et aux essais d’anthropologie sociale » l’hypothèse de la « promiscuité sexuelle » des premiers âges de l’humanité, telle qu’elle fut développée en particulier dans les travaux de l’anthropologie spéculative, et on le contrastera avec les résultats qu’il présente comme issus du développement majeur de l’ethnologie empirique dans les sociétés sans État.
Texte :
Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel/bimensuel semestriel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)
Domaine de l'affiche : Sociologie
Intitulés généraux :
Renseignements :
pour tout contact : ferrandostefania(at)gmail.com par courriel.
Direction de travaux d'étudiants :
sur rendez-vous uniquement.
Réception :
prendre contact par courriel
Niveau requis :
niveau master et doctorat.
Adresse(s) électronique(s) de contact : irene.thery(at)ehess.fr, irene.thery(at)univ-amu.fr, ferrandostefania(at)gmail.com, vero.ciantelli(at)gmail.com
Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 12 novembre 2018.