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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

La guerre transmise… (XIXe-XXIe siècle)

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Vendredi de 9 h à 13 h (salle 13, 105 bd Raspail 75006 Paris), les 16 et 30 novembre 2018, 11 janvier, 8 février, 15 mars, 12 avril et 10 mai 2019. Séance supplémentaire le 5 juin (de 9 h à 11 h, salle 3, 105 bd Raspail)

Ceux qui ont fait l’expérience de guerre n’ont cessé de l’affirmer : celle-ci ne serait pas communicable. Mais faut-il comprendre qu’une telle expérience ne puisse se transmettre ? Toutes les formes de témoignages, littéraires aussi bien qu’artistiques, ne cessent de le tenter. Les objets, les lieux, les gestes, et même les corps transmettent à leur tour. Quant au silence qui se referme sur tant de confrontations humaines avec le fait guerrier, il ne transmet pas moins. C’est sur cette notion de « guerre transmise » que le séminaire concentre ses travaux. Il prend la suite – mais sous une forme totalement différente – de celui qu’ont animé pendant plusieurs décennies Jean-Max Gaudillère et Françoise Davoine.

Le séminaire de Françoise Davoine et Jean-Max Gaudillière, rassemblant des chercheurs, des psychanalystes et des professionnels de l'éducation et du social autour du thème « Folie et lien social », abordait le champ du trauma dans son lien à la guerre et aux catastrophes de l'Histoire et du lien social. Nous questionnons donc les particularités de la mémoire traumatique, « une mémoire qui n'oublie pas », qui procède du « retranchement » d'événements psychiquement non inscrits. Nous nous proposons d'interroger les formes énigmatiques de transmissions de ces événements à travers les générations, en puisant toutes ces réflexions à l'aune de rencontres singulières dans les différents champs de nos pratiques. 

En interlocution avec les sciences de la psyché, le séminaire entend intégrer les sciences sociales à cette problématique de la transmission de la guerre, en l’élargissant à la question des sociétés : le deuil de masse, la « brutalisation » des ensembles sociaux par l’activité guerrière, la porosité entre la guerre et certaines pratiques sociales des sociétés pacifiées constitueront autant de pistes de travail possibles. De même, le rôle des sciences sociales au titre de vecteur de transmission de l’expérience guerrière pourra être analysé au titre d’un salutaire retour réflexif sur l’objet d’étude du séminaire.

Ce séminaire comptabilise 7 séances de 4 heures et est validable au titre du master pour 6 ECTS.

Suivi et validation pour le master : Spécial : cf. le descriptif

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Anthropologie historique

Intitulés généraux :

  • Stéphane Audoin-Rouzeau- Anthropologie historique du combat et de la violence de guerre au XXe siècle
  • Emmanuel Saint-Fuscien- Obéissance et autorité au sein des mondes scolaires : 1890-1970
  • Renseignements :

    Stéphane Audoin-Rouzeau par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    suivi des travaux des étudiants sur rendez-vous uniquement.

    Réception :

    contact par courriel.

    Niveau requis :

    licence ou équivalent.

    Adresse(s) électronique(s) de contact : sar(at)ehess.fr, emmanuel.saint-fuscien(at)ehess.fr

    Compte rendu

    La première séance du séminaire a permis à Emmanuel Saint-Fuscien de définir le cadre d’expérience du séminaire en identifiant trois problèmes constituant autant d’obstacles à l’interlocution sciences sociales/sciences de la psyché : les mots ; les faits ; le temps. La suite de la séance a permis à Janine Altounian de présenter son livre à paraître, L’effacement des lieux. Autobiographie d’une analysante, héritière des survivants et traductrice de Freud, Paris, PUF, 2019, et d’entrer en discussion avec Anouche Kunth (chargée de recherche CRNS, IRIS) qui a présenté un aspect de ses recherches : « Dénuements dans l’après-coup du génocide des Arméniens ».

    La séance suivante a permis d’entendre Hélène Dumas (chargée de recherche CNRS, IHTP) sur le thème « Récits d’enfances survivantes au Rwanda », qui constitue le cœur d’une recherche en cours tentant de se placer véritablement dans l’« œil » de l’enfance en 1994. La troisième séance a été consacrée à un autre génocide, avec deux doctorantes de l’EHESS (CESPRA) qui ont exposé leur travail : Adriana Escobar sur le thème : « Transmissions de la mémoire du régime khmer rouge : entre construction étatique et quête intime », et Sarah Privat Lozé sur le thème : « Cambodge 1975-1979. Une mémoire traversée. Dire et entendre l’expérience de la violence khmer rouge ». Puis Richard Rechtman, directeur d’études à l’EHESS (CESPRA) a présenté son travail de longue date avec les rescapés du génocide autour du thème : « Passage de la scène clinique à la scène anthropologique. »

    La quatrième séance a permis d’écouter deux étudiants en master 2 (Histoire et Études politiques respectivement) de l’EHESS : Timothée Brunet sur « l’importance des lieux » (à propos de la topographie du génocide au Rwanda) et Ugo Pagani sur le cas du fasciste français Marcel Bucard, autour de la lecture que le fondateur du Francisme a faite de sa propre expérience de combat en 14-18. Puis Judith Lyon-Caen, directrice d’études, EHESS (CRH), est intervenue sur la question de la « prise d’écriture » des victimes et rescapé·e·s dans le contexte du génocide des Juifs polonais. Cette question a été de nouveau abordée lors de la séance suivante, à travers l’exposé de l’historien Jean-Yves Potel (« Destructions et transferts de populations. Conséquences mémorielles ? Pologne, Ukraine, 1942-1947 »), suivi par celui de l’analyste Malgorzata Maliszewska qui a proposé une « Réflexion sur le démenti généralisé par défaut de symbolisation en Pologne. »

    C’est également un membre du séminaire, Marie Jauffret, historienne de l’art, qui lors de la séance suivante a présenté son travail sur la figure antique de Méduse, en tant que « Figure mythologique de la violence, entre fascination et frayeur ». Lors de cette même sixième séance, Olivier Saint-Hilaire, en année préparatoire de doctorat à l’EHESS et photographe de métier, a présenté son travail sur « Les obus non explosés de 14-18, objets de transmission de la guerre ? », tandis qu’Aya Khalil (master 2 Études politiques à l’EHESS) a présenté un exposé sur l’ouvrage du poète palestinien Mahmoud Darwich, Une mémoire pour l’oubli, Actes Sud, 1994.

    La dernière séance a adopté le format d’une lecture croisée de l’ouvrage de Philippe Sands, Retour à Lemberg, Paris, Albin Michel, 2017. Trois exposants (dont les deux directeurs du séminaire) ont proposé une lecture de sciences sociales et d’histoire et trois autres une lecture adossée aux sciences de la psyché. Ces six exposés ont été suivis d’une discussion générale approfondie. La fécondité de ce mode de travail, reconnue par tous, conduira à réitérer l’expérience lors la prochaine année du séminaire.

    Publications

    Stéphane Audoin-Rouzeau

    • Préface à Sophie Delaporte, Pierre Schoendoerffer ou la guerre, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2018, p. 9-11.
    • « L’épicentre oublié du droit pénal international. À propos de Philippe Sands », Retour à Lemberg, Paris, Albin Michel, 2017 », Grief, n° 5, 2018, p. 188-192.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 29 avril 2019.

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