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Histoire sociale et politique des populations. « Comment les institutions produisent l’individu. Corpus et enquêtes »

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mercredi de 15 h à 19 h (salle BS1_28, 54 bd Raspail 75006 Paris), les 14 novembre, 12 décembre 2018, 9 janvier, 13 février, 10 avril, 15 mai et 12 juin 2019

Dans le prolongement de ses réflexions sur l’auto-fabrication des sociétés à travers l’objet population, ce séminaire organisé par le groupe ESOPP (voir liste complète des membres sur le site du CRH) entend cette année explorer les façons dont les institutions rendent possible la construction de l’individu. À cet effet le séminaire partira de la présentation de corpus et d’enquêtes saisis dans leur matérialité, et des questions méthodologiques qu’ils soulèvent. On présentera des données biographiques et statistiques, savantes et administratives. Nous montrerons comment elles permettent de reconstituer simultanément des parcours de vie, des logiques administratives et des enjeux politiques, en suivant les thématiques usuelles du séminaire : inégalités, travail, migrations, santé et protection sociale.

14 novembre 2018 : Introduction

Key note. Romain Huret (EHESS), « Les oubliés de la Saint Valentin. Célibataires, ordre familial et inégalités aux États-Unis au XXe siècle »

12 décembre 2018 : Gérer la flexibilité du salaire et des revenus (Christophe Capuano)

Julien Caranton (Université de Grenoble), « Maîtriser l’incertitude. Mutualité et marché du travail au XIXe siècle (le cas de la fabrique grenobloise) »

Christophe Capuano (Université Lyon 2), « "Nous recrutons difficilement des aides ménagères en raison des salaires insuffisants que nous leur donnons". Les revenus des employées du care au prisme du cas de l’Association pour l’aide à domicile aux vieillards de l’Ain (années 1960-1970) »

13 février 2019 : Démographie et intimité (Fabrice Cahen & Morgane Labbé)

Fabrice Cahen (INED), « Comment la médecine de la reproduction a-t-elle nourri l'épidémiologie et la démographie ? »

Cyrille Jean (SciencesPo), « Le marché illégal du contrôle des naissances et la fécondité des femmes françaises (1920-1967) »

Morgane Labbé (EHESS), « “Que font les femmes quand elles ne veulent plus avoir d’enfants ?”. Dans les archives d’une enquête démographique de la Pologne de l’entre-deux-guerres » 

10 avril 2019 : Cerner les populations incernables (Catherine Cavalin)

Charlotte Vorms (Université de Paris 1, CHS), « Baraques et habitants des baraques à Madrid sous le franquisme. Enquête sur un fichier administratif »

Stéphane Baciocchi (EHESS), Erwan Le Méner (Observatoire du Samu social de Paris), « Évacuer et mettre à l’abri les migrants (Île-de-France, juin 2015-novembre 2016) »

15 mai 2019 : Penser par cas en histoire des populations (Mathilde Rossigneux-Méheust)

Elsa Génard (Centre d’histoire du XIXe siècle, Paris 1 Panthéon-Sorbonne), « Faire peu de cas des prisonniers. L'institution pénitentiaire entre standardisation et individualisation (fin XIXe - années 1930) »

Anatole Le Bras (Centre d’histoire de Sciences Po), « Cas historiques et cas médicaux d’aliénés protestataires et quérulents. Des cas-limites pour étudier l'émergence de "patients-citoyens" à l’asile (fin du XIXe siècle) ? »

12 juin 2019 : Les mineurs et les communautés minières de l'après-guerre au prisme des archives (Bernard Thomann)

Marion Fontaine (Université d'Avignon/ IUF), « Des mineurs sous surveillance: les archives des gardes des mines dans les Houillères du bassin Nord-Pas-de-Calais (années 1940-années 1990) »

Marion Henry (Sciences Po), « Mineurs-musiciens et musiciens-mineurs: reconstituer les trajectoires individuelles des musiciens issus des communautés minières britanniques (1945 - début des années 1960) »

Bernard Thomann (INaLCO), « L'insécurité au travail des mineurs dans le Japon d'après-guerre: ce que nous apprennent les archives nominatives »

Suivi et validation pour le master : Bi/mensuel annuel (24 h = 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Direction de travaux d'étudiants :

par courriel.

Site web : http://esopp.ehess.fr/

Adresse(s) électronique(s) de contact : esopp(at)ehess.fr

Compte rendu

Dans le prolongement de ses réflexions sur l’auto-fabrication des sociétés à travers l’objet population, le groupe ESOPP a exploré cette année les façons dont les institutions rendent possible la construction de l’individu. La séance introductive a présenté le thème général du séminaire. Fondé sur la présentation de corpus et d’enquêtes saisis dans leur matérialité, et des questions méthodologiques qu’ils soulèvent, le séminaire a discuté de l’usage des données biographiques et statistiques, savantes et administratives, en montrant comment elles permettent de nouer parcours de vie, logiques institutionnelles et enjeux politiques. Cette introduction a été suivie d’une conférence inaugurale de Romain Huret consacrée à l’histoire du célibat aux États-Unis au XXe siècle.

Suivant son principe initial, le programme du séminaire était composé de séances thématiques mensuelles associant des interventions des membres d’Esopp et de leurs invités. Dans une première séance, Julien Caranton (post-doctorant à l’Université de Grenoble) et Christophe Capuano ont montré comment des archives de mutualités ouvrières pour l’un (à Grenoble au XIXe siècle) et d’associations d’aide à domicile (dans l’Ain au XXe siècle) pour l’autre, permettent de reconstituer des parcours individuels de salarié·e·s confrontés à la flexibilité de leurs revenus et à la précarité de leur emploi. Nous avons mis en évidence les caractéristiques communes à ces deux périodes, dans la façon de faire face à l’incertitude professionnelle et de tenter de réduire la peur du lendemain.

Une séance intitulée « Démographie et intimité » a ensuite réuni, autour de Fabrice Cahen, Morgane Labbé et Cyrille Jean (doctorant CHSP-Sciences Po). En prenant respectivement pour terrains les archives d’une enquête polonaise de 1932 sur la fécondité et le marché illégal du contrôle des naissances en France durant le deuxième tiers du XXe siècle, nous avons examiné le tissu d’interactions entre savoirs sur la population et expérience des praticiens de la santé, et mené une réflexion concrète sur l’interdisciplinarité et le chevauchement des frontières entre approches quantitatives et démarches qualitatives, entre sciences sociales et sciences de la vie.

Le séminaire s’est ensuite penché, avec Catherine Cavalin, sur les manières institutionnelles de « cerner les populations incernables ». L’administration des bidonvilles et de leurs habitants à Madrid sous le franquisme (Charlotte Vorms, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne), et l’observation des modes d’évacuation et de mise à l’abri des migrants en Ile-de-France, en 2015 et 2016 (Stéphane Baciocchi, EHESS et Erwan Le Méner, Observatoire du Samu social de Paris) ont été comparées sur le plan de l’enregistrement des populations concernées, de leurs effectifs et de leurs mouvements. La séance a reconstitué la genèse de ces procédures (fichier administratif et policier dans un cas, enquête sociologique dans l’autre cas), tout en retraçant les circonstances de chaque évacuation et les chaînes de coopération entre acteurs publics, parapublics, commerciaux et militants qu’elles ont pu déclencher.

Menée par Mathilde Rossigneux-Méheust, une séance s’est appuyée sur les réflexions ouvertes par Jacques Revel et Jean-Claude Passeron pour « penser par cas », afin de questionner l’usage des cas et du matériau biographique chez les historiens des populations vulnérables. De la quête archivistique à la mise en récit, comment l’histoire sociale des populations intègre-t-elle le singulier ? Ces réflexions se sont nourries des interventions d’Elsa Génard (Centre d’histoire du XIXe siècle, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne) et d’Anatole Le Bras (CHSP-Sciences Po), à partir de leurs thèses en cours respectivement sur les prisonniers et sur les aliénés au XIXe siècle.

Enfin, sous l’égide de Bernard Thomann, nous avons examiné de manière comparative dans quelle mesure les abondantes archives des compagnies houillères permettent de reconstituer les parcours des mineurs confrontés au boom de la reconstruction d’après-guerre puis au déclin de l’extraction charbonnière. Marion Fontaine (Université d’Avignon/IUF) pour la France, Marion Henry (doctorante au CHSP-Sciences Po) pour le Royaume-Uni et Bernard Thomann pour le Japon, ont retracé la capacité d’action des communautés de mineurs face aux technologies de gouvernement dont elles faisaient l’objet.

Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 22 octobre 2018.

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