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Base de données des enseignements et séminaires de l'EHESS

L’histoire comparée et les migrations contemporaines

  • Nancy L. Green, directrice d'études de l'EHESS ( CRH )

    Cet enseignant est référent pour cette UE

S'il s'agit de l'enseignement principal d'un enseignant, le nom de celui-ci est indiqué en gras.

Mardi de 13 h à 15 h (salle 5, 105 bd Raspail 75006 Paris), du 13 novembre 2018 au 4 juin 2019

Le séminaire reviendra cette année sur les questions méthodologiques et historiographiques de l’histoire comparée et de ses usages dans le champ des études migratoires.  Depuis les premières « community studies » de la nouvelle histoire sociale des migrations des années 1960 au transnationalisme depuis les années 1990, la façon d’analyser les migrations se transforme.  Le séminaire passera en revue des différentes approches tout en plaidant pour les avantages d’une diversité analytique.

Programme :

13 novembre : Introduction : Les études migratoires depuis les années 1970. Réflexions sur un structuralisme poststructural

20 novembre : L’histoire ouvrière et la « découverte » des immigrés : histoires linéaires et l’étude des communautés

27 novembre : L’histoire comparée : débats méthodologiques

4 décembre : L’histoire comparée et les études migratoires

11 décembre : réunion de travail (M1/M2)

18 décembre : L’histoire comparée et l’historiographie française et américaine

15 janvier : L’histoire comparée : une industrie, deux villes

22 janvier : Caroline Izambert (EHESS/Aides) : Soigner les étrangers ? L’État et les associations pour la couverture maladie des pauvres et des étrangers en France des années 1980 à nos jours

29 janvier : Compter les immigrés

5 février : Renverser le paradigme : émigration, expatriation -- la perspective du départ

12 février : La migration des élites : migrations et classes sociales

19 février : Musées et migrations

5 mars : Genre et migration : la féminisation des flux et les représentations de la masculinité

12 mars : réunion de travail (M1/M2)

19 mars : Le transnationalisme et ses usages

26 mars : Le transnationalisme et ses limites

2 avril : Travaux doctoraux en cours :

  • Mylène Mauricrace, Quelle citoyenneté chez les migrantes antillo-guyanaises autour de la départementalisation de 1946 ?
  • Ceylan Türtük, La transmission de l’heritage familial et son impact sur la perception et la décision du divorce chez les immigrées turques à Paris
  • Yahya Al-Abdullah, Identity in Play. Negotiated Status and Self Presentation in Syrian Doms IM/EMigration Trajectories since the 2000’s

9 avril : Travaux doctoraux en cours :

  • Catherine Fhima, Pour un ordre de justice : les écrivains juifs français face au socialisme, au sionisme et au phénomène de "renaissance juive" (1900-1930)
  • Florence Vychytil, Une culture politique de la dispersion ? Les Polonais du monde libre entre intégration et exil durant la Guerre froide
  • Sophie Chapdelaine de Montvalon, Le style de Prisunic et la mode, 1945-1972. Styliste, nouveau métier

16 avril : Travaux doctoraux en cours :

  • Zhou Zhe, Les étudiantes chinoises de l’Institut Franco-Chinois de Lyon (1921-1951)
  • Thomas Huet, Faire corps en territoire inconnu. Construction et cohésion d’un groupe d’étudiants boursiers ouest-africains en France.
  • Magali Gustave, Parcours croisés, Maxime Rodinson et Pierre Vidal-Naquet. Itinéraire d'un marxiste indépendant et celui d'un intellectuel dreyfusard

7 mai : L’espace et les immigrés : quartiers ethniques et transformations de la ville

14 mai : John Kuo Wei Tchen (Rutgers University-Newark), Enchanting Desires and Haunting Digital Mixed Realities : Ethnic and Non-ethnic Artefacts in the City

21 mai : Travaux doctoraux en cours :

  • Nassima Mekaoui, Domesticités masculines européennes et « indigènes » en Algérie coloniale au XIXème siècle (1871-1914)
  • Aliénor Cadiot, Les Nord-Africains face aux Allemands pendant la 2ème guerre mondiale : race, politique et travail

28 mai : L’économique des migrations

4 juin : réunion de travail (doctorants)

Suivi et validation pour le master : Hebdomadaire annuel (48 h = 2 x 6 ECTS)

Mentions & spécialités :

Domaine de l'affiche : Histoire - Histoire et civilisations de l'Europe

Intitulés généraux :

  • Nancy L. Green- Histoire sociale comparée : migrations, travail, sociétés
  • Renseignements :

    CRH-EHESS, 54 bd Raspail 75006 Paris, bureau B416, tél. : 01 49 54 23 41 ou par courriel.

    Direction de travaux d'étudiants :

    mercredi de 15 h à 17 h et sur rendez-vous.

    Réception :

    sur rendez-vous.

    Niveau requis :

    séminaire destiné aux étudiants de master et de doctorat.

    Site web : http://crh.ehess.fr/index.php?/membres/membres-statutaires/120-green-nancy-l

    Adresse(s) électronique(s) de contact : nlg(at)ehess.fr

    Compte rendu

    Le séminaire est revenu cette année sur les questions méthodologiques et historiographiques de l’histoire comparée et ses usages dans le champ des études migratoires, offrant une analyse diachronique à partir de nos propres travaux tout en plaidant pour les avantages d’un pluralisme analytique.

     

    Si les études migratoires depuis les années 1970-80, issues de l’histoire du mouvement ouvrier et la « découverte » des immigrés, se sont déployées dans un premier temps autour de l’étude des groupes en examinant les rapports entre classe et communauté (p.ex., Les travailleurs immigrés juifs à la Belle Époque ; Jewish Workers in the Modern Diaspora, sld), il nous est vite paru nécessaire de confronter un seul exemple (juif) à d’autres migrations pour mieux saisir le spécifique et le général dans le phénomène migratoire (Du Sentier à la 7ème avenue : La Confection et les immigrés, Paris-New York 1880-1980). Ceci a amené vers une analyse du comparatisme lui-même et la proposition d’un structuralisme post-structural (« The Comparative Method and Poststructural Structuralism -- New Perspectives for Migration Studies," Journal of American Ethnic Studies, 1994), interrogeant le rapport entre structures et agency. Les comparaisons – dont il fallait questionner la méthode : que comparer et comment, quels choix, quelles sources [souvent asymétriques] – concernent non seulement les histoires mais aussi l’historiographie des migrations, notamment aux États-Unis et en France. (La venue au séminaire de John Kuo Wei Tchen [Rutgers University-Newark], a permis d’explorer davantage l’importance d’une histoire publique et les représentations – et des silences – concernant des immigrés et des Indiens d’Amérique à New York.)  Comparaisons linéaire, convergente, ou divergente impliquent chacune différentes questions et différentes réponses (Repenser les migrations).

    Or, d’une perspective d’immigration, nous nous sommes interrogés également, au fil des ans, sur un renversement du paradigme de la recherche pour interroger l’émigration (Citoyenne et émigration, sld avec François Weil).  Puis nous avons voulu scruter les suppositions de classe sociale inhérente aux études sur les migrations, proposant d’intégrer les trop peu étudiées migrations d’élite (Les Américains de Paris, Hommes d’affaires, comtesses et jeunes oisifs, 1880-1941) afin de demander comment classe et altérité des origines ont des impacts variés sur les représentations et les vécus.

    D’autres thèmes sont également importants pour comprendre une longue histoire des migrations contemporaines, notamment les rapports entre migration et colonisation (Histoire de l’immigration et question coloniale en France, sld avec Marie Poinsot) ou bien la pertinence d’une histoire sociale du politique et la confluence du public et du privé (les associations) dans la co-construction d’une aide médicale pour les étrangers non-régularisés par exemple (conférence de Caroline Izambert à partir de son doctorat soutenu en 2018). Depuis 2015 nous avons mené par ailleurs une enquête sur l’économique des migrations que nous avons présenté au séminaire et à l’Institut universitaire européen de Florence (Max Weber lecture).

    Nos recherches récentes se sont largement tournées autour de deux autres axes cruciaux dans les façons d’appréhender les migrations : le transnationalisme et le genre.  Revenant sur les usages (historiographiques) et les limites du transnational (A Century of Transnationalism, Immigrants and Their Homeland Connections, sld avec Roger Waldinger ; The Limits of Transnationalism), nous analysons comment les connections, les circulations, et la mobilité sont devenus les points focaux utiles des études récentes, mais qu’il convient de nuancer en montrant leurs propres apories.  Enfin, le genre, objet d’un livre en cours, exposé comme élément important de compréhension des migrations depuis un article de 1998 (in L'Histoire sans les femmes est-elle possible ?, sld Anne-Marie Sohn et Françoise Thélamon), continue d’irriguer nos questionnements sur l’histoire et l’historiographie des migrations. 

    L’enjeu du séminaire était de lire les travaux passés à la lumière des travaux plus récents concernant la manière de nommer et de compter des immigrés (Joel Perlmann, Paul Schor), la perspective depuis le départ (Tara Zara) ou le genre (Katharine Donato et Donna Gabaccia ; Todd Shepard).  À (pour)suivre.

    Publications

    • The Limits of Transnationalism, Chicago, University of Chicago Press, 2019.
    • « Deux façons d’être juif dans la mode : La confection à Paris », Tenou’a 176 (été 2019), p. 37-39.
    • Préface, Gary S. Cross, Immigrant Workers in Industrial France (ré-édition: Philadelphie, Temple University Press, 2018).
    • « Eric T. Jennings, Escape from Vichy : The Refugee Exodus to the French Caribbean » Journal of Modern History, 91:2 (juin 2019), p. 455-457.

    Dernière modification de cette fiche par le service des enseignements (sg12@ehess.fr) : 26 mars 2019.

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